Épilogue

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5 ans plus tard :

Les arbres défilent un à un devant moi, à travers la fenêtre de la voiture. C'est si paisible. Quand je pense qu'Ophélie ne peut même pas en profiter, ça me brise le cœur... Mais bon, il faut bien que quelqu'un conduise et, moi, je ne peux pas. Enfin, non, ce n'est pas exactement ça. Pour être plus précise, c'est que je n'ai jamais souhaité réapprendre. Après l'incident du diner de famille, je me suis réveillée à l'hôpital où les médecins m'ont appris que le coup que j'ai reçu allait me laisser des séquelles. Ce salaud ne m'a pas raté, je pouvais à peine bouger mes bras les jours suivant mon réveil. J'ai subi des mois et des mois de rééducation, un suivi psychologique intégral et j'en passe. Donc, quand j'ai pu me mouvoir correctement à nouveau, je me suis rendu compte que ma capacité à conduire avait disparu. Je n'avais plus de réflexes, mes mouvements étaient trop lents et hésitants... En gros, il fallait que je repasse mon permis et j'ai eu la flemme. Je pense que le pire dans tout ça c'est le fait que ce type n'a absolument rien pris. La quasi-totalité de sa famille a témoigné en sa faveur lors du procès, en disant qu'il ne faisait que se défendre. Résultat, il a gagné et je n'ai eu aucune compensation.

Mais bref, ce n'est pas le plus important ou, du moins, ce n'est pas la seule chose qui s'est passé entre aujourd'hui et mon agression. Déjà, ma copine a coupé les ponts avec sa famille. Ils ne voulaient plus d'elle, c'était réciproque, alors elle les a bloqués de partout. La seule avec qui elle a continué de parler c'est sa mère, elle ne pourrait jamais cesser d'aimer sa fille, bien qu'elle sorte avec « un trans ». Ensuite, nous avons emménagé ensemble dans une autre ville peu après notre mariage. On voulait mettre le plus de distance possible avec ma belle-famille sans pour autant nous retrouver à 3h de trajet de nos amis. Nous enseignons donc dans un nouvel établissement, certes moins prestigieux, mais qui a tout autant de charmes.

D'ailleurs, en parlant d'amis, plein de choses se sont aussi passé avec eux. Léa, par exemple, a enfin réussi à se trouver un mec qu'elle n'a pas quitté au bout de deux mois, ce qui est à mon avis un grand pas en avant. Antoine, lui, est décédé il y a un an, un cancer fulgurant causé par une vie de fumeur. Le pauvre n'a pas pu profiter ni de sa retraite, ni de ses petits-enfants. A son enterrement, je me suis rappelée de toutes les fois où il m'a aidé, que ce soit en expliquant aux autres profs que me mégenrer était stupide et puéril lorsque j'étais lycéenne, ou toutes les fois où il m'a déconseillé de fumer. J'ai eu de la chance, j'ai réussi à sortir du cannabis, le tabac ne l'a malheureusement pas laissé faire. Enfin, Théo (bien qu'il ne soit PAS un ami), a eu ce qu'il méritait. J'ai mis beaucoup de temps à oser l'attaquer en justice, ce n'est que quand une élève à parler à la vie scolaire des comportements déplacés qu'il a eus avec elle que j'ai réussi à le faire à mon tour. Peu à peu, d'autres femmes, des lycéennes, des collègues, certaines de ses amies et même sa propre sœur ont tour à tour porté plainte contre lui. Il purge désormais sa peine, loin des dames qu'il a pris tant de plaisir à agresser.

Une introspection sur le chemin parcouru ? Check. Maintenant, j'ai plus qu'à expliquer ce qui passe en ce moment... Pff, ce que j'suis capable de faire lorsque j'me fais chier quand même...

Si Ophélie et moi sommes en voiture, c'est pour une raison toute simple : son père est mourant. Alors, bien sûr, c'est assez illogique vu comme ça ; nous le détestons, il me déteste, donc nous n'avons aucun intérêt à venir. Pourtant, sa mère a tellement insisté qu'on a fini par accepter. Nous voilà ainsi en route pour l'hôpital afin de lui dire un dernier au revoir... ou lui cracher une dernière fois au visage dans mon cas.

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Une dernière manœuvre et hop, nous voilà garée devant le C.H.U. La dame de l'accueil nous donne les directions jusqu'à la chambre 512 et nous toquons. Axelle, ma belle-mère, nous ouvres et nous entrons dans la pièce. Nous sommes accueillis par une quinte de toux venant d'Olivier, mon beau-père, qui s'efforce de se redresser dans son lit. Il a le teins pâle et de gros cernes sous les yeux, mais il arbore tout de même un sourire sur son visage, un sourire qui ressemble presque à de la sincérité.

Appelle moi Maxine !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant