3. L'interrogatoire

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  - Evrad, Jason? Appela Maël.

  - Oui ? Lancèrent-ils à l'unisson, pivotant d'un même mouvement.

  -Dehors.

  Sans un regard en arrière, ils sortirent de la pièce, nous laissant seuls le boss et moi.

  - Qui es-tu et pourquoi veux-tu intégrer mon gang ? 

  Tout en m'approchant de son bureau, je déposai les deux armes avec soin sur la surface en bois poli. Bien évidemment, je ne lui fournissait que de fausses données, omettant délibérément certains détails cruciaux.

  - Je m'appelle Athena Capenter, mais ça vous le savez déjà, articulai-je, un sourire provocateur aux lèvres. J'ai vingt-quatre ans, et je veux intégrer votre gang pour deux raisons... Premièrement, je peux renforcer votre sécurité et vous fournir des informations sur n'importe qui grâce à mes talents en informatique, au combat, en infiltration et j'en passe...

  - Et pourquoi ferais-tu cela pour nous ? 

  - On y vient... Deuxièmement, nous avons un ennemi commun : les Ottsy Demonov. J'ai déjà recueilli une quantité considérable d'informations sur eux. Je sais aussi qu'ils ont abattu votre fils. À ces mots, le visage de Maël se crispa et ses yeux se remplirent de larmes, révélant une douleur profonde et silencieuse.

  Bien entendu, je ne révélerai jamais que le chef de ce réseau est mon propre père, et encore moins que je suis responsable de la mort de son enfant.

  - Très bien, nous ferons une genre de période d'essais pour voir si tes capacités sont aussi élevées que ce que tu laisses paraître, énonça-t-il, de sa voix marquée par l'émotion.

  « Une période d'essais ? » C'est ce que j'avais envie de lui répondre. Mais ne voulant pas qu'il commence à me poser trop de questions du type : "Pourquoi ce gang russe est-il aussi ton ennemi ?" ou "Comment connais-tu ce réseau ?", je me suis abstenue de répliquer quoi que ce soit et me contentai d'un léger signe de la tête pour approuver.

  - Ta première mission se déroulera demain à dix heures, tu devras récupérer des armes dans l'entrepôt désaffecté au bout de la rue. Tu seras seule, alors veille à ne pas être en retard. J'aimerais aussi avoir ton numéro de téléphone pour que tu puisses m'appeler en cas de besoin.

  J'acceptai et lui donnai mon numéro, bien que l'idée d'une première mission en solo, surtout pour récupérer des armes, me semblait assez suspecte. J'aurais pu détourner leur artillerie... ça ne sent pas bon, cette histoire...

  Après l'avoir salué, je quittai la pièce à mon tour. Et pour mon plus grand bien, je n'ai croisé aucun membre du gang à l'intérieur. Mais mon plaisir fut de courte durée étant donné que Kai se tenait là, juste devant moi, assis sur sa moto.

  - Je te ramène.

  - Je préfère appeler un taxi, lui confiai-je froidement.

  - J'ai dit que je te ramène.

  - Et moi, j'ai dit que je préfère appeler un tax...

  Ne me laissant pas finir ma phrase, Kai m'attrapa par le bras, me forçant à le suivre.

  - Mais ça va pas?! 

  - C'est dangereux de prendre un taxi à cette heure-ci. Un accident est vite arrivé, me prévint-il en me jetant un regard par-dessus son épaule.

  - Qu'est-ce que tu en as à foutre de toute façon ? 

  - Rien. Je ne veux juste pas que Maël rate une opportunité d'en savoir plus sur le meurtre de son gosse. Alors maintenant, tu montes et tu la fermes.

  Mais quel connard ! Il écoute aux portes maintenant?

  Comprenant qu'il ne me lâcherait pas, j'attrapai le casque qu'il me tendait, et montai derrière lui, entourant sa taille de mes bras pour ne pas tomber. Je sentis ses abdominaux sous mes doigts, mais je ne fis aucun commentaire.

  - Où est-ce que je te dépose ? 

  - À l'hôtel, à l'autre bout de la ville.

  - Sérieux ? C'est vraiment là que tu squattes ? M'interrogea-t-il en éclatant de rire.

  Sans attendre de réponse, il démarra, slalomant entre les voitures. Nous atteignîmes rapidement les cent quatre-vingts kilomètres à l'heure, mais je ne bronchai pas ; la vitesse déclenchant en moi une vague d'adrénaline et un sentiment d'évasion.

Une vingtaine de minutes plus tard...

  Nous arrivâmes enfin à l'hôtel. Alors que je pensais qu'il allait repartir, Kai descendit aussi de sa moto et me suivit. Ne souhaitant pas rester seule avec lui dans un espace restreint, je pris les escaliers au lieu de l'ascenseur.

  - Merci, soupirai-je, par simple politesse.

  - De rien trésor, finit-il en me jetant un clin d'œil séducteur avant de s'éloigner.

Sons of snakes 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant