On leur a fait croire, dans ces cours d'histoire poussiéreux, que le Noël Triste était la dernière épreuve de l'humanité. Mais l'était-ce vraiment ?
« Conneries », pensa-t-il. Un mensonge, encore un bouquet fané déposé dans un cimetière, qu'ils osent appeler jardin. Aujourd'hui, ils considèrent avoir vaincu l'univers, avoir remporté la guerre. Ils s'imaginent avoir préservé leur empire, ce règne d'argent et de sang. Ils se sont autoproclamés rois de ce monde, et des autres, mais ils sont fous. Fous et inconscients. Des noms ? À quoi bon ? Ce ne sont pas leurs noms qui comptent, c'est leur cause.
Il a hurlé, pour ceux qui ne sont plus, ou n'ont jamais été. Il tenait à leur rappeler, à tous, que personne n'échappe à ses péchés. Ni les hommes, ni les bêtes, ni même les machines. Et lui non plus. Ils étaient « Dogra Magra », guidés par les horreurs tapies entre le bien et le mal, le beau et le laid, captifs de cette zone crépusculaire entre ce qui est et ce qui n'est pas.
Mais le monde se noie. Il se noie dans la tristesse, la solitude, le désespoir. Une noyade silencieuse. Le monde, blessé, enfermé, autophage. Et lui aussi. Il se noie dans ses pensées, dans les débris de ses rêves, dans ses désirs insatiables. Il se noie dans les éclats des regrets, des remords, dans un tourbillon d'angoisse. Il se noie, l'univers se noie. Et pourtant, pas une seule goutte d'eau à l'horizon.
« Vous pensiez être meilleur que ça, pas vrai ? »
« Monsieur, approchez vite. Je crois qu'il vient de parler. »
Mais ils n'ont fait que se mentir. Aveuglés par le reflet trompeur de leur propre image. « Et personne ne m'a écouté... »
Il a essayé. Raisonné, négocié, supplié, avec cette foi enfantine que quelqu'un, quelque part, arriverait pour les sauver d'eux-mêmes. Mais personne n'est venu pour lui. Et il a disparu.
Ils l'ont traqué, capturé. Ils l'ont ouvert, espérant y découvrir la solution à ce qu'il était devenu. S'il y avait eu quelque chose à trouver... si seulement. Ils l'ont tranché, parce que ses yeux s'éteignaient peu à peu, parce que la rage en lui s'étiolait. Ils l'ont tranché, sachant que plus rien ne pouvait être sauvé. Ils l'ont tranché parce que son cœur, brisé, ne pourrait jamais se reconstruire. Ils l'ont tranché pour effacer les restes d'un passé trop douloureux. Ils l'ont tranché, pour qu'il meure, au moins à l'intérieur. Pour qu'il se taise enfin, pour qu'il se sente seul, et réclame son linceul.
Ils l'ont tranché, et cela lui fait du bien. Ils l'ont tranché, et son sang bleu éclate, brillant, presque beau.
Piégé dans un abîme de vice et de rancœur, son cœur s'est fait tordre par les impostures de cette ville. Enfermé dans une cage si froide, si étroite, il devine les mots gravés sur sa peau, inscrits dans sa chair.
Il ne peut plus fuir, ne voit plus rien. Ses poumons cherchent désespérément l'air. Il essaie de parler, mais rien ne sort. Quelque chose le retient ici, quelque chose veut l'engloutir, prendre possession de lui. Brisé, plus personne ne remarque ses larmes, personne n'entend ses sanglots.
Jusqu'à ce que la réponse apparaisse enfin.
Non, pas une réponse. Une sentence.
La chose le guettait, là, depuis les profondeurs insondables de l'abysse. Elle le scrutait, silencieuse, pesant le poids de son existence, réfléchissant à cette question ultime : devait-il vivre ou mourir ? Elle avançait lentement, se glissant hors des ténèbres jusqu'à ce qu'il puisse au bout du compte discerner ses contours. Mais à mesure qu'elle approchait, une vérité lui apparut avec une clarté terrifiante.
Ce n'était pas une chose.
C'était lui.
Et sans ne jamais les avoir entendus auparavant, il se souvint de ses propres mots :
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ATARAKUSH
Science FictionCharlatown, 2156, William, capturé et torturé par une corporation impitoyable, rencontre une entité mystérieuse. Tandis que le chaos éclate autour de lui, une cyborg brisée l'aide à fuir, renversant les forces oppressives de la ville. De son coté...