Les jours qui suivirent la visite de Norah et Élias furent... perturbants pour Maxence. Il ne pouvait pas chasser de son esprit le regard espiègle d'Élias ni la curiosité bienveillante de Norah. Les Castellan semblaient décidément fascinés par lui, et il ne comprenait toujours pas pourquoi.
Gabriel, quant à lui, était redevenu professionnel, presque glacial, mais avec une nuance subtile que Maxence n'aurait pas su décrire. Comme si quelque chose l'empêchait de retomber totalement dans son masque habituel.
Ce matin-là, Maxence travaillait sur l'organisation d'un nouveau projet stratégique. Il était absorbé par les chiffres et les plannings lorsque la porte de son bureau s'ouvrit brusquement.
C'était Gabriel.
Maxence releva immédiatement les yeux, surpris par cette intrusion. Gabriel ne venait que rarement dans son bureau, préférant le convoquer dans le sien.
- Vous avez une minute ? Demanda Gabriel, son ton sérieux mais dépourvu de l'habituelle froideur.
- Bien sûr, monsieur Castellan.
Gabriel ferma la porte derrière lui, un geste inhabituel qui fit monter l'angoisse chez Maxence.
- Qu'est-ce que Norah et Élias voulaient l'autre jour ? Demanda-t-il directement, ses bras croisés sur sa poitrine.
Maxence sentit une bouffée de stress le submerger. Était-ce un test ? Ou Gabriel s'inquiétait-il réellement ?
- Rien de grave, je vous assure, répondit-il prudemment. Ils étaient simplement curieux de... de mon travail avec vous.
Gabriel plissa les yeux, comme s'il essayait de percer à jour les non-dits.
- Élias ne t'a pas mis mal à l'aise ?
La question surprit Maxence. Il se souvenait parfaitement des remarques et du comportement de flirt d'Élias, mais il n'avait pas prévu que Gabriel puisse s'en soucier.
- Non, pas vraiment, répondit Maxence, bien qu'il rougisse légèrement en repensant à la scène.
Gabriel s'approcha d'un pas, son regard s'intensifiant.
- Maxence. Si mon frère a dit ou fait quoi que ce soit d'inapproprié, je veux que tu me le dises.
Maxence se redressa légèrement, pris au dépourvu par le sérieux de Gabriel.
- Il n'a rien fait de mal, je vous l'assure. Il était... un peu taquin, mais rien de plus.
Gabriel sembla réfléchir à cette réponse, son regard se radoucissant un instant avant qu'il ne détourne les yeux.
- Bien. Si jamais il dépasse les limites, tu viens directement me voir. Compris ?
Maxence hocha la tête, intrigué par cette attitude protectrice.
Gabriel se détourna pour partir, mais avant de franchir la porte, il s'arrêta net. Sans se retourner, il dit d'une voix plus basse, presque inaudible :
- Et arrête de m'appeler "monsieur Castellan". Gabriel suffira.
Puis il quitta la pièce, laissant Maxence complètement déconcerté.
Quelques heures plus tard, alors que Maxence essayait de se re concentrer sur ses tâches, un message apparut sur son téléphone.
"Salut, Maxence. Café après le travail ? "
Maxence soupira, le cœur battant un peu plus vite. Il posait son téléphone sur le bureau, fixant l'écran avec un mélange d'appréhension et d'incrédulité. Depuis leur première rencontre, Élias semblait prendre un plaisir certain à troubler son quotidien. Mais un café ? Cela semblait... suspect.
Après quelques minutes de réflexion, il tapota une réponse rapide.
"Désolé, beaucoup de travail ce soir. Une autre fois peut-être."
Il espérait que cette réponse polie mettrait fin à l'échange, mais il se trompait. Quelques secondes plus tard, une nouvelle notification arriva.
"Du travail, hein ? Quel dommage. Gabriel te garde vraiment sous son emprise. Tu sais, tu as le droit de t'amuser aussi. 😉"
Maxence serra le téléphone dans sa main, ses joues s'empourprant. Pourquoi Élias semblait-il si déterminé à franchir cette limite ? Il posa le téléphone face contre le bureau et s'efforça de ne plus y penser.
La journée toucha à sa fin, et Maxence rassembla ses affaires. Alors qu'il sortait du bâtiment, il fut surpris de trouver Élias adossé à sa moto, garée près de l'entrée. Le Castellan rebelle arborait son éternel sourire charmeur, son blouson de cuir légèrement ouvert.
- Alors, Maxence, tu comptes vraiment me laisser partir sans au moins me saluer ?
Maxence s'arrêta, pris au dépourvu. Il jeta un coup d'œil autour de lui, espérant peut-être voir Norah ou même Gabriel surgir pour détourner l'attention d'Élias. Mais il n'y avait personne.
- Bonsoir, Élias, répondit-il avec un sourire nerveux. Que faites-vous ici ?
Élias haussa les épaules, faisant semblant de réfléchir.
- Eh bien, je me disais que, puisque tu es toujours occupé, je pourrais t'offrir un moment pour décompresser.
- Je vous ai déjà répondu dans mon message, murmura Maxence, mal à l'aise.
Élias fit un pas vers lui, diminuant encore plus la distance entre eux.
- Et si je te disais que je ne suis pas du genre à accepter un non ?
Maxence déglutit, son regard fuyant. Il devait trouver une issue à cette situation sans créer de tension.
- Élias, je... je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Vous êtes le frère de Gabriel, et je suis son employé. Ça pourrait être mal interprété.
Le sourire d'Élias s'élargit, mais ses yeux brillèrent d'une lueur plus sérieuse.
- Gabriel n'a pas besoin de tout savoir. Et toi, tu n'as pas besoin de te cacher derrière des excuses. Tu as le droit de vivre, Maxence.
Maxence ouvrit la bouche pour répondre, mais une voix grave et familière l'interrompit.
- Élias. Assez.
Les deux hommes se tournèrent pour voir Gabriel, debout non loin d'eux, les bras croisés. Il avait un air glacial, et ses yeux étaient fixés sur son frère avec une intensité presque menaçante.
Élias recula légèrement, mais son sourire provocateur ne disparut pas.
- Ah, Gabriel. Toujours aussi prompt à intervenir, n'est-ce pas ?
Gabriel ignora la remarque, avançant lentement vers eux.
- Je t'ai dit de ne pas mêler Maxence à tes jeux. Tu sais à quel point je prends son travail au sérieux.
Élias éclata d'un rire léger, levant les mains en signe de reddition.
- Très bien, très bien. Je me retire. Mais je te rappelle que Maxence est un adulte. Il peut faire ses propres choix.
Gabriel ne répondit pas, mais son regard suffisant fit comprendre à Élias qu'il valait mieux partir. Avec un dernier clin d'œil à Maxence, il enfourcha sa moto et démarra, disparaissant dans un grondement de moteur.
Le silence retomba, lourd et tendu. Maxence, toujours sous le choc de la confrontation, évita le regard de Gabriel.
- Merci... murmura-t-il finalement, ne sachant pas quoi dire d'autre.
Gabriel le fixa un instant, ses traits encore fermes, avant de répondre d'une voix plus douce qu'à l'accoutumée :
- Je te l'ai dit, Maxence. Si Élias dépasse les limites, viens me voir. Je ne tolérerai pas qu'il te mette mal à l'aise.
Maxence hocha la tête, incapable de formuler une réponse cohérente. Gabriel resta là un moment, comme s'il hésitait à ajouter quelque chose, avant de finalement tourner les talons et de s'éloigner, le laissant seul avec ses pensées tourmentées.
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Médusa
Romantik"Les serpents... Ils me fascinent. Ils sont souvent mal compris. Froids en apparence, mais incroyablement complexes. C'est un peu comme moi, je suppose." - Gabriel.C Maxence Saint-Clair, un jeune homme timide et introverti, obtient un poste prestigi...