L'éveil de la Gardienne

Chapitre 13

PDV Bronte

La douleur s'irradie en moi. J'ai l'impression de suffoquer. Mes sens me reviennent progressivement. J'ouvre les yeux pour venir les fermer aussitôt, éblouit. Après un instant je le rouvre, m'adaptant à la luminosité. Je ne reconnais pas le lieu immédiatement. Mon esprit est embrouillé. Je me redresse. Une douleur s'éprend de moi au niveau de la poitrine. Je laisse un grognement de douleur passé . Je remarque alors les bandages. Les souvenirs me reviennent. La bataille.... Les invisibles. Le Tire...

Je me lève avec beaucoup d'effort. Et m'approche de la porte. Je l'ouvre et pénètre un couloir, à l'évidence désertique. Quelle heure est-il ? Je reconnais progressivement l'endroit. L'infirmerie du palais de l'éminence. Je me déplace doucement m'appuyant contre le mur.

- Bronte ! s'exclame une voix que je reconnais très bien.

Je me tourne et vois Emery en compagnie de Darek et Liora.

Je laisse passer un soupir.

-Que fais tu debout !? tu n'es pas en état ! Déclare Liora.

Darek croise les bras, tandis que Liora, plus expressive, semble sur le point de me fustiger de mille reproches. Je laisse échapper un autre soupir, plus lourd cette fois, comme si chaque respiration était un fardeau. La douleur dans ma poitrine, amplifiée par le mouvement, m'agresse à nouveau, et je plisse les yeux en essayant de lutter contre l'envie de me laisser tomber. Mais je m'efforce de maintenir ma posture, de paraître moins fragile que je ne le suis. Je ne veux pas me montrer fragile.

- Il faut que je sache ce qui s'est passé... Je ne peux pas rester allongé.

Emery s'avance d'un pas.

-Tu n'es pas en état de savoir quoi que ce soit dans cet état. Tu as eu de la chance, Bronte. La balle que tu as reçue est passée à côté de tes organes, mais la perte de sang... Tu es épuisé. Tu dois rester allongé. Ce sont les ordres d'Elwin ne t'en déplaise.

-Tu vas te faire plus de mal si tu insistes. Nous devons... déclare Liora hésite un instant, cherchant les mots. Nous devons être prudents. Rien n'est terminé. On ne peut pas se permettre de te perdre toi aussi.

-comment ça moi aussi ?

Je les fixe un instant, mon regard se durcit malgré la fatigue qui me ronge. Moi aussi ? Les mots de Liora résonnent dans mon esprit . La douleur mise de côté un instant est remplacée par une question qui ne peut se résoudre à sortir de mon esprit.

- Qu'est-ce que tu veux dire par "moi aussi" ?"

J'ai l'impression qu'une lourde pierre semble s'être posée sur ma poitrine. Ils s'échangent tous les trois un regard. Mais je vois dans leurs yeux que la réponse n'est pas simple, qu'il y a quelque chose qu'ils ne veulent pas me dire. Quelque chose que je dois savoir, mais qu'ils hésitent à me révéler. Emery détourne légèrement les yeux, comme s'il cherche les mots, mais il n'en a pas.

Il se contente de secouer la tête, son expression grave.

-C'est compliqué, Bronte. Et... c'est difficile à dire.

-Bronte ! s'exclame Oralie. Oh mon dieu, comment te sens-tu ? Qu'est ce que tu fais debout ? Je te laisse cinq minutes et te voilà déjà debout ! dit elle en s'approchant rapidement de moi

-Du calme Oralie je vais bien... J'attend juste une réponse de leur part.

- quelle réponse ?

-Je veux savoir qui a disparu.

Oralie pâlie et baisse la tête. Liora, qui jusque-là semblait prête à me répondre, ouvre la bouche, mais la referme presque aussitôt, incertaine. Elle regarde Darek, comme pour chercher une permission ou une direction à prendre.

-Tu devrais t'asseoir. dit Oralie en me poussant vers la chambre dans laquelle je me trouvais il y a quelques minutes.

Oralie demande à nos trois collègues de nous laisser. Ils s'exécutent, n'essayons pas de discuter l'ordre d'Oralie. Elle ferme la porte et se tourne vers moi. Un silence lourd s'installe entre nous, et je sens son hésitation.

Je la fixe intensément, et mes yeux cherchent les siens.

-Oralie... Ma voix est rauque, brisée par la douleur et la fatigue. Qui a disparu ?

Elle détourne le regard, et un léger tremblement parcourt ses mains. Elle les saisit.

-Oralie ... Dis moi.

-Velia. Elle répond après un instant de silence.

Le mot résonne dans mon esprit, lourd et terrible. Velia ? Disparue ? Je secoue légèrement la tête, comme pour chasser l'absurdité de cette idée. Non. Je refuse.

-Velia... je murmure, comme si j'avais besoin de nier ce qu'elle venait de dire. Elle... elle est morte ?

Oralie hoche la tête lentement. "

-Non, elle n'est pas morte... Elle a été emportée par Fintan. Je... Je n'ai rien pu faire. Je n'ai pas eu le temps de réagir. Bronte.

Je serre les draps entre mes mains, un froid glacial se dépose sur mes épaules

Emportée... mais comment ? Quand ? Mon esprit essaie de reconstituer le fil des événements, de la bataille mais tout est flou, tout s'impose comme une masse trouble, comme une vision à travers une brume épaisse. La bataille. Les Invisibles. Tout s'entrelace dans un tourbillon confus. Je me souviens de la silhouette de Velia .. .

- Velia... a été emportée par Fintan... Murmurais je.

- Elle a été enlevée, Bronte, dit-elle, d'une voix brisée. Fintan l'a emportée. Juste avant qu'on n'ait pu réagir. C'était rapide. Trop rapide.

Je vois les larmes emplir son regard.

Je me redresse et m'apprête à sortir. Elle me retient.

-Bronte s'il te plaît, ne fait rien de stupide. Tu es blessé et tu es encore faible !

Je secoue la tête, furieux, impuissant.

-Alors quoi ? C'est tout ? Il l'emporte et nous on reste là, à rien faire ? Ma voix se brise sous la colère et la tristesse. Non, il doit y avoir quelque chose qu'on peut faire. Il faut qu'on fasse quelque chose ! Je ne peux pas rester couché alors qu'elle est en danger.

-Bronte, je sais que tu tiens énormément à elle, mais tu viens de frôler la mort. Tu es gravement blessé. Et tout ce que tu feras, c'est te mettre en danger davantage.

-Je m'en fous ! m'écriais je, ma voix tremblante de douleur. Il a pris Velia. Il l'a emportée, Oralie ! Je ne peux pas rester là à ne rien faire pendant qu'il... pendant qu'il fait ce qu'il veut d'elle ! Elle est en danger.

-Je sais Bronte... Je sais... Mais s'il te plaît ne fais pas de bêtises... Tu as besoin de repos d'abord... Nous aviserons après.