J'ai planté un tilleul pour toi, en souvenir de ce jour, pour les bonnes fraîcheurs de novembre, pour fleurir notre devenir.
Des bras à rallonge pour refleurir l'automne, des théories pour mon panier de fruits, et ton sourire innocent, immobile dans un élan d'amour total.
Aimer à la vitesse de la lenteur ne montre en rien ce que tu es, mais tout ce que tu es.
La promesse du jour, sur le seuil de la porte, m'a rapporté de cette nuit-là la fraîcheur et l'innocence.
Et pourtant, le temps avait rapetissé à la vue de ce que je ne serais jamais.
La porte des voisins projetait les ombres de ce que nous n'étions pas.
Mais où allions-nous, le corps nu et avec dans nos cœurs une âme de lion, à apprendre à être ce que nous n'étions pas ?
C'est là que tu as repris le chemin du rail dans un demi-sommeil.
Te souviens-tu de cette équipe de voleurs de matelas, funambules de tramway ?
Marchant dans le silence et le vide d'une ville défigurée. Je t'aimais.
Et l'aube pointait son nez, dans son rouge et noir, dans l'arène ensablée.
C'est la réciproque, c'est tout ce qui est ce soir.
Un château de cartes avec des bases de rêve, une promesse au bout de la terre, assis sur des planches en bois.J'ai planté un ciel pour toi, en ce jour, en ces temps à rallonge, en notre souvenir.
Pour les bonnes fraîcheurs de novembre, pour les fantômes d'enfants, pour les ruisseaux qui n'existent plus, pour les fleuves qui ne voient plus l'océan, pour toutes les fois où j'ai renoncé et où j'ai dû me rendormir, comme attaché aux souvenirs, rampant dans un demi-sommeil nébuleux, voleur de matelas sur des rails de tramway.
J'ai dû trembler pour mon ciel, c'est maintenant ton firmament.
Cette terre, souvenir de tes bras à rallonge, de tes sourires imminents, immobiles dans un élan d'ammoniaque.
J'entends battre dans le fond de ton ventre un souffle, une amertume, un désir.
J'entends, mais je ne sais pas ; je ne sais rien.
Je l'entends battre, ce cœur qui n'est plus le tien, c'est déjà celui de quelqu'un d'autre.
Je n'entends même plus la solitude, ni même la peur. Je sens la foule qui applaudit, et tu me reprends dans tes bras.
Dans l'ombre d'une porte, au bout d'une nuit sans étoile, le soleil repointe son nez, brisant de ses larges lames l'obscurité de ton cœur.
Comment se rappeler de ce qu'on ne pourrait voir ?
Et pourtant, je l'ai vu ce jour-là, les portes des voisins projetaient sur nous des ombres, sur ce que nous n'étions pas.
J'ai repris le chemin du rail, dans un demi-sommeil immortel, à la triple gorgée d'un rêve utopique.
Demain, déesse ; aujourd'hui, rêve, entouré du silence et du vide de la ville défigurée.
Je t'aime, c'est réciproque, c'est tout ce qui reste de ce soir-là.
Mais au-dessus des arènes, l'aube pointe son nez, amour éternel sur la piste ensablée, assis sur des planches en bois.
VOUS LISEZ
Poésie sans histoire
PoetryVoilà une poésie sans histoire, sans poète, sans beauté. C'est à peine une poésie, le partage d'un être désespéré, Un appel au secours, peut-être ? Qui sommes-nous dans ce monde à la dérive ? Où est la beauté dans l'asservissement ? Est-ce le même m...