Chapitre 4 : Les non - dits

2 0 0
                                    



Chapitre 4

Le soleil commençait à poindre lorsque Nathan et Élisa quittèrent le parc main dans la main. La ville s'éveillait doucement autour d'eux, mais eux semblaient perdus dans leur propre univers, encore portés par l'intimité de la nuit passée. Chaque regard échangé, chaque sourire esquissé semblait désormais chargé d'une signification nouvelle, d'une complicité qui les liait bien au-delà de cette rencontre imprévue.

Ils finirent par trouver un petit café ouvert, niché dans une ruelle pavée, où le parfum du café et des viennoiseries fraîches les enveloppa aussitôt. L'endroit était encore désert, et ils prirent place près de la fenêtre, où la lumière dorée de l'aube caressait doucement leurs visages.

Élisa observait Nathan avec une tendresse qu'elle ne s'était jamais permise de ressentir pour qui que ce soit. Dans cet homme qu'elle connaissait à peine, elle avait trouvé une âme résonnant avec la sienne, une liberté qui l'attirait autant qu'elle l'effrayait. Elle sourit en le voyant s'étirer avec nonchalance, encore ensommeillé, comme s'ils partageaient depuis toujours cette intimité tranquille.

Ils commandèrent leurs cafés, et pendant un moment, ils restèrent silencieux, se contentant d'apprécier la présence de l'autre. Pourtant, quelque chose en elle se mettait peu à peu à douter, un léger tourment prenant forme au fond de son esprit. Était-ce réel ? Ou n'était-ce qu'une parenthèse fugace, un rêve éphémère qui disparaîtrait aussi vite qu'il était apparu ?

Comme s'il avait deviné ses pensées, Nathan posa doucement sa main sur la sienne, ses doigts entrelaçant les siens avec douceur.

__ À quoi penses-tu ? demanda-t-il d'une voix calme.

Élisa hésita, cherchant ses mots.

__ Je suppose que... j'ai peur de me réveiller, murmura-t-elle, baissant les yeux. De découvrir que tout cela n'était qu'un moment suspendu, quelque chose d'irréel...

Nathan hocha la tête, son regard doux et compréhensif.

__ Je comprends. Parfois, ce qui semble trop beau pour être vrai nous paraît éphémère. Mais ce que je ressens ici et maintenant... pour moi, c'est bien plus qu'un simple rêve.

Elle leva les yeux vers lui, et dans la sincérité de son regard, elle sentit ses doutes vaciller. Peut-être que ce moment était véritablement unique. Peut-être que, cette fois, elle pouvait se permettre de le vivre pleinement sans chercher à savoir combien de temps il durerait.

__ Et toi, qu'est-ce que tu cherches vraiment, Nathan ? osa-t-elle enfin demander, sentant que c'était peut-être le moment de connaître un peu plus de cette âme mystérieuse.

Nathan laissa un silence planer avant de répondre, les yeux perdus dans le café devant lui.

__ J'ai passé des années à voyager, à bouger sans jamais vraiment m'arrêter, dit-il d'une voix basse. J'avais l'impression que, si je ralentissais, je risquais de me retrouver seul face à des questions que je ne voulais pas affronter. Alors j'ai fui, encore et encore, me disant que le prochain endroit serait celui où je me sentirais enfin chez moi.

Élisa serra doucement sa main. Elle comprenait ce sentiment. Elle-même avait souvent cherché à combler ses insatisfactions par une carrière bien réglée, par des objectifs clairs, jusqu'à en oublier l'essentiel.

Nathan la regarda, un léger sourire aux lèvres.

__ Mais maintenant que tu es là, Élisa, je sens... pour la première fois, que je pourrais peut-être arrêter de fuir.

Ces mots résonnèrent en elle comme une douce promesse. Elle sentit son cœur s'emballer, et malgré elle, une peur familière refit surface. Elle avait trop souvent fermé son cœur, craignant d'aimer trop intensément, de donner sans recevoir. Pourtant, en cet instant, elle avait l'intuition que Nathan pouvait voir au-delà de ses défenses, et que cette fragilité qu'elle avait toujours cachée ne l'effrayait pas.

Ils passèrent la journée à explorer la ville, comme deux âmes libres, partageant rires et conversations profondes, s'attardant dans chaque lieu comme s'ils y laissaient une part d'eux-mêmes. Le soir venu, ils se retrouvèrent dans un jardin botanique niché en hauteur, d'où ils avaient une vue panoramique sur la ville éclairée. Les lumières scintillaient comme des étoiles en contrebas, tandis que le vent léger faisait danser les feuilles autour d'eux.

Nathan se tourna vers elle, ses yeux plongés dans les siens, et pour la première fois, Élisa n'eut pas envie de fuir. Elle sentit sa main glisser doucement contre sa joue, et il s'approcha, ses lèvres frôlant les siennes dans un baiser profond, doux et intense. Elle ferma les yeux, se laissant emporter par l'instant, ancrée dans la certitude qu'elle était exactement là où elle devait être.

__ Élisa, murmura-t-il doucement contre ses lèvres, et si on arrêtait de tout questionner ? Juste pour ce soir. Et si on vivait simplement ce qui est là, entre nous ?

Elle hocha la tête, incapable de répondre autrement que par un sourire. Pour la première fois, elle acceptait d'être vulnérable, d'ouvrir son cœur à l'inconnu.

Ils restèrent ensemble dans le jardin, observant le ciel se teinter de nuances de nuit. Et, main dans la main, ils se firent la promesse silencieuse de vivre cette aventure sans se soucier du lendemain, de se donner la chance de découvrir ce qu'ils pouvaient être l'un pour l'autre.

Ce soir-là, Élisa sentit que quelque chose avait changé en elle. Les craintes et les doutes qui l'avaient toujours accompagnée semblaient s'effacer dans l'obscurité de cette nuit, remplacés par une confiance nouvelle. Peut-être que la vie pouvait offrir des moments comme ceux-ci, où le cœur trouvait enfin son propre chemin sans besoin de justification.

Ils marchèrent ensemble, leurs pas résonnant doucement dans le silence, et pour la première fois, Élisa sentit qu'elle avait cessé de chercher ailleurs. Car, dans ce jardin, sous le ciel étoilé et aux côtés de Nathan, elle avait enfin trouvé son propre chez-soi.

A l'ombre de nos souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant