Chapitre 24 Journée étrange

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Chapitre 24

Journée étrange

12 mai 2024

Jour 4

Malgré la fatigue, l'irruption impromptue de FX me maintient éveillée. Je me fais du mauvais sang. Que peut-il bien se passer de si sérieux pour qu'il vienne tirer du lit Bastien? Est-ce que la police a retrouvé notre trace ? Ce qui me surprend c'est l'heure à laquelle FX est venu le chercher. Et ce qui me tracasse surtout, c'est qu'il a parlé de quelque chose de "grave".

Mon estomac se noue subitement. Et si c'était Stacey ? Peut-être qu'il est allé trop loin dans ses sévices et qu'il l'a gravement blessée. Ou pire, tuée.

Je suis bien consciente que me tourmenter sur des suppositions ne mène à rien, mais c'est plus fort que moi.

Malgré la couverture douillette dans laquelle je suis enroulée, je frissonne. Mon inquiétude va crescendo. Des images plus terrifiantes les unes que les autres s'imposent à moi. Je me crispe. Peu à peu, mes pensées s'entrechoquent, forment un écho. Puis l'écho devient un bruit confus, une sorte de brouhaha. Des exclamations effrayantes de désapprobation s'élèvent, comme si une foule grondait contre moi. Je ne peux distinguer ce que les voix disent exactement, mais je sais qu'elles me menacent. Les mains sur les oreilles, je tente de les étouffer :

- Laissez-moi !

Elles s'estompent légèrement. Je crie :

- La ferme !

Progressivement, comme si la foule s'éloignait enfin, elles disparaissent. Mais ma peur reste intacte.

Mon angoisse et surtout mon besoin de la calmer me pousse à me lever. Je suis bien incapable de dormir alors je fais les cent pas dans la chambre. Je tente de m'affairer pour m'occuper l'esprit. Je ramasse les morceaux de miroir qui jonchent le sol de la salle de bain, me douche, nettoie mes plaies et change mon bandage autour du poignet.

Néanmoins, le temps ne passe pas. Il s'étire et s'écoule lentement. Mon regard est sans arrêt attiré par l'horloge. Curieusement, j'en arrive à repenser aux montres molles de Dalì. L'attente et l'ennui me poussent à philosopher intérieurement sur la relativité du temps. Pendant toute la matinée, à intervalles réguliers, le bruit de la porte en fer qui s'ouvre et se referme me tire de mes réflexions. Mais que se passe-t-il ici ?

Vers dix heures, FX vient m'ouvrir.

- Tu rejoins les filles et Adam dans la salle de sport, m'ordonne-t-il.

- FX, qu'est-ce...

- Pas de question. Tu bouges et tu la fermes, me coupe-t-il sèchement.

Je sors immédiatement. Dans la salle de sport, Mélanie, Lydia et Clémence sont là, mais pas Stacey. Je panique. J'avais donc vu juste.

L'ambiance est lourde. Adam qui est habituellement d'humeur joyeuse est très fermé. Ses yeux rougis laissent deviner qu'il a pleuré. Je demande :

- Où est... ?

Au même moment, Stacey fait son apparition dans l'encadrure de la porte. Sa présence me rassure aussitôt. Il ne lui est rien arrivé. Spontanément, je me précipite vers elle et la prend dans mes bras. Elle semble surprise mais ne me repousse pas et me gratifie même d'un baiser amical sur la joue. Adam nous demande d'arrêter nos embrassades et de nous mettre en position.

Pendant les exercices, nous observons le comportement étrange d'Adam. Sa voix éteinte, ses traits tirés, son air si triste, nous peinent et nous questionnent. Nous échangeons des regards interrogateurs avec les filles. À la fin de la séance, au détour des couloirs, Clémence me demande discrètement :

Souvenirs enchaînésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant