Chapitre 3 : Une complicité retrouvée

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L'après-midi s'étirait doucement en soirée tandis qu'Élisa et Nathan erraient dans les rues animées, leur complicité grandissante à chaque pas. Ils s'arrêtaient devant les étals des marchés, observaient des artistes de rue, goûtaient aux spécialités locales. Élisa se surprenait à sourire, à rire même, d'un rire qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps. C'était comme si, au contact de Nathan, elle redécouvrait une partie d'elle-même qu'elle avait étouffée, une part d'elle insouciante et libre.

Ils arrivèrent devant une grande place illuminée par des guirlandes lumineuses suspendues entre les bâtiments, dégageant une ambiance chaleureuse et presque magique. Au centre, un groupe de musiciens jouait des airs jazzy, et des couples dansaient au rythme de la musique. Nathan lui jeta un coup d'œil amusé.

__ Ça te tente ? demanda-t-il en désignant les danseurs.

Elle rit, secouant la tête.

__ Je n'ai pas dansé depuis... je ne sais même plus combien d'années.

__ Parfait. Ça veut dire que tu n'as aucune raison d'essayer d'être parfaite. Allez, viens !

Sans attendre sa réponse, il lui prit la main et l'entraîna vers le centre de la place. Elle eut d'abord un mouvement de recul, se sentant soudain très consciente de chaque regard, de chaque geste. Mais la douceur de la main de Nathan dans la sienne et son sourire apaisant dissipèrent ses dernières réserves. Ils se mirent à danser, maladroits au début, riant de leurs faux pas, se cognant parfois contre d'autres danseurs, puis trouvant peu à peu un rythme commun.

Pour Élisa, c'était comme une libération. Elle n'avait jamais ressenti une telle légèreté. Son regard s'accrochait à celui de Nathan, qui ne la quittait pas des yeux. Dans ce moment suspendu, le reste du monde disparaissait, ne laissant plus que leurs pas, leurs rires et cette connexion qui semblait se renforcer à chaque instant.

Quand la musique se termina, Élisa était essoufflée, mais son cœur battait encore avec force. Nathan, lui, ne la quittait pas du regard, ses yeux pétillant d'une intensité qui la déstabilisait.

__ Je n'ai jamais... ressenti ça, avoua-t-elle, tentant de reprendre son souffle.

__ Ça, c'est parce que tu t'es laissé emporter pour la première fois, répondit-il doucement.

Ils échangèrent un sourire complice, et Élisa réalisa qu'elle se sentait bien, simplement bien, pour la première fois depuis des années. Avec Nathan, elle n'avait pas besoin de jouer un rôle ou de cacher ses doutes. Il semblait voir à travers elle avec une clarté qui la déconcertait autant qu'elle la rassurait.

Ils continuèrent à marcher, la nuit tombant lentement sur la ville. Nathan la guida jusqu'à un petit parc caché derrière les bâtiments, un lieu tranquille et presque secret. Ils s'assirent sur un banc, entourés de fleurs et d'arbres illuminés par des lampadaires discrets.

__ Pourquoi moi ? demanda-t-elle soudainement, brisant le silence. Pourquoi tu m'as choisi dans cet aéroport, parmi toutes les autres personnes ?

Nathan la fixa, son regard s'adoucissant.

__ Parce que, quand je t'ai vue, j'ai reconnu quelque chose en toi. Cette part de toi qui rêve de liberté, mais qui n'ose pas encore s'y abandonner. Et... peut-être parce que je ressens la même chose. Parce que moi aussi, je suis encore en quête de quelque chose, même si je ne sais pas encore quoi.

Elle sentit un frisson la parcourir. Ses mots résonnaient en elle, éveillant des questions qu'elle avait toujours ignorées. Elle baissa les yeux, soudain troublée par ce qu'elle ressentait. Nathan n'était pas seulement une distraction, il était en train de devenir bien plus que ça.

__ Tu sais, poursuivit-il d'une voix douce, j'ai passé des années à voyager pour me trouver. Mais ce que je commence à comprendre, c'est que les voyages extérieurs ne suffisent pas toujours. Parfois, on a besoin de quelqu'un d'autre pour se révéler à soi-même.

Leurs regards se croisèrent à nouveau, et dans cette lueur qu'elle voyait briller dans ses yeux, Élisa comprit qu'il y avait une profondeur à cette rencontre, quelque chose qui dépassait l'aventure spontanée. Elle se sentait comme face à un précipice, terrifiée mais irrésistiblement attirée.

Elle inspira profondément, rassemblant son courage.

__ Et si, pour une fois, on cessait de fuir ? Si on arrêtait de chercher sans arrêt et qu'on acceptait simplement... ce qu'on ressent ici et maintenant ?

Nathan hocha lentement la tête, un sourire tendre aux lèvres.

__ Je n'ai pas toutes les réponses, Élisa. Mais je sais que, pour la première fois depuis longtemps, je n'ai plus envie d'être ailleurs qu'ici, avec toi.

Il tendit la main, hésitant un instant comme pour s'assurer de son consentement, et elle entrelaça ses doigts avec les siens, son cœur battant à tout rompre. Elle se rapprocha de lui, et leurs visages étaient si proches qu'elle pouvait sentir la chaleur de son souffle contre sa peau.

Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser doux et hésitant, comme une promesse silencieuse. Le temps sembla s'arrêter, tout le reste disparaissant autour d'eux.

Quand ils se séparèrent, Élisa sentit une vague de bonheur et de peur la traverser. Elle savait que ce qu'elle vivait avec Nathan était fragile, précieux, et qu'elle tenait entre ses mains quelque chose qui pourrait la changer à jamais.

Cette nuit-là, ils restèrent dans le parc jusqu'à ce que les premières lueurs de l'aube apparaissent. Ils parlaient de tout et de rien, de leurs rêves et de leurs peurs, s'ouvrant l'un à l'autre comme deux âmes qui s'étaient trouvées malgré le hasard de la vie.

Et tandis qu'Élisa regardait le ciel s'éclaircir, elle se surprit à espérer. Peut-être que, pour la première fois, elle avait trouvé plus qu'un simple échappatoire.

A l'ombre de nos souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant