1. Prochain arrêt : L'Australie

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"SOPHIA ! Si on part pas là, maintenant, tout de suite, immédiatement, tu peux faire une croix sur tes vacances !"

Je sursaute en entendant la voix pressée de ma mère. Un petit coup d'oeil à ma montre me prouve qu'elle a bien raison et qu'il est franchement temps que je boucle ma valise. Je déteste tout préparer dans la panique mais là, je n'ai plus vraiment le choix. J'observe rapidement ma chambre, à la recherche d'un élément important que j'aurais pu oublier. Je crois que c'est bon. J'ai ma carte d'identité, mon billet d'avion, ma carte bancaire, des vêtements, des chaussures ... Est ce que j'aurais vraiment besoin de quelque chose de plus pour partir en vacances ? Je ferme ma valise une bonne fois pour toute et descend en vitesse rejoindre ma maman dans la voiture. Elle a l'air vraiment impatiente, à tapoter sur le volant de la voiture. Je lui fais les gros yeux.

"C'est bon, je suis là !"

Elle démarre, visiblement soulagée mais toujours aussi pressée. Sur la route jusqu'à l'aéroport, elle me donne les dernières directives. Du genre que si je pouvais me faire des amis ce serait bien, voyager seule c'est dangereux. Ou encore, de ne pas oublier d'acheter une bombe lacrymogène sur place, on est jamais trop prudent. Ou alors de ne pas hésiter à utiliser le GPS de mon téléphone si je sens que je ne suis plus sûre du chemin. Et que si quelqu'un crie qu'il y a une bombe, je dois courir à toute vitesse de l'autre côté. Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Elle est vraiment trop inquiète. Je me tourne vers elle et lui dis, avec malice.

"Maman. Je pars à Sydney, pas en Syrie. Je ferais attention, c'est promis."

Sydney. L'Australie. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est mon rêve absolu depuis des années. Non. Je voulais juste partir le plus loin possible de ma vie d'ici, en France, à Brest. Et voilà, l'Océanie c'est à l'autre bout. Ce sera l'occasion de me retrouver seule avec moi même et d'être sure et certaine de ne croiser personne que je connais. J'ai l'air d'être asociale là non ? Laissez moi m'expliquer. J'ai passé une année absolument pourrie : je me suis fait larguer comme une malpropre après deux ans de relation (Monsieur est tombé amoureux d'une autre, c'est l'amour de sa vie, il en est certain. BAH BIEN SUR), j'ai failli louper mon année de fac à cause de ça. Seul point positif ? Ma meilleure amie, Manon, m'a convaincu il y a trois mois de partir quelque temps à l'étranger, seule. Selon elle, c'est très bénéfique de se retrouver seule dans un autre pays. Ça permet de "se focaliser sur soi même, sur ses désirs et de se découvrir". Sur le coup, j'ai accepté mais sans être réellement convaincue par ses arguments psychologiques. Je me disais que ça pourrait être cool de partir toute seule, comme une aventurière. Puis, je me suis demandé il y a quelques semaines si c'était vraiment une bonne idée. J'ai hâte d'y être maintenant. Je ne suis jamais partie sans compagnie. Ça va être une grande première. A 21 ans je devrais m'en sortir non ? Je connais des gens qui sont partis seuls en étant plus jeune que moi. Alors ça devrait aller. N'est ce pas ?

L'aéroport de Brest se dessine devant nous. Une douce euphorie s'empare de moi. C'est le moment. Je vais vraiment partir, par moi même, dans un pays dont je ne connais rien, à part la langue. Ma mère m'accompagne jusque dans l'entrée. Elle me serre fort dans ses bras.

"Je serais bien partie avec toi ma chérie" me souffle-t-elle dans l'oreille. "Mais bon, moi et les avions, c'est pas franchement ça. Tu nous tiens au courant hein ? N'hésite pas à appeler si ça ne va pas ou ... à rentrer plus tôt."

Je lui souris.

"On a dit 3 semaines, ce sera 3 semaines maman. Ne t'inquiète pas tout ira bien. Je t'enverrai des nouvelles tous les jours d'accord ?"

Nous nous embrassons encore quelques minutes avant qu'elle ne décide de repartir. Il est déjà 11h et elle doit aller chercher mon petit frère à l'école dans une heure (j'aimerais qu'on m'explique pourquoi lui il est dispensé de cantine alors que moi j'y suis allé depuis mon plus jeune âge ?). Elle m'offre un grand sourire et un dernier signe de la main avant de disparaitre. Je suis seule maintenant. Seule et livrée à moi même pour 3 semaines. 3 semaines, 21 jours.

Je lève les yeux vers le tableau des départs. Je pars d'ici trente minutes direction Paris. Une fois là bas, deux heures d'attente (le temps de manger) et mon vol interminable de presque 30 heures commencera alors. Le trajet se décompose en Paris-Londres, Londres-Dubaï et Dubaï-Sydney. J'ai pris l'avion deux ou trois fois pour de petits vols de 2 heures maximum. Ça va me changer tiens. Une sonnerie retentit. C'est l'heure de monter. C'est l'heure de partir. C'est maintenant que ma folle aventure commence.



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