5. Les gâteaux dinosaures

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« Si j'étais toi, je prendrais ceux en forme de dinosaures. Ils sont excellents ! »

Je me retourne, surprise, et découvre Luke Hemmings, posté derrière moi, tout sourire. Le premier élément que je remarque c'est qu'il est coiffé autrement aujourd'hui : ses cheveux pointent vers le haut comme si c'était la chose la plus normale du monde de défier la gravité de cette façon. En réalité, je me moque un peu mais ça me fait plaisir de voir une tête familière. Ici, au milieu de cette immense ville de quatre millions d'habitants, c'est la première fois que je croise une personne deux fois (si on met de côté le personnel de l'hôtel bien sur). Je lui souris, avant de remarquer, d'une voix espiègle :

« Sauveur d'ipod un jour, conseiller alimentaire le lendemain, j'en ai de la chance dis donc. »

J'attrape la boite de gâteaux dinosaures tout en regardant son sourire s'accentuer sur son visage. Il s'incline devant moi, en se retenant clairement de rire.

« Avez vous besoin d'autre chose Princesse Sophia ? Ou pouvons nous nous diriger vers la caisse ?» dit il d'une voix solennelle.

Il se souvient de mon prénom. Et il a de l'humour en plus. Mon regard glisse vers sa main droite. Il tient une bouteille de soda et un sac en plastique qui contient une carotte. Oui oui, une carotte. Je ne juge pas, il a sûrement une très bonne raison pour acheter ce légume. J'en profite pour le questionner.

« T'as pas peur de te faire attaquer en allant faire tes courses tout seul ? Ou de créer des émeutes ? »

Je le taquine, j'avoue. Mais visiblement, il a l'air de comprendre mes blagues alors pourquoi ne pas continuer ? Et puis, quand même, il est connu. Et moi je le croise où ? Au supermarché, comme si de rien n'était.

« Tu sais, commence-t-il, il y a visiblement une sacré différence entre ma célébrité et ce que tu imagines. Ça arrive qu'on me demande des autographes dans la rue ou des photos mais ça reste calme sinon. »

Il s'adresse à moi d'une voix tranquille. A la fin de sa phrase, il s'engage dans la caisse, paie ses achats, fait quelques pas et s'arrête. Il m'attend ? "Allo le Destin ? Oui, je sais, c'est encore Sophia. Bon écoute, une rencontre je veux bien. Mais une deuxième, le lendemain, tu n'as pas l'impression d'y aller un peu fort ?"Je règle ma boite de gâteaux et m'approche de lui tout en l'ouvrant. Je lui tend la boite.

« Tu en veux un ? »

« Je ne dis pas non ! Merci. J'adore ces gâteaux depuis des années ! »

Nous sortons du magasin, accueillis par une bourrasque de vent. Je resserre les pans de ma veste. Une question me brûle les lèvres.

« Tu as quel âge ? »

Voilà. C'est demandé. J'aurais du regarder hier sur Wikipedia. Je voulais y aller en vérité, jeter un œil à sa musique mais le temps a manqué. Et je n'arrive définitivement pas à lui mettre un âge. Il a un visage tellement enfantin, malgré la barbe claire qui commence à peine à s'éparpiller sur son menton et ses joues.

« 18 ans. Et toi ? »

Ah oui effectivement. C'est à peu près ce que je me disais, 17/18. Il est encore jeune.

« 21. »

Je ne ressens pas de gêne au moment de lui répondre. J'assume mon année de naissance. J'assume le fait d'avoir la dizaine de mon âge qui commence par le chiffre 2. J'assume le fait que mon prochain changement de dizaine ce sera pour ... Ah non, ça j'assume pas en fait.

« On va s'assoir ? » demande-t-il.

Luke me désigne un banc qui donne sur Bondi Beach. J'hoche la tête. Pourquoi pas après tout ? Il est sympathique, visiblement ma présence ne le dérange pas plus que ça et puis, je suis là pour saisir les bonnes occasions non ? Papoter avec une rock star ça rentre dans la case "bonnes occasions" n'est ce pas ? Allez, on va dire que oui. Je m'assois près de lui.

5 secondes de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant