Un autre mois est passé et peu de choses ont changé. Je suis restée avec Théo (bien que je sois obligée de cacher ma relation à Léa au risque qu'elle ne m'étripe), je bois toujours autant, je pense encore à Ophélie... Bref, le seul changement vraiment significatif qui m'est arrivée durant les trente derniers jours, c'est le fait que j'ai (re)commencé à fumer des joins.
Au début, je piquais discrètement un peu de drogue à Théo lorsqu'il avait le dos tourner pour en profiter seule chez moi. Ensuite, quand il s'en est rendu compte, il m'a présenté son dealeur pour que je m'achète ma propre beuh. Depuis, mes séances de fumettes, jusque là occasionnelles, sont devenues bien plus fréquente.
Bon, c'est bien beau de récapituler ma vie, mais il faudrait que je me lève moi. C'est donc avec très peu d'entrain que je me glisse hors de mon lit pourtant si moelleux. Je passe une jambe par dessus le rebord du matelas, puis l'autre avant de poser mes pieds nus sur le plancher froid de ma chambre. Le frisson qui me parcours le dos me fait déjà regretter ma décision d'écourter ma grasse matinée, mais je n'ai pas le choix, j'ai des courses à faire.
Enfin, je me lève et me dirige vers mon placard pour m'habiller. Je fouille à l'intérieur pendant quelques minutes avant de trouver des vêtements confortables pour la journée. J'enfile un jogging, un t-shirt ainsi qu'un hoodie avant de sortir de ma chambre, ainsi toute vêtue de noir. Je sors de chez moi sans passer pour autant par la cuisine comme je le fais d'habitude, trop pressée de retourner dans mon lit pour perdre du temps à manger.
J'ouvre la porte du hall de mon immeuble et m'engage sur le trottoir. C'est un de ces jours, ceux où mon traitement hormonal me fait sentir comme une femme cis à cause des douleurs en bas de mon abdomen. Je n'ai aucune envie que quiconque interagisse avec moi aujourd'hui, je mets donc un airpod dans chacune de mes oreilles avant de glisser ma capuche par dessus mon crâne. Je lance ma playlist sur mon téléphone et Working for the knife de Mitski commence à jouer dans mes écouteurs. Parfait me dis-je, la musique m'aidant déjà à allez mieux.
Au bout de quelques minutes, j'arrive enfin au supermarché. Je m'arrête devant les portes automatiques pour répéter mentalement ma liste de course une dernière fois : beurre, lait, céréale, café, bière, truc facile à micro-onder, truc facile à micro-onder MAIS avec des légumes pour avoir bonne conscience, pates...
Alors que je ressasse chacun de mes plats de la semaine dans ma tête, un bruit viens me déranger : celui d'une chute. Mais, pas n'importe laquelle, celle de quelqu'un ayant une voix très similaire à celle d'une personne que je connais très bien. Je me retourne et vois Théo sur le trottoir d'en face qui se relève péniblement, les dents serrées à cause de la douleur. À côté de lui se trouve une fille que je ne connais pas, sûrement une de ses amies, qui l'aide à se remettre debout en lui demandant si tout va bien.
Je ressens une sorte de jalousie en voyant cette scène. Certes, mon esprit est sûrement corrompu par toutes les mauvaises expériences amoureuses auxquels j'ai fait face, ce n'est probablement qu'une pote et je ne devrais pas m'inquiéter. Cependant, on m'as tellement fait le coup du « T'inquiète c'est juste un.e copain.ine. » dans ma pauvre vie que je n'arrive pas à lever le doute dans mon cœur.
Bon, je sais qu'à la base je comptais rentrer le plus tôt possible, mais je préfère le suivre et être sûre de la fidélité de mon chou plutôt que de simplement acheter ma bouffe et me poser encore et encore la question sans pouvoir trouver le sommeil ce soir.
Théo et l'autre pouffiasse (je ne la connais pas mais je la déteste déjà) reprennent donc leur marche tandis que je reste à distance pour les surveiller. Je n'ai pas à les observer longtemps puisqu'ils rentrent rapidement dans un immeuble qui m'est inconnu. Je m'empresse de bloquer la porte du hall principale avant qu'elle ne se referme et qu'elle ne me coince dehors. Heureusement, ils ne me remarquent pas et commencent à monter les escaliers jusqu'au prochain étage. Je n'ai pu les voir qu'un bref instant mais je crois avoir entraperçu Théo glisser sa main vers les fesses de son "amie". Non, je ne le crois pas, j'en suis sûre. J'aurais pu le parier ! Cela ne fait que booster ma détermination, j'entre donc dans le bâtiment, prête à régler des comptes si nécessaire.
Je monte une marche, puis l'autre, puis encore une autre, chacune me faisant ressentir le poids du stress sur mes épaules, l'anticipation de ce qu'il va se passer dans peu de temps. Quel est mon plan précisément ? J'entre et je demande des explications à Théo ? Mais, si je fais ça alors qu'il est bel et bien fidèle, j'aurais l'air d'une folle complètement jalouse. Et puis, même si j'ai raison, ça voudra juste dire que je me suis encore faite trompé.
Mon envie de faire demi-tour ne fait que croitre alors que je grimpe ces maudits escaliers et, alors que l'angoisse avait entièrement remplacé la fureur qui m'animait, je me suis rendu compte que j'étais déjà arrivée devant la porte de l'appart dans lequel ils sont rentrés.
Je prends une longue inspiration pour me redonner un peu de courage. Je place ma main sur la poignée et l'enfonce pour entrée à mon tour. La porte s'ouvre silencieusement et je m'avance à pas de loup jusqu'au salon d'où j'entends déjà émané des bruits débordant de passion.
J'entre et vois mes doutes se confirmer : Théo, allongé sur le canapé, tandis que l'autre s'occupe de lui dévorer l'intérieur de la bouche. Alors que le choque me gagne, je repense au mois dernier, quand Ophélie m'a pris à part pour me dire que Théo l'avait dragué. Elle disait la vérité, elle voulait me prévenir, mais je ne l'ai pas écouté. J'ai préféré faire la sourde oreille et me dire qu'elle me voulait juste du mal.
J'inspire lentement pour me concentrer à nouveau sur l'instant présent, et j'expire pour me donner du courage. J'éclairci ma voix avec un bruyant « Hum-hum » afin qu'ils arrêtent leur baisé dégoulinant d'affection et, effectivement, ils se sont stopper pour regarder dans ma direction. En m'apercevant, un air honteux et coupable apparaît sur le visage de Théo pendant que son amante me demande qui je suis et ce que je fous là, furieuse. Je lui réponds que j'ai suivi mon mec car je le soupçonnais d'être infidèle et que j'avais eu raison de le faire. Et, à partir de cet échange chargé de mépris l'une envers l'autre, une dispute a éclaté.
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Je ne me souviens pas entièrement de l'altercation d'hier, mon esprit était trop embué par la colère et la tristesse pour que je puisse m'en rappeler clairement. Mes seuls souvenirs sont les insultes qui fusaient à tout va, Théo qui essayait de me reconquérir malgré le fait que je l'ai littéralement surpris avec une autre fille, quand je suis sortie en pleure de l'appart, quand je suis passé chez le dealeur de Théo pour lui acheter ce qu'il avait de plus fort, ainsi que le moment où je suis rentrer chez moi. Après ceci, plus rien, un vrai blackout. En même temps, c'est pas compliqué de deviner ce que j'ai fait après : je me suis défoncer avec une substance qui m'est complètement inconnu jusqu'à ce que je m'endorme sur... sur quoi d'ailleurs ?
J'utilise mes bras engourdi pour changer de position et arrêter d'être face-contre-terre. Me trouvant à présent sur mon côté gauche, je peux constater que j'ai passé la nuit sur le doux carrelage de ma cuisine. C'est avec peine que j'arrive à me relever, mon dos me fait mal et il est évident que je devrais me reposer encore un peu, mais il faut que je retrouve mon téléphone, sinon je n'ai aucun moyen de savoir quel jour il est ou si je l'ai utilisé à mauvais escient durant mon trip.
Je marche lentement, chaque pas me faisant vaciller à cause de mon poids. J'erre durant quelques minutes dans mon foyer avant de trouver mon hoodie, étaler sur le sol de ma chambre. J'ai surement dû avoir trop chaud et je l'ai enlever sans faire attention à mon téléphone qui, je l'espère, se trouvait encore dans ma poche. Je m'accroupis pour le récupérer avant de perdre l'équilibre et de me rattraper in-extremis grâce à mon lit. Je glisse ma main dans la poche de mon habit où se trouvait belle et bien mon Iphone. Grâce à un ultime effort, j'arrive à escalader mon sommier et à m'allonger sur mon doux matelas, complètement épuisée.
J'appuie sur l'écran de mon portable et vois s'afficher :
2%
Dimanche 17 novembre
13h28
Je le mets en mode veille, ma batterie ne me permettant pas de le regarder encore très longtemps. De toutes façon, je suis complètement explosé de fatigue, je n'ai aucune envie de regarder quoi que ce soit dessus. J'attrape le chargeur sur ma table de nuit et branche mon téléphone avant de le déposer à côté de moi. Mes yeux se ferment doucement et je peux déjà sentir le sommeil me gagné. Je le laisse faire, trop lasse pour résister à quoi que ce soit.
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Appelle moi Maxine !
RomanceMaxine est une jeune femme de 27 ans, célibataire et lesbienne qui vit une vie relativement normale. Elle a des ami.es, une famille qui la soutient, un travail, son propre appart... Seulement une chose la différencie des autres : sa transidentité. D...