Ce matin-là, Terence était particulièrement élégant dans sa tenue, et sa mère ne cachait pas sa fierté. Un nouveau chapitre s'ouvrait pour lui, et elle était certaine qu'il saurait affronter les défis qui se dresseraient sur sa route.
Elle lui rappela également que son père, parti travailler très tôt, lui avait transmis ses encouragements et tout son amour.
Ce souvenir reste gravé en lui, comme si c'était hier. Il se préparait pour son premier jour au lycée, une boule au ventre tandis que sa mère l'aidait à s'habiller. Bien qu'il ait imaginé cette journée à maintes reprises, il avait du mal à anticiper ce qu'elle lui réserverait réellement.
La seule autre fois où il avait mis les pieds dans ce collège, appelé LOBAD, c'était pour passer son examen d'entrée en sixième, qu'il avait heureusement réussi.
Arrivés devant l'établissement, sa mère lui fit ses adieux, promettant de revenir le chercher le soir. Elle resta garée à l'extérieur, le regardant passer le portail. Une fois celui-ci franchi, une vague d'angoisse le submergea. Devant lui, une foule d'élèves, pour la plupart plus âgés et tous en uniforme, déambulait sous la surveillance d'adultes sévères.
Terence suivit le mouvement, observant ceux qui semblaient plus assurés. Dans la cour, les élèves se mirent en rang, probablement pour la levée des couleurs. Il rejoignit un groupe de jeunes de son âge, frissonnant à l'idée que sa mère ait déjà quitté les lieux.
Peu après, le portail se referma, isolant ceux qui étaient encore dehors tandis que la majorité des élèves se tenaient dans la grande cour. Un homme, entouré d'autres membres du personnel, prit la parole : c'était le principal. La cérémonie commença, marquant le début officiel de l'année scolaire. Le principal nous souhaita la bienvenue, insistant sur l'importance de la discipline.
Libéré, Terence se dirigea vers la classe de 6eB, qu'il avait repérée la veille avec sa mère. Cette fois, la salle n'était plus vide ; les premiers rangs étaient déjà occupés, alors il prit place entre les rangées avant et arrière.
Dans une rangée voisine, trois élèves semblaient se connaître depuis longtemps. Il découvrirait plus tard que deux d'entre eux étaient redoublants. Quant au troisième, c'était encore un mystère.
Le premier professeur fit rapidement son entrée. C'était une jeune femme, petite selon Terence, qui enseignait le français. Elle posa son sac sur la table et se tint devant la classe. Pendant ce temps, les trois élèves continuèrent à bavarder, ignorant sa présence. Il fallut qu'un autre élève leur demande de se taire pour qu'ils cessent enfin, bien que de mauvaise grâce.
Je ne vais même pas m'épuiser à parler. Si cette année démarre de la même manière avec vous, je vais simplement donner mon cours pour ceux qui en ont envie, puis rentrer chez moi. Je suis encore trop jeune pour risquer ma santé inutilement.
Ce type de paroles, on en a l'habitude, même si c'est souvent dit en l'air. Mais laissez-moi vous dire que cette femme était sérieuse et pensait chaque mot. Elle finit par se présenter en écrivant son nom au tableau. Ce n'est pas important de vous le donner, mais elle avait un joli prénom typique de chez nous.
Puis ce fut notre tour de nous présenter. Chacun se levait et énonçait son nom et l'établissement d'où il venait. Bien sûr, les seuls noms que j'avais retenus étaient ceux des trois élèves qui avaient capté mon attention depuis le matin : Ama, la fille ; Adam, le plus grand ; et Yapi, le dernier.
Yapi était nouveau, mais il s'était rapidement rapproché d'Ama et d'Adam. Le professeur termina ce qu'elle avait à faire pour ce jour-là, puis s'en alla. Les trois amis reprirent aussitôt leurs discussions.
Le professeur suivant était celui de mathématiques. Lui, il était assez âgé et...
Quand il entra et que les trois autres continuaient de bavarder, il leur lança :
"Je ne suis pas là pour vos histoires ! Cette année, celui qui me dérange, je le mets dehors sans hésiter ! Je ne vais plus me compliquer la vie pour rien !"
Il s'adressait évidemment aux trois, et je me demandais ce qui rendait ces enfants si redoutés des professeurs. Une chose était sûre : je devais comprendre pourquoi. La première pause sonna et, tout timide, je n'ai pas osé me lever pour m'acheter un morceau de pain. Je suis resté assis à ma place, même si je n'étais pas seul.
Alors que j'étais assis, j'entendis derrière moi :
"Bonjour, tu es nouveau ?"
J'étais à la fois effrayé et surpris, surtout en voyant qui venait de poser la question.
"Moi, c'est Adam," dit-il. "Je t'ai entendu dire que tu venais du même établissement que moi."
Je restai silencieux un instant car, honnêtement, Adam paraissait très âgé. Il avait même déjà une barbe au menton.
"Eh oh ! Ça va ?! Tu rêves ou quoi ?" insista Adam.
"Bonjour, oui, je suis nouveau," répondis-je.
"J'ai cru que tu étais muet !" dit Adam.
"Non ! Je parle," répliquai-je.
"D'accord ! J'ai entendu que ton nom c'est..."
"Terence," dis-je.
"D'accord ! De toute façon, si tu as un souci, je suis là à côté !" conclut-il avant de partir.
C'est vrai que je n'avais pas été très accueillant, mais la situation m'avait surpris. En y réfléchissant, je me disais que c'était plutôt sympa d'être ami avec ce genre de personnes, ainsi je n'avais rien à craindre.
Durant la journée, je les observais, et ils parlaient de moi... Je ne savais pas ce qu'ils disaient, mais à un moment, j'avais peur qu'ils préparent un coup pour me voler mes affaires.
À la fin de la journée, je quittai la salle, j'avais tellement faim que je voulais rentrer rapidement. Pendant que je marchais, les trois amis, Adam, Yapi, et Ama, me suivaient. Je fis semblant de ne pas remarquer leur présence. Dès que je sortis du portail, je vis la voiture de maman déjà garée. Je m'y dirigeai, et en ouvrant la portière, j'entendis trois voix qui me dirent en même temps :
"Au revoir et à demain, Terence !"
Déjà à moitié dans la voiture, je me retournai, leur fis un signe de la main, puis entrai dans la voiture.
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L'envieux
Mystery / ThrillerSYNOPSIE Nous portons tous en nous une part obscure, et il suffit d'une seconde d'inattention pour que le Malin s'en aperçoive et nous manipule. C'est ainsi qu'il nous transforme en ses instruments, en éveillant cette noirceur en nous. Croyez-moi...