7. Le déménagement

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  Je l'avais presque oublié, celui-là !

  - Elle s'appelle Athena ! m'emportai-je.

  - Je m'en fous.

  - Gros con, va !

  Les deux hommes me dévisagèrent, choqués, mais pas de la même manière... Evrad était furieux, tandis que Kai était... comment dire ? Impressionné.

  - Pardon ? Tu crois que je suis ton pote ou quoi ?

  - Ah non, ça, sûrement pas ! Mais je ne m'excuserai en rien.

  - T'es vraiment une connasse, toi !

  Avant que je puisse répondre quoi que ce soit, Kai me devança :

  - Retire ce que tu viens de dire.

  - Pourquoi ? C'est une connasse. Qu'est-ce que tu voudrais que je retire ? La vérité ?

  Alors que je m'apprêtais à poursuivre, le second du gang s'avança lentement, d'une démarche particulièrement dangereuse, et lui asséna un coup de poing violent en plein visage.

  - Putain mais qu'est-ce qu'il te prend ? Pleurnicha Evrad.

  Pour une fois, j'étais d'accord avec lui... Que lui prenait-il ?

  - Pour la dernière fois : retire ce que tu viens de dire à Athena, ou je te promets que je n'hésiterai pas un instant à t'en remettre une.

  - Mais merde ! Elle t'a pris pour cible avec son arme il y a de ça deux jours et toi, tu la défends ?

  - Oui, et alors ? Le fait qu'elle m'ai pris pour cible c'est mon problème et non le tien. Maintenant, excuse-toi.

  - Quoi ?

  Mais que racontait-il ? Ce mec était tellement contradictoire...

  - T'es sourd ? J'ai dit excuse-toi !

  - Excuse-moi, grogna-t-il visiblement irrité.

  - Ne t'inquiète...

  Kai, me coupant, précisa :

  - Avec plus de sincérité !

  C'est alors que Evrad se tourna vers moi, les yeux pleins de regrets. Pas envers moi, non, envers lui-même. Il regrettait de m'avoir insultée, car Kai était remonté contre lui.

  - Je suis sincèrement désolé, Athena.

  - Bien.

  M'attrapant par le bras, le motard me tira de la pièce. J'étais si mal à l'aise...

  Une fois arrivés dans un autre espace, je lui jetai :

  - Tu n'étais pas obligé, tu sais ?

  - Il est insolent avec tout le monde ! Il fallait bien le remettre à sa place un jour ou l'autre !

  Sentant que ce n'était pas le moment de discuter, je hochai la tête en signe de compréhension et lui demandai où nous nous trouvions. Il suggéra :

  - Je te conseille vivement de ne rien casser, nous sommes dans ma chambre. Tu dormiras dans mon lit et moi, dans le canapé en face de toi.

  Je me tournai et vit, en effet, un long canapé face à son lit. Je ne comprenais pas pourquoi on ne faisait pas l'inverse, mais je n'allais aucunement refuser ce cadeau.

  - D'accord, merci Kai.

  - Avec plaisir, trésor.

Aux alentours de vingt-trois heures...

  Nous avions fini de manger depuis une bonne heure. À table, c'était vachement tendu, mais personne n'avait fait de commentaire sur ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant, sachant pertinemment que ce n'était pas la meilleure chose à faire.

  Kai et moi étions enfin allongés, nous en avions largement besoin ! Puis, sans réfléchir à ma question, je l'interrogeai :

  - Kai ?

  - Oui, trésor ?

  - Comment as-tu su où et avec qui je me trouvais, tout à l'heure ?

Jason

  C'est un passager qui m'a tiré de mon sommeil profond à la fin du vol, tant j'étais plongé dans un rêve lourd, en grande partie à cause du somnifère que j'avais pris. La gêne me submergeant, j'ai senti mes joues s'enflammer d'embarras.

  Peu après, je me suis dirigé vers l'adresse que m'avait fournie Maël : une petite maison charmante, suffisamment proche du repaire des Ottsy Demonov pour me paraître peu surprenant, étant donné que ma mission consistait justement à m'y infiltrer.

  Quelques minutes plus tard, je me suis rappelé que j'avais une enveloppe en ma possession. Elle contenait les éléments essentiels de ma nouvelle existence : mon identité, mon histoire, et même un nouveau téléphone ! Je n'étais plus Jason Sondrew, mais Ivan Sokolov. On m'avait façonné un récit dans lequel je revenais tout juste des États-Unis après trois ans d'absence en Russie, en raison du décès de mon père.

  Je n'avais encore aucune idée de la manière dont je pouvais m'immiscer dans les rangs de ce gang russe. Il fallait absolument trouver une solution rapidement, sans quoi je risquais de me retrouver dans une situation mortelle. Et cette idée me terrifiait bien plus que je ne voulais l'admettre.

Kai, pleins milieu de journée...

  Maël me téléphona, qu'avais-je fait encore ? Il était furieux :

  - Tu n'aurais pas vu Athena à tout hasard ?

  Ah non, ce n'était pas à propos de moi, cette fois...

  - Non, pourquoi ?

  - Je lui envoie des messages depuis ce matin pour qu'elle me rejoigne à la villa, mais elle ne me répond pas !

  - Je te l'avais bien dit que les femmes n'étaient pas faites pour ce milieu.

  - Oh ferme-la, tu veux ? Il faut la retrouver. Trace son portable.

  - Je m'en occupe de suite.

  Si elle nous l'avait mise à l'envers, elle allait le regretter amèrement. Je m'en chargerai moi-même. Je traçais son portable facilement, un sourire de fierté se dessinant sur mon visage. Mais il s'effaça rapidement : elle se trouvait à l'entrepôt, celui où nous lui avions fait passer son test. Que foutait-elle là-bas au juste ? Je rappelai donc le boss pour lui faire part de la position de la jeune femme.

  - Elle se trouve dans l'entrepôt au coin de la rue.

  - Merde ! Elle n'est peut-être pas là-bas de son plein gré. Va vérifier Kai. Je ne veux pas perdre cette opportunité !

- Je m'en charge.

  Tandis que je marchais tranquillement, pensant qu'Athena ne courait aucun danger, j'entendis des hurlements, ses hurlements. J'envoyai alors un message à Maël pour lui expliquer ce que j'entendais, tout en défonçant la porte de l'entrepôt. Aussitôt, je vis Lenny, ce tueur à gage détestable, embrasser le cou d'Athena, aussitôt ma colère se déploya...

Katerina

  Tandis que le récit de Kai se terminait, je ressentis une vague de... quoi, au juste ? Je ne comprenais pas réellement ce qui m'arrivait...

  - Merci, merci beaucoup.

  - Je n'allais pas te laisser avec lui, trésor. Je ne suis pas ce genre de monstre.

  Je me sentais tellement redevable que je pris les devants :

  - Tu peux venir sur le lit, s'il te plait ?

  - Oui, mais pourquoi ?

  - Je me suis assise sur le canapé tout à l'heure. Ce n'est pas très confortable, tu auras des courbatures demain si tu dors dessus. Compte ça comme une façon de te remercier de m'avoir sauvé la vie.

  - J'arrive, dit-il. Je m'endormis presque instantanément, enfin soulagée.

Sons of snakes 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant