Chapitre 25: Supercherie

42 10 41
                                    

Ces cris révoltants s'élevant d'un côté comme de l'autre envahissait le commissariat de toute part. Une paire de détenus ne pouvaient plus se contenir de cracher leur haine sur les officiers. Dès que ceux-ci affirmaient leur présences dans les couloirs par le biais de la parole et de leur mouvements agités, les prisonniers agressifs se remettaient à tonitruer dans leur cage avec l'espoir d'être entendus et relâchés, sans l'ombre d'un doute. Restreint à porter une tenue de taulard, Hanma Shuji se laissait emporter en silence. Ses vêtements de civil faisait actuellement l'objet d'examen intensive auprès de la police scientifique. Le jeune homme aurait très bien pu se douter qu'il ferait face à une inculpation pour s'être promené tâché de gouttes de sang, toutefois il ne s'était pas imaginé avoir à gérer une peine si grande. De son point de vue, ses vêtements tâché aurait pu être interpréter de différentes façons. Si l'incident avec Hajime Kokonoi n'avait pas suivi leur venue, il aurait très bien pu s'en sortir avec une simple excuse du genre "J'ai saigné du nez, je rentre chez moi me changer tout de suite." Chez Kazutora, il avait tout de même pu se débarrasser du plus voyant, se lavant les mains plusieurs fois et passant un petit coup d'eau rapide sur les tâches les plus visibles; il fallait croire que cela n'avait pas été suffisant.

Le gardien de prison qui l'avait escorté en salle d'interrogatoire venait de toquer plusieurs fois sur le bois de la porte histoire d'annoncer sa présence avant de se permettre et faire son entrée dans la pièce. Hanma dépassait de quelques centimètres l'homme qui le maintenait sur place. Son penchant pour la bagarre et son côté étourdi se demandait si il serait capable de le mettre au sol, mais bien entendu, il allait se réfréner de mettre à l'œuvre ses pensées déraisonnables et se contenterait simplement d'agir rationnellement.

Shuji fut bien vite invité à prendre place face au cinquantenaire qui le scrutait d'un mauvais œil. De ce qu'il savait, Baji Keisuke était déjà passé par-là et ce seulement quelques minutes avant lui. L'avoir croisé dans les couloirs pouvait le lui confirmer. Sans prononcer un mot de plus à l'égard du juge d'instruction de mauvais poil, le gendarme s'était mis en retrait avant de quitter la salle, laissant son collègue gérer cette affaire comme à l'accoutumé. Celui qu'on appelait "l'accusé", se retrouvait maintenant dans la même position que Keisuke un peu plus tôt; installé et prêt à subir son interrogatoire, menotte aux poignets. Conscient d'être déjà en proie aux critiques à cause des mauvaises présomptions contre lui de part son statut social, le jeune homme n'en paraissait pas moins assuré qu'à son habitude; il n'était pas du genre à céder à la panique quel qu'en soit la situation. ouvrant ainsi en grand les oreilles, il s'était préparé antérieurement à devoir repasser ces interrogatoires bassinants à un moment au court de sa vie. La seule chose qui différait depuis ses derniers passages en salle d'examen, était la personne à charge de ces entretiens. Jamais auparavant Shuji n'avait eu à faire avec cet homme aux petits yeux noirs, une monture lui était posée sur le nez et ses joues étaient légèrement creuses. Son visage inamical était habillé de petites rides sur le front et dans le coin de ses yeux.

- Monsieur Hanma Shuji, j'aurai été honoré de vous rencontrer en personne si votre statut en tant que célébrité n'était pas celui d'un dangereux criminel.

L'intéressé pouvait ressentir de loin l'hypocrisie présente à travers les propos du plus âgé. Sa figure demeurait impassible. L'homme placide qu'il était ne se sentait pas affecté le moins du monde par ces sous-entendus sur sa personne; ce qu'on pensait de lui, il s'en fichait éperdument pour dire vrai. Soulignant son arrogance certaine par un petit sourire, Shuji joua le jeu.

- En tout cas on dirait que mon nom fait encore fureur.

Souriant à pleines dents à son tour, le juge d'instruction émit un petit grognement satisfait avant de bouger avec lenteur sur son siège. Réajustant les bordures de ses manches, il semblait vouloir faire perdurer l'attente afin d'y installer plus de tension que nécessaire. La petite boite à enregistrement disposé entre eux plongeait déjà Hanma dans l'atmosphère de l'interrogatoire. Il avait assez hâte de voir comment procéderait cet homme-ci histoire d'apprendre à le cerner rapidement. Une chose était sûr, il ne ressemblait en rien au genre de personne qui se laissait marcher dessus. Sa carrure n'était pas la plus impressionnante aux yeux de Shuji, toutefois, une aura charismatique digne de ce nom se dégageait de lui et il pouvait la ressentir.

L'accusé ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant