2. Sydney

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Aouch.

Punaise, j'ai mal partout. Je me lève péniblement de mon siège, en gémissant. Je n'aurais jamais pensé que ce vol serait tellement horrible. Ou plutôt devrais-je dire "ces" vols avec les escales que j'ai faites. Visiblement, elles n'ont pas suffi à me détendre. J'ai l'impression que mon corps tout entier est crispé et que tous mes muscles sont bloqués. Une fois debout, je m'étire les bras au dessus de la tête. Oh ça fait un bien fou sérieusement. Je me mets sur la pointe des pieds pour détendre mes genoux. Je dois avoir l'air clairement ridicule mais croyez moi, je m'en fiche. J'ai tellement mal, je tuerai pour un massage. Les gens commencent à se diriger vers la sortie. J'attrape mon sac à main avant de m'intégrer tant bien que mal dans ce flux de personne.

Une fois sortie de l'avion, l'air frais me fait frémir. Oui, laissez-moi vous faire un petit cours météorologique par rapport à Sydney. Dans cette région du monde, la période la plus chaude est en décembre/janvier. Malheureusement pour moi, je ne pouvais partir qu'en juin. Là où le temps est le plus pourri, en gros. Donc voilà, les plages de rêve et la chaleur se sera pour plus tard. Je le savais en réservant hein. Je me suis renseignée quand même. Mais non, je n'avais pas très envie de passer mon premier voyage seule à bronzer sur une plage tous les jours. Non, moi, je veux visiter, découvrir, bouger sans cesse. La farniente et la détente ce sera pour une prochaine fois. Je me fonds dans la masse de voyageurs qui se dirigent vers la salle où nous pourrons récupérer nos valises. Je ne peux m'empêcher d'observer un petit peu ces hommes qui me dépassent, ces femmes qui tiennent leur enfant par la main. J'entends de tout autour de moi : de l'allemand, de l'espagnol, de l'anglais. Je suis au milieu de tas de gens provenant de pays totalement différents, avec des coutumes propres. Je trouve ça magique.

Une fois mes deux valises récupérées(oui deux. Une bien remplie, l'autre un peu moins, pour ramener pleins de souvenirs. Ou pas.), je me dirige vers la sortie, après avoir fait un crochet à un distributeur pour récupérer un peu de liquide. J'observe les billets de cette monnaie que je n'avais jamais vus auparavant. Une fois dehors, je m'engouffre dans un taxi vide. Le chauffeur me sourit.

« Where do you want to go ? »(où voulez vous aller?)

C'est le moment. C'est le moment d'appliquer tout ce que je sais en anglais, tout ce que j'ai appris en traduisant des chansons et en regardant des séries en vostfr (vous moquez pas, tout le monde apprend comme ça). En plus de tout ça, j'ai fait deux stages intensifs à Brest pour être certaine de me faire globalement comprendre une fois sur place. Je prends une grande inspiration.

« Hum ... Brighton Hôtel. Do you know ? » (Hum ... L'hôtel Brighton, vous connaissez?)

Bon, pour la suite des évènements, je vous traduirai directement mais n'oubliez pas que à chaque moment je parle anglais. Plus ou moins bien. Le chauffeur hoche la tête et démarre.

« Pas de soucis ! En route ! »

Il commence à conduire. Je regarde autour de moi, laisse mes yeux traîner un peu partout. J'ai hâte de voir l'hôtel. Je vais quand même y rester pendant trois semaines. J'ai mis un temps fou à le choisir avec ma mère. J'ai finalement opté pour le Brighton, en centre ville et plutôt bien noté par les internautes. Hum. Vous devez vous demander d'où je sors tout ce fric. C'est vrai, un vol aller retour jusqu'à Sidney, un hôtel en centre ville pour plus de 20 jours, ça revient à cher. Et bien, j'avais ce projet avec mon copain. Ex copain. Il voulait partir faire le tour des Etats Unis. Il en parlait tellement qu'il a fini par me convaincre. J'ai travaillé durant deux étés entiers, pris un petit job à côté de mes études pour récolter les fonds. Et voilà, je me suis fait larguer. J'allais pas rester pleurer devant mon compte en banque en imaginant le fantastique voyage que j'aurais pu faire avec cet idiot. Voilà d'où viennent mes fonds : d'un projet tombé à l'eau.

« Vous avez un petit accent mademoiselle, vous être française non ? »

La voix du chauffeur me sort de mes songes. Je relève la tête.

« Oui c'est ça ! »

Tout en gardant son regard fixé sur la route, il continue de bavarder. Ça me fait plaisir que le premier australien sur lequel je tombe soit sympathique.

« Vous avez fait un bon choix avec le Brighton. Sacré hôtel. »

Je me redresse un peu sur mon siège. L'hésitation me saisit mais je finis par me jeter à l'eau et ouvrir la bouche.

« Excusez moi mais ... Vous connaissez des endroits qu'il faut absolument voir ? »je lui demande. « J'ai bien lu des témoignages sur internet,mais je ne serais pas contre les conseils d'un natif d'ici. »

Il rit de bon cœur.

« Hum...Alors. On a beaucoup de parcs nationaux. La plage de Bondi est à voir quand même. L'opéra évidemment. Harbour Bridge. Si vous pouvez vous permettre de faire une excursion dans les Blue Mountains, n'hésitez pas. Le quartier de King's Cross... »

Il continue de me donner des indications. Certaines, je les ai déjà entendues. Comme le fameux pont ou l'opéra. En 3 semaines je devrai avoir le temps de voir un bon nombre de choses.

Nous arrivons à l'hôtel. Le chauffeur sympathique m'aide à sortir mes valises du coffre avant de me souhaiter un bon séjour. L'hôtel est magnifique.Je rentre, passe par l'accueil récupérer les clés et file dans ma chambre. Je m'assois sur le lit. Il est 8 heures du matin. 8 heures du matin. Je me sens un peu à l'ouest après toutes ces heures d'avion. Je pense qu'il faut que je dorme un peu. Si je me repose jusqu'à 13h et que je vais manger en ville ensuite ça le fait non ?J'enlève mes chaussures, mon pantalon et me glisse sous la couette. Avant de laisser le sommeil m'emporter, j'envoie un petit message à mes parents et à Manon :

"Je suis bien arrivée, l'aventure commence ! Gros bisous."


Bip bip bip.

Bip bip bip.

Oh non. Déjà ? Il y a déjà 5h qui viennent de s'écouler là ? Mais quelle horreur. Je me frotte les yeux avant de soupirer. Je me sens encore plus dans le brouillard que tout à l'heure. Ma tête me fait mal et j'ai juste envie de dormir encore et encore. Je me force à sortir du lit. Il faut que je me cale sur l'heure locale et le plus tôt sera le mieux. Et les locaux ne font pas leurs 10 heures de sommeil en plein jour. Allez Sophia, après une bonne douche, ça ira mieux. Effectivement, l'eau chaude me permet de m'éveiller un peu plus. Je me sèche rapidement les cheveux (sèche cheveux intégré dans cet hôtel s'il vous plait), me brosse les dents et me rhabille. J'ai un sérieux moment d'absence devant mon sac à main. J'ai besoin de quoi ?Mon porte monnaie, mon ipod pour pouvoir écouter de la musique si l'envie me prend et... c'est tout ? Je me tapote les joues. Bon allez Sophia, c'est parti là ! À moi Sydney !

5 secondes de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant