Chapitre 5 - Kady se libère 2/5

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Fanta, qui savait déjà la vérité, était tout de même étonnée par la manière dont Bouba s'était exprimé. L'instructeur, très mal à l'aise, ne chercha pas plus loin pour éviter d'interférer dans des affaires familiales et donna à Fanta l'autorisation de revenir en cours dès le lendemain. Fanta était heureuse, mais elle était ailleurs. Que venait-il de se passer ? Bouba l'avait fait. Quel homme de parole ! Il avait tenu sa promesse à Fanta, qui pourrait retourner à l'école. Bouba s'adressa à Fanta : « Rentre à la maison, je te rejoins dans une heure. » En rentrant, elle aperçut Kady, en furie. Elle faisait des allers-retours entre la porte d'entrée et la sortie, passant de la chambre à la cuisine.

Une nouvelle crise d'hystérie venait d'éclater, cette fois sur Fanta. En effet, la prise de conscience de Kady ce matin-là, qui l'avait rendue triste, ne l'avait finalement pas apaisée. « Tu vois ce que tu me fais ? Tu me gâches la vie, espèce de sorcière ! N'as-tu pas honte de laisser mon mari m'humilier à cause de toi ? Tu vas voir ce que je vais te faire. J'aurais dû mettre plus de drogue et appeler la police pour qu'ils viennent te chercher directement à l'école ! » À peine avait-elle terminé sa phrase que la voix de Bouba résonna : « Merci d'avoir confirmé ce que j'ai entendu, devant tout le monde. » Cette fois-ci, Bouba n'était pas seul. Il était entouré de ses frères et sœurs, des cousins, des cousines et des voisins de la concession. Kady se retourna et s'effondra à genoux, accablée par ce premier coup symbolique. Bouba, entouré de tous leurs proches, y compris de Fanta, se plaça face à Kady et commença à parler : « Qu'ai-je fait pour mériter tout cela ? Ai-je mérité tous ces excès ? Pour le meilleur et pour le pire, mais est-ce que cela vaut la peine de rester, chaque jour, dans ce qui représente le pire pour moi ? J'avais promis d'être à tes côtés et de ne jamais te laisser tomber.

Aujourd'hui, j'ai atteint un âge de maturité suffisant pour comprendre que tu ne représentes en rien les valeurs d'une famille. Tu n'incarnes en rien les vertus d'une femme digne et noble. Je ne veux plus être assimilé à ta méchanceté. Tu n'es pas une bonne personne, Kady. » Un nouveau coup, cette fois au moral, venait de frapper Kady. Son visage et ses yeux en portaient les marques. Elle pleurait, ses larmes coulaient telles des rivières. « Oui, tu n'es pas une bonne personne. On se marie dans l'espoir de partager sa vie avec une personne que l'on aime, que l'on chérit, jusqu'à la fin de nos jours. Mais toi, tu ne m'as apporté que honte et problèmes. Pour ma paix et celle de mes enfants, aujourd'hui, je te répudie. »

Un autre coup de grâce venait d'être porté à Kady. Les regards autour d'eux étaient stupéfaits. Les cousins, les frères, les voisins... personne n'en croyait ses oreilles. Tous étaient bouche bée. Kady cria alors, désespérée : « NONNN ! » Afin que ce soit irréversible, Bouba devait le répéter trois fois. Il avait déjà prononcé la première. Après un silence de vingt secondes, il réitéra : « JE TE RÉPUDIE ! », avec conviction et détermination. Kady cria de nouveau, un cri de douleur : « NONNN SABALI ! (s'il te plaît) ». Elle pleurait, et ses cris devenaient de plus en plus stridents. L'atmosphère dans la cour devenait insoutenable. Dans cette famille, on faisait toujours tout pour que le mariage fonctionne jusqu'au bout, alors un échec était vécu comme un véritable désastre. Mais Bouba, lui, n'en ressentait plus la honte. Il l'avait déjà subie pendant des années.

Cette fois-ci, c'en était trop. Après avoir réitéré sa décision, les proches présents dans la cour tentaient de le dissuader. On entendait des : « Bouba, sabali ! » « Allah Kosan ! (À cause de Dieu) » « Sabali ! (s'il te plaît) » Mais Bouba n'écoutait plus rien. Sa décision était prise. En cet instant, il observa le coucher de soleil, étrangement apaisant. Même les êtres vivants semblaient affectés par ce qui se passait. Les oiseaux dans la cour s'étaient posés sur les tôles, immobiles, comme s'ils partageaient cette tristesse.

Après une minute de silence, une larme coulant sur sa joue, Bouba déclara une dernière fois : « Je te répudie, Kady. » Ainsi, Bouba venait de mettre fin à de longues années de mariage. Personne ne connaît vraiment les limites d'un homme tant qu'il ne se met pas à les explorer en profondeur. Bouba venait d'asséner le coup final à Kady. Celle-ci, accroupie, s'écroula complètement sous le poids de la sentence. Les femmes de la concession se précipitèrent pour l'entourer. Ce n'était pas une scène facile à regarder.

Les maux de FantaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant