Chapitre 16 Chosifiée

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Chapitre 16

Chosifiée

10 mai 2024

Jour 2

Quand je me réveille, je ne suis plus au salon mais sur le lit de Bastien. Mes mains sont liées au cadre de lit par les attache-poignets, mes pieds également, me maintenant les cuisses écartées. Je suis nue. Cette position ne laisse rien présager de bon. Ma tête me fait terriblement souffrir. Je devine la moitié de mon visage enflé et couvert d'ecchymoses. La douleur me provoque des élancements jusque dans les cervicales et je sens mon cœur battre dans mes tempes. Des vertiges me donnent la sensation d'être sur un bateau et me rendent nauséeuse.

Bastien entre dans la chambre. Alors qu'il approche, je suis soudainement prise de violentes palpitations cardiaques qui viennent accentuer mes maux de têtes. Je ne saurais dire si c'est la douleur, la peur, ou si le coup porté par FX m'a provoqué une commotion cérébrale, mais j'ai très envie de vomir. J'aspire l'air à grandes goulées, cherchant à calmer mon corps qui semble à deux doigts de me lâcher.

Face au lit, Bastien me regarde. D'abord mon visage, puis ses yeux descendent sur mes seins, mon ventre, avant de s'arrêter sur mon sexe outrageusement exposé.

- S'il-te-plaît Bastien, détache-moi.

Que puis-je faire d'autre que prier pour qu'il se ressaisisse ? Ainsi immobilisée, soumise, quémander ma libération est ma seule option. Son regard dur reste fixé sur mon entrejambe, ses mâchoires se serrent. Il ne me répond pas.

- Baba, je t'en supplie, détache-moi, je l'implore d'une voix tremblante.

En guise de réponse, il se déshabille avant de se placer entre mes jambes, à genoux. Il est déjà allé trop loin en me droguant, me séquestrant et me tripotant, mais là, il arrive au point de non retour. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il est sur le point de faire. Quand l'idée apparaît dans mon esprit, elle est chassée aussitôt. C'est probablement une sorte de réflexe de survie. Mon cerveau refuse d'y croire, refuse d'anticiper. C'est impossible. Pas lui. Pas après tout ce qu'on a vécu. Pas après l'amour qu'on a partagé. Ultime tentative de lui faire entendre raison :

- Non, Baba, s'il-te-plaît, laisse-moi...

Ce n'est pas qu'un corps, c'est mon âme que tu t'apprêtes à crucifier Bastien. Tu ne peux pas. Pas toi. Je sens mon coeur s'effriter en milliards de petites miettes. Mes yeux s'embuent. À travers les larmes qui voilent ma vision, je le vois ouvrir le tiroir de la table de chevet et en sortir un morceau de tissu rectangulaire, comme un bandeau, qu'il me place dans la bouche et attache derrière ma tête. Malgré la douleur, j'essaie de l'en empêcher en la tournant rapidement de gauche à droite, tout en m'égosillant, mais c'est peine perdue. Mes cris à présent étouffés par le bâillon m'essoufflent. Le manque d'air m'oblige à me tranquilliser. Je tente tant bien que mal de reprendre ma respiration par le nez.

Manifestement calmée, en apparence en tout cas, Bastien me regarde sévèrement dans les yeux et me caresse les seins d'une main, le bas du ventre de l'autre. Lentement, sa main descend sur mon pubis, puis sur ma vulve. J'essaie de nouveau de crier, par principe, pour ne pas m'avouer totalement vaincue, mais je sais que rien ne l'arrêtera. Un sourire à la fois avide et féroce se dessine sur son visage lorsqu'il me pénètre d'un doigt. Il l'enfonce le plus loin possible. Je voudrais que mon cerveau se déconnecte. Je ne veux pas assister à cette scène. Je veux disparaître, au moins en pensée. Je ferme les yeux pour ne pas voir l'expression sadique sur son visage et les rouvre quand il enlève son doigt de mon intimité.

Dis-moi que c'est terminé Bastien, que tu vas t'arrêter là. Je le supplie du regard mais il n'y prête aucune attention. De nouveau, il fouille dans le tiroir de la table de chevet et en sort un tube. C'est du lubrifiant. Regarde-moi dans les yeux Bastien et réalise le mal que tu me fais. Reprends-toi ! Il est encore temps de changer d'avis.

Sans la moindre seconde d'hésitation, il l'ouvre, en verse dans sa main avant de m'en étaler sur l'entrée du vagin. C'est froid. J'ai l'impression d'être un morceau de viande. Je me fais beurrer pour être plus appétissante. Aussitôt tartinée, il me pénétre de son index et son majeur. Je suis une dinde qu'on farcit. Un stupide gallinacé qu'on fourre en salivant. Déshumanisée, animalisée, chosifiée.

De sa main libre, il saisit sa queue et se l'astique quelques secondes, puis me pénètre en poussant un râle de soulagement.

- T'es bien serrée dis-moi...

Après trois ou quatre va-et-vient, il ajoute dans un souffle :

- J'adore ça...

Il accélère ses coups de reins et me pénètre de plus en plus profondément, me faisant pousser de petits cris lorsqu'il tape contre le col de mon utérus.

- T'aimes ça, petite salope, hein ?

Je lui fais signe que non de la tête. Non, non, non Bastien ! Non, je n'aime pas ce que tu me fais subir ! Pas du tout. Regarde-moi, c'est pourtant évident. Regarde les larmes qui coulent sur mes joues. Tu me fais mal ! Comprend-il mon langage corporel ? Ce que j'essaie de lui dire à travers mon regard et mes gémissements plaintifs ? En a-t-il quelque chose à faire ? Il ricane et prends mes hanches à pleines mains pour me pénétrer encore plus fort. Malgré ma volonté de les contenir, mes cris se font plus bruyants, ce qui semble plaire à Bastien. Le bruit de ses testicules qui claquent contre mes fesses s'unit à mes lamentations.

Bientôt, le bâillon m'empêche complètement de respirer. Je suffoque. J'ai la tête qui tourne à cause du manque d'air, je vais m'évanouir. Je remercie intérieurement mon cerveau. Vas-y, débranche tout ! Tu auras mis le temps mais mieux vaut tard que jamais. Quand il s'en aperçoit, Bastien arrête son pilonnage quelques secondes pour retirer le tissu qui m'asphyxie, puis recommence. Mon instinct de survie me commande de remplir mes poumons. J'inspire une grande bouffée d'air, puis une deuxième, avant de lui crier dans un trémolo de voix pathétique :

- Arrête ! Tu me fais mal !

- J'en ai rien à foutre. Ferme-la ou je te l'enfonce dans le cul.

Désemparée, je ne dis plus rien. Je ferme les yeux, pleure en silence, et attends qu'il termine sa besogne écoeurante. Après de longues minutes de secousses et de frottements qui me semblent durer une éternité, il éjacule enfin et se retire. Sans un mot, il part prendre une douche en me laissant dans cette position de grenouille sur le point d'être disséquée. Je sens son jus gluant couler le long de mon périnée, mon anus, pour finir sur les draps. Mon diaphragme, mes muscles abdominaux se contractent comme si j'allais vomir. Pourtant, rien ne sort sauf de l'air. Alors que je calme mon estomac par une respiration profonde, Bastien sort de la salle de bain et me détache. Je m'assois, masse mes poignets en le regardant hargneusement, puis sans prévenir, lui assène une gifle monumentale.

Il porte la main à son visage dont la joue vire immédiatement au rouge vif. Son regard n'a jamais été aussi hostile et effrayant qu'en cet instant. Les traits déformés par la haine, comme un serpent sur le point de cracher son venin, il siffle entre ses dents :

- Grossière erreur Coline, tu n'aurais jamais dû faire ça.







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