Prologue

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  Dans l'ombre d'une ruelle grondante de la ville, je scrutais la nuit noire, mon cœur battant à tout rompre.

  - Tue-le, me dit mon père en me regardant dans les yeux.

  - Mais il n'a que cinq ans... lui soufflai-je, ma voix n'étant qu'un simple murmure.

  L'ordre résonnait encore et encore dans mon esprit. Assassiner le fils du chef des Sons of Snakes... Ce gang étant l'un des plus respectés... Cette mauvaise idée me faisait trembler, une réticence profonde m'habitait. Comment pouvais-je m'en prendre à un petit innocent qui n'avait pas choisi sa propre vie ?

  - Et alors ? Cet enfant a le sang d'un monstre ! Hurla-t-il, ses yeux dénués de toute humanité.

  - Peut-être, mais il n'a pas choisi son père !

  - C'est un ordre. Achève-le, dans le cas contraire, tu sais d'avance ce qu'il t'attendra. Me voyant hésiter, il répliqua "Tu es faible Katerina, comme ta mère." Un sourire cruel et provocateur étirant ses lèvres.

  L'écho de cette phrase agitait de sombres souvenirs. Laissant mon esprit vagabonder, je fermai les yeux.

Flashback :

  Je me trouvais là, cachée derrière la porte d'entrée de la chambre de ma mère, silencieuse face à l'horreur. Mon père dominait la scène, tandis que ma maman était tremblante de peur, à genoux, implorant grâce.

  - Tu as toujours été faible, Irina, avait-il lâché en laissant sa rage meurtrière s'emparer de lui.

  - S'il te plaît, Vladislav. Nous avons une fille, elle a besoin de ses deux parents, elle n'a que cinq ans, bon Dieu ! Acclama ma mère à l'attention de mon géniteur.

  - Faux, Katerina n'a besoin que de moi...

  C'est alors que, sans attendre plus de temps, mon père tira une balle entre les deux yeux de ma mère, laissant son corps inerte tomber en arrière. C'était fini, ma seule figure maternelle était morte, sans me faire ses adieux...

Fin du flashback

  Je me souvenais de tout, le regard de ma mère déformé par la douleur et la terreur, l'éclat de la balle, et les cris étouffés qui résonnaient dans la pièce. Ce souvenir oublié et ce sentiment d'impuissance me poussaient désormais vers la vengeance. L'adrénaline m'envahissait et mes yeux s'ouvrirent sur la réalité. C'est alors que mon père donna un énorme coup de poing au petit garçon, le faisant tomber, et par la même occasion, pleurer devant lui. Je compris alors ce que mon père voulait faire : tuer cet enfant, lentement et douloureusement. Ne voulant pas que ce petit meure de cette manière, j'attrapai mon Glock caché à l'arrière de mon pantalon, demanda pardon au petit et appuya sur la détente de mon arme.

  - Tu vois, ce n'était pas si difficile. Sans un regard vers moi, il se retourna et partit, me laissant ma culpabilité comme seule compagnie.

  Je débordais dorénavant de colère et ne souhaitais plus qu'une chose : me venger. C'est alors qu'une pensée traversa mon esprit, étant aussi dangereuse que complexe...

  « Entrer dans le gang rival de mon père pour le faire tomber ? Pourquoi pas ? »

  Je ne voulais à présent plus fuir le monde du crime. Au contraire, j'étais prête à l'affronter.

Sons of snakes 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant