11. Dans la tête de Sophia

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Bon.

Il faut que je sois claire dans mes pensées et surtout, honnête avec moi-même. Pas de mensonges, pas d'excuses bidons, pas d'explications qui ne tiennent pas la route. Juste la vérité et rien que la vérité. Est-ce que je vais y arriver ? Je n'ai même pas commencé à y penser que je doute déjà de moi. Super. C'est super.

Je pousse un long soupir avant de me reculer un peu sur le banc et de ramener mes cuisses contre ma poitrine. Mon menton se pose doucement sur le haut de mes genoux. Malgré le paysage magnifique de Bondi Beach qui s'étend face à moi, je me sens démunie aujourd'hui. Le vent salé de l'océan ne me rassure pas et le fait que je sois seule pour la journée entière me pousse à beaucoup trop penser à mon goût. Et non, je n'ai pas de compagnie aujourd'hui. Le chanteur des 5 Seconds of Summer avait des choses à préparer pour, je cite, une grande surprise. Je me doute bien que c'est une excursion dans les Blue Mountains mais je n'ai pas cherché à poser plus de questions.

Luke.

C'est à cause de lui que je me prends la tête. Ou plutôt, à cause de ses magnifiques yeux bleus qui ont tendance à faire battre mon cœur un peu trop vite dès que je les croise. J'essaie actuellement de comprendre un peu plus ce qui m'arrive. Ça ne doit pas être très compliqué. Je le trouve beau, j'imagine que, déjà, je ne peux pas vous mentir là-dessus. Ses traits sont tellement bien dessinés. J'adore laisser mon regard se promener sur la courbe de sa mâchoire avant de remonter sur ses cheveux blonds. Et quand son sourire commence à apparaître et que ses yeux se plissent doucement, il est encore plus craquant. Puis quand il joue avec son piercing, n'en parlons pas. Il y a tellement d'éléments, certains plus évidents que d'autres, qui le rendent magnifique.

Voilà. Conclusion numéro une : je le trouve beau. Bien. Et maintenant ? Ce n'est pas la première fois que je trouve quelqu'un agréable à regarder. Il suffit d'observer un peu autour de soi pour remarquer de la beauté. Alors pourquoi ? Pourquoi les jambes en coton hier soir et le cœur qui se met à battre plus vite ? Ça devait être l'alcool. Je ne vois pas d'autre explication. Ça ne peut qu'être l'alcool. En réalité, je ne veux pas voir les autres possibilités. Je ne peux pas admettre qu'il me fait craquer. C'est impossible. Je suis une vacancière paumée, venue ici pour me ressourcer, pas pour tomber sous le charme du premier australien qui passe.

Conclusion numéro deux : on oublie. J'oublie. Je n'y pense pas, je mets tout ça de côté et je profite de mon voyage et de ma complicité avec le blond. C'est pour ça que je suis là. Pour me détendre. Pour faire ce que j'ai envie de faire. Pas pour avoir mon cœur qui bat vite et mon corps qui se transforme en coton. Tout est clair.

À peu près.

Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un petit rire. Je me prends vraiment trop la tête. Et ce, depuis toujours. Dès que je ressens un truc, je me sens comme dans l'obligation de l'analyser pour en trouver le sens. Alors que, parfois, il n'y en a pas. J'aimerais réussir à me laisser porter par le flot de la vie, sans entamer de réflexion phénoménale dès que quelque chose se passe. Je fronce les sourcils. Je suis sûre que je peux y arriver. Je suis certaine que je peux réussir à faire taire ma conscience, à mettre mes grandes questions de côté et à profiter de l'instant présent. Allez Sophia, on y croit.

Je sors mon téléphone et commence à taper un message à l'attention de Manon. Elle me manque, j'aurais adoré qu'elle soit ici, avec moi. Les choses auraient été radicalement différentes. J'essaie de l'imaginer, près de moi. Elle serait sûrement en train de méditer tout en profitant de l'air de la mer. Dès que je serais de retour, il faudra que je la voie. Pour lui raconter ma folle aventure, pour sourire en entendant son rire.

Sms à Manon : coucou mignonne ! J'espère que tout va bien pour toi à Brest. De mon côté, ça se passe bien ! J'aurais pleins de choses à te raconter à mon retour. Tu me manques ! Pleins de gros bisous.

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