Polaroid
I
Serre-moi dans les bras,
ça n'a pas de sens sur le moment,
mais ça prouve que j'existe.
Oui, je suis là, ce n'est qu'une illusion.
Donne-moi du sentiment,
donne des sensations.
J'ai besoin d'un remontant,
remonte le temps et prends le temps,
revoir Nation.
Prendre le temps, un moment.
II
Je m'en veux, alors fais un vœu ;
attends après la sieste,
tant de temps perdu
en une pièce, en une amende.
Je suis sûr que tu n'es plus là.
Tu as choisi de partir.
Et tu as mangé un caviar.
Et te voilà, dans le noir.
III
Je perds tous mes stylos,
dans des seaux d'eau, j'ai l'air d'un sot.
Vaut mieux ça qu'être salaud.
J'ai rencontré Céline, très sympa,
on a bu la Garonne,
puis on est repartis à cheval
MBK au casino Baraka.
IV
Dans l'étang salé de tes yeux glacés,
j'ai le cœur percé et les mains gercées,
dix mains qui me tendent le même doigt.
Arrêté,
centrale,
maison d'arrêt.
V
J'écoute le feutre frotter la feuille de papier,
étang salé.
Te souviens-tu de l'étang salé ?
Accoudé, l'océan soufflé.
VI
Reviens.
VII
Chevrotine. Pauvre chevreuil,
vois son cercueil, auréolé
d'un certain ...d'un immense dédain ;
c'est certain, n'aie plus peur.
VIII
Page de droite,
Écho de colline.
Décalcomanie, j'ai la manie
de manier ma mine.
Écoute, j'épluche les patates à l'aventure,
une paire de ciseaux dans ses reins.
J'ai peur pour le destin :
Il ne me reste très peu d'encre
dans les munitions.
Ablations de la foi, cent fois ;
je gère la crise de foie comme un typographe,
je grave mon nom dans la case.
Case d'Armor.
Mon cher cher Willem,
tu es là, et tu seras encore là demain.
IX
Sourire... en ligne de mire.
Belle héroïne, tu fronces le sourcil comme le cyclope.
Il y avait tant de sexe dans l'Odyssée,
et je restais fixé sur le battant de la sonnette.
Et pourtant, déjà tu me possèdes...
Ligne déliée.
Fautes, pour ou contre Antigone, peu importe ;
me voilà dans la cité des Gones,
intemporel.
Je veux être, mais je suis déjà dans le réel,
mine écrasée.
Ferdinand Hodler - Jeune femme assise dans un jardin, 1909
Huile sur toile - 90 × 67 cm
Kunstmuseum, Soleure
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Poésie sans histoire
PoetryVoilà une poésie sans histoire, sans poète, sans beauté. C'est à peine une poésie, le partage d'un être désespéré, Un appel au secours, peut-être ? Qui sommes-nous dans ce monde à la dérive ? Où est la beauté dans l'asservissement ? Est-ce le même m...
