Chapitre 1 : Le premier Jour

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Maxence Saint-Clair se tenait droit devant les portes vitrées de l'immeuble "Castellan Group". Le bâtiment s'élevait haut dans le ciel, son architecture moderne semblant presque défier la gravité, à l'image de son propriétaire. À 26 ans, il avait eu sa part de succès dans le monde de l'assistanat, mais aucun poste n'avait jamais eu le poids de celui-ci. Ce matin-là, il se sentait à la fois excité et terrifié. Gabriel Castellan, l'homme qu'on surnommait "Médusa", l'avait choisi pour être son assistant personnel. Un poste prestigieux et redouté, qui signifiait aussi une immersion dans l'univers d'un milliardaire à l'aura glaciale et d'une entreprise au sommet du monde des affaires.

Maxence n'était pas du genre à se laisser envahir par l'émotion. Introverti et discret, il était aussi respecté pour sa capacité à être efficace sans attirer l'attention. C'était d'ailleurs cette même qualité qui lui avait permis de réussir auprès des plus grandes célébrités mondiales. Mais ce qui lui avait fait obtenir ce poste particulier, c'était sa réputation de pouvoir s'adapter aux besoins les plus exigeants et les plus secrets de ses employeurs, tout en restant dans l'ombre, invisible aux yeux du monde. Il n'était pas là pour briller. Il était là pour être indispensable.

Les portes s'ouvrirent automatiquement, et il fit un pas hésitant dans le hall. L'air était frais, presque froid. L'immensité de l'espace, tout de marbre et de verre, accentuait le vide autour de lui. Il se sentait encore plus petit que d'habitude, ce qui, paradoxalement, était un sentiment familier. Les employés de Castellan Group circulaient autour de lui comme des fantômes, chacun absorbé dans sa propre bulle, ne lui jetant même pas un regard. Maxence savait qu'il n'était rien de plus qu'un pion dans cette entreprise géante, mais il n'en était pas effrayé. Il était là pour une mission, et cette mission commencerait maintenant.

Le bureau de Gabriel Castellan n'était pas comme les autres. C'était une suite privée, plus proche d'un appartement que d'un espace de travail. Maxence n'avait encore jamais rencontré son patron, mais il avait entendu parler de lui. Le regard dur, les traits marqués par des années d'isolement, Gabriel Castellan était un homme dont la réputation de cœur de pierre n'était plus à faire. Il n'avait pas d'amis, pas de compagnes, juste des employés qui le craignaient et un serpent, Vesper, qui semblait être sa seule véritable compagnie.

Alors qu'il s'approchait de la porte en bois massif, une silhouette apparut au détour du couloir. Un homme grand et d'apparence calme, vêtu d'un costume impeccable. C'était Nick, le frère aîné de Gabriel, celui que tout le monde dans l'entreprise connaissait pour son tempérament posé et son air de sagesse.

- Maxence Saint-Clair, je présume ? Dit-il d'une voix tranquille.  Gabriel vous attend. Il est dans son bureau. 

Maxence hocha la tête, cherchant à cacher sa nervosité derrière son expression neutre. Nick l'observa quelques secondes, ses yeux paisibles semblant lire quelque chose dans son regard.

- Rappelez-vous une chose, jeune homme, dit-il en se penchant légèrement, comme s'il partageait un secret. Mon frère n'est pas un monstre. C'est juste... compliqué. Ne prenez pas les choses personnellement.

Maxence sourit légèrement, bien qu'il ne sût pas s'il s'agissait d'un conseil ou d'une mise en garde. Puis, il tourna les talons et s'avança vers la porte du bureau de Gabriel. En entrant, il aperçut immédiatement l'homme qu'il allait servir pendant les mois voir, les années à venir.

Gabriel Castellan était assis derrière un bureau de verre, ses yeux sombres fixés sur un écran d'ordinateur. Il portait une chemise blanche parfaitement coupée, les manches retroussées jusqu'aux coudes, et une cravate discrète. À ses côtés, dans un enclos en verre, se trouvait un serpent aux écailles vertes, un Vesper d'une taille impressionnante, dont les yeux semblaient suivre Maxence à chaque mouvement.

Lorsque Gabriel leva les yeux, il ne sembla pas vraiment remarquer la présence de Maxence tout de suite. Ses traits étaient impassibles, ses yeux aussi froids que la glace.

- Vous êtes en retard, dit-il simplement, sans le moindre ton de reproche, mais aussi sans la moindre chaleur.

Maxence sentit une légère boule d'angoisse se former dans sa gorge, mais il se força à garder son calme. Il se souvenait des règles qu'il s'était fixées : être parfait, invisible et toujours répondre avec efficacité. C'était ce que Gabriel attendait de lui, et il n'était pas là pour échouer.

- Mes excuses, Monsieur Castellan. Je suis Maxence Saint-Clair, votre nouveau... assistant personnel. 

Gabriel le fixa un instant, sans sourire, puis fit un léger mouvement de la main pour indiquer une chaise en face de lui. Maxence s'y installa, s'efforçant de ne pas se laisser intimider par la présence imposante de son patron.

- Bien, commençons, dit Gabriel d'un ton sec. J'ai une réunion dans une heure, je n'ai pas de temps à perdre. Vous êtes chargé de gérer mon emploi du temps, mes rendez-vous, et de faire en sorte que tout fonctionne comme une machine bien huilée. Avez-vous des questions ?

Maxence prit une profonde inspiration, conscient que ce moment définirait la suite de sa carrière, et peut-être même sa relation avec cet homme aussi énigmatique qu'intimidant.

- Non, Monsieur Castellan, répondit-il simplement.

Gabriel hocha la tête, apparemment satisfait de la réponse. Mais derrière son regard glacial, Maxence croyait apercevoir quelque chose de plus subtil. Une curiosité, peut-être. Comme si Gabriel cherchait à comprendre ce qu'il y avait sous la surface de ce jeune homme silencieux et réservé.

Il n'avait pas le temps de s'attarder sur cette pensée. La réunion de Gabriel approchait à grands pas, et il avait des instructions à suivre. Mais au fond de lui, une question persiste, bien plus grande que toutes les autres : que cachait véritablement ce milliardaire impénétrable, et qu'est-ce qui se passerait si, un jour, il décidait de briser la glace qui l'entourait ?

Vesper se déplaça dans son enclos, et Maxence sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale.

Ce serait un premier jour difficile. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se demander... Est-ce que c'était là le début de quelque chose de bien plus grand ?

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant