Chapitre 7 : L'assistant et le reptile

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Les jours suivants l'événement de charité, une étrange demande de Gabriel fit son apparition dans la liste de tâches de Maxence.

Le nettoyeur de la cage de Vesper, le serpent de Gabriel, avait récemment été renvoyé pour des raisons qu'on lui avait vaguement expliquées, et en attendant qu'un remplaçant soit trouvé, c'était à Maxence de s'en charger. Bien qu'il n'y ait rien de très compliqué à nettoyer un enclos de serpent, l'idée de s'occuper de Vesper, une créature aussi impressionnante et mystérieuse, ne manquait pas de le troubler. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix. C'était un ordre de Gabriel, et il ne pouvait se permettre de le remettre en question.

Lorsque Maxence entra dans la grande pièce où se trouvait la cage de Vesper, le serpent était curieusement calme, lové dans un coin de son enclos en verre. Mais une sensation étrange flottait dans l'air. Le serpent, comme s'il sentait sa présence, tourna lentement la tête vers lui. Les yeux jaunes, perçants, fixaient Maxence.

Le jeune homme s'approcha avec hésitation, s'étonnant de la tranquillité apparente de Vesper. Il avait vu ce serpent en action plus d'une fois – sa rapidité et sa grâce étaient fascinantes, mais aussi redoutables. Pourtant, aujourd'hui, il semblait tout sauf agressif. Maxence commença à nettoyer lentement l'enclos, en veillant à ne pas trop déranger Vesper.

Mais à peine quelques minutes après avoir commencé, il sentit une tension dans l'air. Un léger sifflement, presque imperceptible, retentit dans la pièce. Maxence se figea, son cœur battant plus fort. Vesper se redressa soudainement, ses yeux s'intensifiant. Maxence s'arrêta de respirer. Le serpent semblait... agité. Très agité.

Puis, sans crier gare, Vesper se lança dans une attaque fulgurante. Maxence, paniqué, fit un pas en arrière, mais il se retrouva soudainement coincé contre un angle de la cage de verre. Le serpent, d'une vitesse fulgurante, avait contourné l'enclos pour se retrouver face à lui. Maxence tenta de se reculer, mais la cage l'empêchait de bouger. Le serpent était trop proche, trop menaçant. Il ne pouvait plus bouger.

Sa respiration s'accéléra, et il tenta désespérément de trouver une issue. Mais rien ne semblait pouvoir arrêter la tension croissante dans l'air. Maxence sentit un frisson glacé parcourir sa peau, sa tête tournant légèrement sous la pression du moment. Son regard se fixa sur Vesper, qui était maintenant si près qu'il pouvait entendre son souffle sifflant.

À ce moment précis, la porte du bureau s'ouvrit brusquement. Gabriel entra d'un pas rapide, son regard se posant immédiatement sur la scène qui se déroulait devant lui. Son visage se durcit en une expression de panique contrôlée.

- Maxence ! Lança-t-il, d'une voix ferme.

Maxence sentit un frisson de soulagement en entendant la voix de Gabriel, mais il n'avait pas le temps de répondre. Dans un mouvement instinctif, Gabriel s'approcha de lui, son regard se posant sur le serpent qui était presque à portée de main.

En un éclair, Gabriel se précipita vers Maxence, le saisissant dans ses bras avec une force étonnante. D'un mouvement rapide et décisif, il sortit Maxence de la cage et le repoussa en sécurité. Maxence, sous le choc, n'eut même pas le temps de réagir. Il se retrouva dans un coin du bureau, la respiration haletante, alors que Gabriel se tenait entre lui et l'enclos.

Le regard de Gabriel était maintenant centré sur Vesper, son serpent.

- Vesper... murmura-t-il d'une voix basse mais ferme.

Maxence observait, encore sous le coup de l'adrénaline, Gabriel qui semblait totalement absorbé par son serpent. Le calme soudain dans la pièce contrastait avec l'intensité de la situation précédente. Gabriel s'approcha lentement de la cage, ses gestes mesurés et pleins de douceur. Il étendit sa main vers Vesper, et le serpent, d'abord tendu, se calma immédiatement, ses mouvements devenant plus lents, presque dociles.

Maxence ne pouvait détacher son regard de cette scène étrange. Il n'avait jamais vu Gabriel sous un angle doux, presque protecteur. Le serpent s'enroula autour de son bras, et Gabriel, sans se presser, le caressa lentement de la main. L'étrange intimité entre les deux semblait défier toute logique.

Gabriel sortit alors un petit rongeur mort de son sac et la tendit à Vesper. Le serpent l'attrapa avec une rapidité déconcertante, son corps ondulant pour saisir sa proie avec une précision mortelle.

Maxence était stupéfait.

Gabriel, calmement, se tourna vers lui.

- Vesper ne fait jamais de mal à ceux qu'il reconnaît. Il a... ses propres règles. Gabriel semblait détendu maintenant, mais son regard, fixé sur le serpent, était celui d'un homme profondément attaché à cet animal.

Maxence n'arrivait pas à cacher sa surprise. Il avait toujours vu Gabriel comme une personne implacable, distante. Mais là, avec ce serpent, il apparaissait sous un jour totalement différent.

- Vous... vous tenez vraiment à lui, dit Maxence, plus comme une constatation que comme une question.

Gabriel hocha légèrement la tête, sans quitter des yeux Vesper.

- Oui. Vesper est... Il s'interrompit, cherchant ses mots. Il est la seule créature qui me comprenne. 

Maxence se sentit envahi par un étrange mélange de compassion et de curiosité. Il n'avait jamais imaginé que Gabriel, le milliardaire froid et insensible, puisse avoir ce type de lien avec un animal. Il avait toujours cru que la solitude et la distance étaient des choix délibérés de Gabriel, mais peut-être qu'il y avait quelque chose de bien plus complexe derrière cette façade.

Il resta silencieux pendant un moment, absorbé par les gestes apaisants de Gabriel, qui continuait de calmer son serpent. Mais alors qu'il se tenait là, sous le choc de ce qu'il venait de voir, il comprit une chose : Gabriel Castellan, malgré sa froideur apparente, était un homme marqué, un homme avec des fêlures que même lui ne voulait pas voir. Et peut-être que, tout comme son serpent, il avait besoin de temps pour s'ouvrir.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant