5 secondes de plus

6. 18h sonne

Une pointe d'appréhension me traverse. Il est 9h. Luke m'a proposé de me montrer Sydney d'un autre œil hier après midi. Et je lui ai donné le nom de mon hôtel. Juste ça et rien que ça. Punaise. Je n'aurais pas pu lui donner un lieu et une heure de rendez vous comme tout le monde ? Non, il a fallu que je fasse la maline en lui donnant simplement le nom de mon hôtel. Peut être qu'il n'a pas saisi que c'était un oui déguisé ? Peut être qu'il ne viendra pas et que je ne le recroiserai plus du tout ? Une partie de moi est réellement tenté par la perspective de visiter cette grande ville avec lui. Ça me ferait de la compagnie. Et pas une mauvaise en plus. Est ce que vous avez déjà rencontré ce genre de personne avec qui le courant passe bien et, en plus, très rapidement ? Ça arrive, de temps en temps. Le chanteur fait parti de ces gens là pour moi : notre conversation de la veille s'était déroulée si naturellement. Une seconde partie de moi essaie tout de même de garder les pieds sur terre en m'assurant que ce ne sera pas grave si il n'est pas là. Ce n'est pas ça qui va me gâcher mon voyage. Je dois profiter, qu'il soit de la partie ou pas. Je verrais bien.

Je t'en prie Destin, sois avec moi, une dernière petite fois.

Je prend une grande inspiration avant de récupérer mon sac et de descendre les escaliers. Je suis au premier étage, je ne prend quasiment jamais l'ascenseur. Une fois dans le hall, mon regard balaie cette immense pièce à la recherche de ce visage familier. Je m'y reprend plusieurs fois. De droite à gauche. Puis de gauche à droite. Rapidement la première fois. Plus lentement la deuxième fois. Désespérément la troisième fois. Je fais face à la réalité la quatrième fois. Il n'y est pas. Pas de Luke. Peut être qu'il est trop tôt ? Peut être qu'il n'arrivera qu'à 10h ? Comment peut il deviner l'heure à laquelle je compte partir ? Il n'est pas devin. Ou peut être qu'il ne viendra pas du tout, me chuchote une petite voix au fin fond de ma tête. Bon. Soyons mature et adulte. Je ne vais pas attendre là toute la matinée, j'ai des projets. Tant pis si il n'est pas là. Ne retenons que le positif : j'ai rencontré une célébrité, on a parlé ensemble, il m'a converti aux gâteaux dinosaures, c'était sympa. Il me reste encore de nombreux autres souvenirs à construire, ici, à Sydney. Allez Sophia, un peu de courage et beaucoup de motivation.

Déterminée à profiter, je chasse le jeune homme blond de mon esprit et commence à traverser le hall, prête à attaque mon programme de la journée.

« Mademoiselle Martin ! »

Je me retourne. C'est Paul, un des employés de l'hôtel. Bon, ce n'est pas n'importe quel employé. C'est celui qui m'a fait visiter l'hôtel le premier jour, celui qui est mon serveur tout les soirs quand je vais manger au restaurant du Brighton (bah oui, sandwich le midi et repas un peu plus consistant le soir ! En plus, j'ai des sacrés prix en étant cliente ici sur une longue durée). Forcément, on a tissé quelques liens, assez pour que je connaisse son prénom et qu'il connaisse le mien. Il s'entête pourtant à m'appeler par mon nom de famille alors que je l'ai autorisé à m'appeler Sophia. Quoique, "Martin", prononcé par un australien, ce n'est pas déplaisant à l'oreille.

« Qu'y a-t-il ? » je demande, intriguée.

Il sourit.

« Un certain Luke est passé très tôt ce matin. Il vous donne rendez vous ici, à 18h précise. Ne soyez pas en retard ! Et passez une bonne journée. »

Je le remercie, troublée par sa nouvelle. Il est passé. Il a compris ! Bon, je ne vais pas vous le cacher hein mais je suis super contente. Contente de savoir que j'aurais un peu de compagnie ce soir, contente d'avoir réussi à sympathiser avec quelqu'un.

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18h sonne.