Chapitre 20 Seul le fou qui rit...

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Chapitre 20

Seul le fou qui rit...

11 mai 2024

Jour 3

Après avoir demandé à ses amis venus le rejoindre de sortir de la chambre, Bastien me porte jusqu'au lit en prenant soin de ne pas s'écorcher les pieds sur les débris de miroir au sol. Il nettoie ensuite mes plaies précautionneusement et me fait un bandage dans un silence absolu. Contente d'avoir pu concevoir et mettre à exécution mon plan en un temps record, son mutisme ne me préoccupe même pas.

Une fois soignée, il s'assoit dos à moi et enfouit son visage dans ses mains en poussant un long soupir. Alors Bastien ? Qu'est-ce qui se passe ? Si mon sang coule par ta faute tout va bien, mais si c'est moi qui m'en charge rien ne va plus ? Tu sembles accablé avec tes épaules tombantes, comme si tu portais toute la misère du monde. Quel délicieux spectacle !

Il laisse tomber mollement ses mains sur le lit et se tourne dans ma direction. Il m'est difficile de ne pas sourire en voyant son regard de chien battu. Oh ! Pauvre Bastien ! Tu es triste ? Inquiet ? Vraiment ? Quel régal ! Moi, je m'amuse comme une petite folle.

Il dirige son regard vers la salle de bain. Je fais de même. Sans crier gare, la silhouette que j'ai aperçue dans mon dos tout à l'heure en sort doucement. Sa soudaine apparition me provoque un tressaillement. Mes réjouissances cessent immédiatement. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Il s'arrête sur le seuil. Vêtu d'une tunique longue noire et la tête recouverte d'une capuche, seules ses mains sont visibles. Sa tenue me fait penser à l'ange de la mort. Instinctivement, je me rapproche de Bastien et lui prends le bras. Comme s'il s'agissait d'un bouclier, je me tiens prête à me réfugier derrière lui en cas d'attaque.

- C'est qui ? je demande d'une voix mal assurée à Bastien.

- Comment ça, c'est qui ?

- Bah, lui ! je réponds en pointant l'étranger du menton.

Bastien jette un rapide coup d'œil vers la salle de bain avant de me fixer en levant un sourcil, le regard chargé d'incompréhension.

- T'es con ou quoi Bastien ? C'est qui ce type là ? je m'énerve en le pointant du doigt.

Les épaules de notre invité mystère se secouent comme s'il riait, mais sans produire le moindre son. Il pointe lentement son doigt dans notre direction avant de remettre son bras le long de son corps et de sortir de la chambre. Bastien me dévisage. Il me voit suivre l'individu du regard et discerne sans mal l'angoisse sur mes traits.

- Je comprends pas de quoi tu parles Coline. Tu es sûre que ça va ?

- Arrête d'essayer de me faire passer pour une tarée ! Tu l'as vu aussi, je le sais !

- Écoute, je crois que tu devrais te reposer, allonge-toi et dors un peu.

- Arrête de me prendre pour une conne, c'est pas drôle Bastien.

Il se lève. J'essaie de le retenir près de moi au cas où la créature reviendrait, mais Bastien se libère aisément de ma main qui l'agrippe. Il prend quelque chose que je ne peux pas distinguer dans un tiroir, son corps me cachant son contenu. Puis il revient vers moi, une pilule à la main. J'ai déjà fouillé ce meuble sans y trouver de médicaments. Disposerait-il d'un double-fond ?

- Avale ça s'il-te-plait. C'est un anxiolytique, me précise-t-il en me le tendant au creux de sa main.

D'un énergique revers, j'envoie valser son cachet à l'autre bout de la chambre.

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