Chapitre huit

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Trois semaines se sont écoulées depuis ce premier câlin, et beaucoup de choses ont changé entre Harry et moi. Dès cet instant, il s’est montré comme un véritable ours en peluche, réclamant tendresse et contact à chaque instant. Quand on dort, il me serre dans ses bras, comme un gamin serrerait un doudou. Et ça ne s’arrête pas là : quand on se lave les dents ensemble, il en profite pour rester proche, même si, à chaque fois, je me retrouve à lui essuyer les coins des lèvres parce qu’il s’en met partout avec le dentifrice.

Que ce soit quand je cuisine, quand on regarde la télé, ou même sans raison particulière, Harry est toujours là, trouvant une excuse pour me câliner. Je m’étais promis d’y résister au début, histoire de ne pas laisser ma fierté se faire entamer. Mais il a suffi de deux jours, et de ces grands yeux verts me fixant avec une admiration sans borne, pour que je laisse tomber les armes.

Ce regard me déstabilise complètement ; ça gonfle ma fierté, et en même temps, ça me touche plus profondément que je ne veux l’admettre. Harry me regarde comme si j’étais la septième merveille du monde, un héros à ses yeux, et cette admiration me fait me sentir spécial d’une manière que je n’ai jamais ressentie auparavant.

Depuis trois semaines, j’ai aussi appliqué les conseils du docteur Rider avec assiduité, et les progrès sont flagrants. Chaque jour, Harry gagne en autonomie. Je n’ai plus besoin de lui rappeler d’aller chercher le courrier ou de dresser la table ; il le fait de lui-même, sans hésitation. Même pour se laver, il a pris l’habitude de le faire sans que je ne lui rappelle. Sa confiance grandit, et je sens que ce petit pas vers l’indépendance le rend heureux.

De mon côté, les choses évoluent également. Mes cours et mon stage à l’hôpital sont une vraie révélation. J’ai rencontré des collègues de mon âge avec qui je m’entends bien, et chaque journée passée à l’hôpital me confirme que je suis à ma place. J’apprends, je soigne, et je m’épanouis dans ce que je fais. Je sens que je fais quelque chose d’utile, de concret, et ça me remplit de fierté.

Quant à Harry, il continue de progresser dans ses études, et ses notes sont toujours excellentes. Il est aussi beaucoup plus détendu, moins timide, et son évolution n’échappe pas aux yeux du docteur Rider, qui m’a envoyé un mail pour me faire part de ses observations. Il m’a d’ailleurs proposé de le voir la semaine prochaine pour signer l'autorisation pour une sortie au musée qu’ils ont prévue avec la classe d’Harry.

Je suis installé dans le canapé avec mon ordinateur portable, en train de répondre au message du docteur, lorsque j’entends une voix joyeuse résonner à travers le salon.

— Lou ! s’écrie Harry en courant jusqu’à moi, pour finir par se laisser tomber à mes côtés.

Sa tête trouve rapidement sa place contre mon épaule et sa main sur la mienne posée sur ma cuisse, un réflexe pour lui désormais.

Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je termine mon message.

— Qu’est-ce qu’il y a, Haz ? Je demande d’un ton affectueux.

— Jules et Enola vont à la piscine ! On peut y aller, nous aussi ?

Je termine d’écrire ma réponse au docteur et l’envoie avant de fermer l’ordinateur et de le poser sur la table. En me tournant vers Harry, je remarque qu’il me regarde avec une expression d’espoir mêlée d’innocence, ses grands yeux brillants cherchant à me convaincre.

Je secoue la tête en riant doucement avant de lui ébouriffer les cheveux.

— Tu te sens pas encore capable de prendre le bus seul ? Ou même avec le chauffeur ? Je tente.

Il baisse légèrement les yeux, comme un peu gêné.

— Peut-être… mais… je voulais y aller avec toi...

NÉGATIF {L.S} short storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant