Chapitre 10 - Camille

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Je ferme les yeux, essayant de trouver le sommeil, mais rien n'y fait. Je tourne et retourne dans le lit, incapable de trouver une position confortable. Je serre les dents, essayant de contenir les émotions qui menacent de me submerger. Comment en suis-je arrivée là ? J'ai essayé d'ignorer ces sensations, de me dire que ce n'était rien, que ça passerait. Mais ça n'a fait que grandir, jusqu'à devenir insupportable. Je commence à en être certaine : je suis tombé amoureuse d'Emma. C'est ridicule.

Je m'assois brusquement dans le lit, le souffle court. Elle dort, ou du moins, elle fait semblant. Je la regarde, son visage à demi éclairé par la lumière de la lune qui filtre à travers les rideaux. Je voudrais tendre la main pour effleurer sa joue, mais je ne peux pas.

Je me lève doucement, essayant de ne pas faire de bruit. J'ai besoin de m'éloigner d'elle pour reprendre mon souffle. Je me glisse hors du lit et me dirige vers la fenêtre. Tomber amoureuse d'Emma... Quelle idée stupide ! Je serre les bords de la fenêtre, les articulations blanchissant sous la pression. Je dois arrêter d'espérer. Emma ne m'aimera jamais comme moi je l'aime. Alors pourquoi je continue à attendre qu'elle change d'avis ?

Je besoin de quitter cette chambre, je descends les escaliers sur la pointe des pieds. Chaque marche semble grincer plus fort que d'habitude. La maison est plongée dans le silence, seulement troublé par les bruissements des arbres à l'extérieur. Je me dirige vers la baie vitrée, espérant que la vue des étoiles pourra m'apaiser un peu. La lumière de la lune illumine l'extérieur. Je regarde la neige tombée quand je vois une ombre bouger dehors. Je plisse les yeux pour mieux voir, le cœur serré. Une silhouette sombre se découpe sur la terrasse, assise sur la rambarde. Mon premier réflexe est la panique. Je me fige. Qui peut bien se tenir là, en pleine nuit, devant la maison ? Puis, je distingue la forme familière du manteau de Lola. Je laisse échapper un soupir de soulagement. Que fait-elle dehors, toute seule, à une heure pareille ?

Je prends une grande inspiration, me demandant si je devrais la laisser tranquille. Peut-être qu'elle a besoin d'être seule, elle aussi. Mais avant même de pouvoir réfléchir davantage, mes pieds me portent vers elle. J'ouvre doucement, tentant de ne pas faire trop de bruit, mais Lola tourne la tête brusquement à mon approche. Elle semble surprise de me voir.

— Camille ? murmure-t-elle.

— Salut, je... je ne pouvais pas dormir, dis-je maladroitement.

Lola hoche la tête, comme si elle comprenait. Je m'approche lentement, hésitante, puis m'appuie contre la rambarde à côté d'elle. La nuit est douce, le ciel dégagé, parsemé d'étoiles brillantes. Nous restons silencieuses un moment, chacune plongée dans ses pensées.

— Toi non plus, tu n'arrives pas à dormir ? demandé-je finalement.

Elle hausse les épaules, un sourire triste effleurant ses lèvres.

— Pas vraiment. J'avais besoin de réfléchir.

Mes yeux glissent sur le visage de Lola, et je remarque la tension dans ses traits, les cernes sous ses yeux. Elle semble aussi perdue que moi.

— Ça va ? m'entends-je murmurer, même si je sais que la réponse est évidente.

— Non, répond-elle simplement. Mais toi non plus, j'imagine.

Je laisse échapper un petit rire sans joie.

— Tu veux en parler ? murmuré-je doucement.

Lola secoue la tête, les yeux perdus dans l'obscurité. Elle reste silencieuse quelques secondes, le visage tendu, puis pousse un soupir résigné.

— Non, murmure-t-elle enfin. Ça ne changerait rien.

Elle tourne la tête vers moi, et un sourire triste effleure ses lèvres. Cette expression me désarme complètement.

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