Chapitre 5 - Kady se libère 3/5

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Les oiseaux, qui observaient la scène, s'envolèrent au moment où Bouba prononça ses derniers mots. Les voisins des autres concessions, attirés par les cris, commençaient à s'approcher, cherchant des informations comme des vautours prêts à se nourrir de la chair de leurs semblables. Le plus âgé de la cour décida de fermer la porte pour bloquer l'accès à cette masse curieuse. Bouba, d'une voix ferme, dit alors : « Tu as jusqu'à ce soir pour quitter le domicile familial. » Les gens autour étaient abasourdis, mais ils comprenaient. Ils savaient qui était Kady et reconnaissaient que Bouba avait pris la meilleure décision. Lui, habituellement calme et doux, s'il en venait à une telle extrémité, c'est qu'il était vraiment à bout. Kady poursuivait ses lamentations.

Il était maintenant vingt et une heures, l'heure pour elle de quitter la concession. Elle, qui tenait deux grands sacs cabas, se dirigea vers la sortie de la maison, le visage toujours inondé de larmes. « Je suis désolée... » furent ses derniers mots. Ces paroles résonnèrent avec force dans l'esprit de Fanta et de Bouba. Puis, Kady s'en alla pour de bon. À vingt-trois heures, la cour, encore bouleversée, avait retrouvé son calme. Le sang-froid de Bouba en étonnait plus d'un. Comment pouvait-il être aussi détendu après une décision d'une telle ampleur ? Mais en vérité, il s'y préparait depuis des années.

Il savait que ce jour arriverait, bien qu'il ait toujours espéré que Kady finirait par changer, qu'elle prendrait conscience de ses erreurs. Mais en vain, les années s'étaient écoulées et Kady n'avait jamais changé. La volonté ? Parfois, elle ne suffit pas. Vouloir changer ? Tout le monde le désire, mais pouvoir le faire, c'est autre chose. Kady, au fond d'elle, voulait sûrement changer, mais elle n'en avait pas été capable. Peut-être trouverait-elle plus de paix, loin de cette civilisation. Elle prit la décision de ne pas partir avec ses enfants. Elle savait qu'ils devaient grandir entre de bonnes mains, suivre un exemple digne.

Elle ne voulait en aucun cas les priver de leur confort à cause de ses propres erreurs. Elle leur rendrait visite quand ils seraient un peu plus grands. En attendant, elle devait se reconstruire. Elle devait apprendre à vivre autrement, à se purifier de tous ses péchés. Le chemin sera long. Elle devra obtenir le pardon des autres, mais avant tout, elle devra se pardonner à elle-même pour tout ce qu'elle s'était infligée. Elle devait réapprendre à aimer, mais surtout, à s'aimer. Voici maintenant six ans qui s'étaient écoulés. Tout avait changé. La concession de Bouba était très silencieuse, le calme y régnait. Ce jour-là, Bouba reçut une visite. C'était Fanta.

Dès qu'il la voyait revenir dans la concession, il devenait tout joyeux. Cette fois-ci, elle n'était pas seule : elle était accompagnée d'un homme et d'un petit bambin âgé d'un an. En effet, entre-temps, Fanta avait réussi ses études haut la main, sans grande difficulté. Elle avait toujours été une élève brillante. Sa détermination n'avait jamais vacillé. Malgré tous les obstacles, une fois sa tante écartée de son chemin, la voie vers la liberté s'était ouverte à elle comme une autoroute déserte. Il n'y avait plus qu'elle et elle seule. Son seul adversaire, c'était elle-même. Fanta se battait constamment pour être meilleure qu'elle ne l'était la veille.

Bouba - Alors, les enfants, vous êtes venus me voir ?
Fanta - Oui, nous sommes venus te rendre visite, avec le petit Malik. Tu as vu ? Il a fait ses premiers pas depuis une semaine maintenant !
Bouba - Je suis si fier de toi ! Comment ça se passe au travail ?
Fanta - C'est très compliqué avec le petit. Je travaille maintenant pour l'État, cela me demande beaucoup de travail, mais heureusement, son père est là pour m'aider.

Les maux de FantaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant