chapitre 10 十

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— Maitre ? Quand pourrais-je revoir papa et maman ? Ils ont dit "bientôt, bientôt nous nous retrouvons" mais ils ne sont toujours pas rentrés..

— Que t'ai-je déjà dit ? Pas de mouron à se faire, gamin. Souvent, les parents doivent partir pour donner une vie meilleure à leur enfant, et leur absence provoque un manque qui saura te faire apprécier d'autant plus leur présence.

— Je sais mais..

— Ne crains rien, Su Zaosheng, continua Lan Xiao en étirant un sourire rassurant. Toute épreuve n'est là que pour une bonne cause.

⠀⠀⠀⠀Les inquiétudes du petit s'accentuaient jour après jour, semaine après semaine.. mois après mois. Au plus grand désespoir de Lan Xiao qui ne cessait de trouver des excuses à ses parents ! Il était évident que Su Bao et Wen Gansu se contrefichaient éperdument de leur progéniture. Pourquoi diable enfanter, dans ce cas ? Ce mystère demeurerait complexe, et le débat, stérile. Lan Xiao ne possédait pas de fils ou de fille, il avait toujours privilégier sa carrière de médecin légiste et pour rien au monde il ne regretterait son choix.

⠀⠀⠀⠀Su Bao et Wen Gansu avait fini par privilégier leur couple avant toute chose, amenant ainsi la disparité progressive de leur enfant et de revenus financiers stables dans leur quotidien. Ils dépensaient souvent plus que ce qu'ils obtenaient, et ils réalisaient de multiples aller-retours dans la vie de leur fils. Au plus Su Zaosheng grandissait, au plus le couple estimait qu'il n'avait plus besoin d'être materné. Pour se dédouaner d'une potentielle culpabilité, ils avaient ainsi confier le gamin à Lan Xiao, leur docteur et ami de longue date. Lan Xiao n'avait jamais admit un tel comportement. Que pouvait-il bien y faire, néanmoins ? Cet homme et son épouse étaient des adultes normalement constitués ! Ils ne possédaient pas une enfance difficile ou n'avaient pas survécu à de lourds traumatismes.. Simplement, Su Bao et Wen Gansu demeuraient être des parents plus que défaillants.

⠀⠀⠀⠀Pour l'heure, le docteur espérait que les craintes du petit puissent s'amoindrir. Il fit couler au sein d'une tasse un peu de thé tandis que durant ce silence religieux, les réflexions du gamin s'étaient déjà portées sur un autre sujet :

— Maitre, recommença t-il. Est-ce que tu as peur de la mort ?

— Pas spécialement, non. Prendre soin des défunts depuis aussi longtemps a profondément changé ma vision des choses, je suppose.

⠀⠀⠀⠀Lan Xiao ne proposa guère la préparation de son thé à l'enfant qui n'appréciait que peu ces boissons ultra chaudes.

⠀⠀⠀⠀Su Zaosheng préférait consommer froid toute chose : aliment liquide et solide tout comme les boissons. S'il pourrait manger de la neige, il le ferait ! s'était un jour étonnée sa génitrice.

— Mais comment fais-tu pour ne pas être dégoûté ? Ils empestent ! Les morts dégagent une odeur immonde ! grimaça Su Zaosheng de dégoût en retroussant le bout de ses lèvres. Ils sont souvent très moches et mal foutus, qui plus est, ils.. Ils sont tous mous..

— Viens là, gamin.

⠀⠀⠀⠀L'homme ne perdait jamais son sang froid devant les interrogations de son frêle interlocuteur.

⠀⠀⠀⠀Il se surprenait d'ailleurs de jour en jour face à ce petit enfant intrépide et innocent. Lui qui, plus jeune, notamment dans sa vingtaine, avait crié sous tous les toits qu'il détestait la paternité et tout ce qui s'en rapprochait.. au point de ne guère apprécier la présence d'enfants à ses côtés. Lan Xiao avait beaucoup changé. Le jeune homme inexpérimenté de l'époque contrastait de mille et une façons avec l'adulte fait de raison d'aujourd'hui. Et quand bien même la société peinait à comprendre son attrait pour son propre métier, le docteur avait apprit à s'en détacher.

LE FAVORI DU PEINTRE XUE GUANYU Où les histoires vivent. Découvrez maintenant