Chapitre 12 : Confusion et silence

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Maxence se tenait toujours dans la cuisine, son esprit embrouillé par ce qui venait de se passer. La situation était bien trop étrange. Gabriel, son patron, l'avait ramené chez lui après qu'il se soit endormi sur la plage, et maintenant il se retrouvait seul dans un appartement de luxe, à se demander s'il avait imaginé tout ça.

Tout était si... irréel. Gabriel, habituellement distant, froid, voire carrément glacé avec ses employés, avait montré une facette différente hier soir. Il avait été gentil, attentif, presque humain. Ce geste, ce côté protecteur qui l'avait pris sans hésitation pour le ramener chez lui... Cela ne collait pas avec l'image qu'il avait de lui depuis le début. Maxence secoua la tête, essayant de se recentrer.

À l'extérieur de la cuisine, il entendit des bruits de pas. Gabriel ressortait, cette fois vêtu de manière plus soignée. Sa chemise était propre, et il avait remonté sa cravate, comme si tout ce qui s'était passé jusque-là n'avait été qu'une simple parenthèse.

Maxence se redressa de la table, un peu gêné, mais surtout curieux. Gabriel s'arrêta dans l'encadrement de la porte, le regardant un instant sans parler.

- Je vais te préparer quelque chose à manger, dit-il finalement, sa voix aussi calme et mesurée que d'habitude.

Mais il y avait quelque chose de différent dans sa manière de s'exprimer, quelque chose de... plus doux.

Maxence se frotta la nuque, se sentant un peu mal à l'aise.

- Vraiment, Gabriel, il n'y a pas de raison. Je ne veux pas vous déranger. Je...

Gabriel l'interrompit en levant la main.

- Ce n'est pas une question de dérangement. Et je préfère que tu ne partes pas tout de suite. Tu as l'air encore un peu déstabilisé, et ce n'est pas vraiment le moment pour repartir chez toi.

Maxence garda le silence. Il n'avait pas l'habitude que Gabriel fasse preuve de ce genre d'attention, ce qui ne faisait qu'accentuer la confusion qui régnait dans son esprit.

- D'accord.

Ce simple mot sortit de sa bouche sans qu'il puisse vraiment l'analyser. Il n'était pas sûr de ce qu'il attendait de cette situation, ni de ce qu'il ressentait réellement. Mais dans ce moment précis, il n'avait pas envie de partir.

Gabriel le guida vers le salon, où une table basse avait été installée avec des plats simples mais raffinés. L'odeur du café et de la nourriture fraîchement préparée flottait dans l'air. Maxence s'assit en face de lui, toujours un peu tendu, les mains posées sur ses genoux. Gabriel prit place en face de lui, son regard observant Maxence avec une certaine curiosité, mais aussi une retenue qu'il n'avait pas auparavant.

Le repas se déroula dans un silence étonnamment agréable, ponctué par quelques échanges sur des sujets anodins des films, des livres, des voyages. Maxence, bien que toujours légèrement nerveux, commença à se détendre peu à peu. Gabriel n'était plus l'homme distant et imposant qu'il connaissait au travail, mais quelqu'un de plus humain, presque... sympathique.

Cependant, un petit malaise persistait dans l'air. Maxence n'osait pas poser la question qui lui brûlait les lèvres, celle qui le rongeait depuis qu'il s'était réveillé dans l'appartement de Gabriel.

Qu'avait-il fait la nuit dernière ?
Et surtout, comment Gabriel, l'homme qu'il avait toujours vu comme un boss inaccessibile, pouvait-il avoir pris soin de lui de cette manière ?
Pourquoi l'avait-il amené ici au lieu de simplement appeler un taxi pour le renvoyer chez lui ?

Gabriel finit par poser sa fourchette, brisant le silence avec une question inattendue :

- Tu es... bien ici ? Je veux dire, tu te sens à l'aise ?

Maxence releva les yeux, surpris. C'était une question qui semblait sortir de nulle part, mais il sentit que Gabriel ne cherchait pas à être lourd, ni à le faire parler de quelque chose de gênant. Il s'agissait juste d'une question simple.

- Oui. C'est... agréable. C'est juste... c'est un peu déroutant, c'est tout. Maxence se grattait la tête, un sourire nerveux se dessinant sur ses lèvres. D'habitude, je ne me retrouve pas dans des situations comme celle-là.

Gabriel le regarda sans sourire, ses yeux foncés plongés dans les siens.

- Je comprends.

Une petite tension s'installa entre eux à nouveau, comme si tout ce qui avait été dit jusque-là n'avait été qu'une tentative de remettre les choses à leur place, de remettre de la distance là où il n'en avait pas.

Maxence sentit une bouffée de courage, mais aussi de nervosité. Il se redressa, son regard s'intensifiant.

- Gabriel... Il hésita un instant. Qu'est-ce qui se passe entre nous, exactement ? Je veux dire... pourquoi m'avoir emmené ici hier soir ?

Gabriel, toujours aussi calme, se pencha légèrement en avant, les yeux fixant Maxence. Il prit une grande inspiration, comme pour dire quelque chose d'important, mais il n'ajouta rien. La réponse sembla suspendue dans l'air, presque tangible.

Puis enfin, avec une légèreté qui n'échappa pas à Maxence, il murmura :

- Tu t'es endormi, Maxence. Et je n'allais pas te laisser seul sur la plage. Ce n'est pas plus compliqué que ça.

Maxence le fixa, cherchant à lire dans ses yeux. Mais il y avait quelque chose dans son regard qui trahissait une vérité non-dite. Quelque chose qui, peut-être, allait au-delà de ce qu'il avait vu jusqu'ici.

- D'accord, répondit-il finalement, bien que la question restait suspendue entre eux.

Gabriel se redressa et se détourna légèrement, comme pour signifier que la conversation était terminée. Maxence, cependant, n'arrivait pas à se débarrasser de la sensation étrange qu'il éprouvait. Une sensation qu'il n'avait pas eu jusqu'ici avec Gabriel, un mélange d'incertitude, de curiosité et d'attirance.

Et il se demanda si Gabriel lui-même savait exactement ce qu'il ressentait à cet instant.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant