L'envieux

Chapitre 9

Il est 10h30 lorsque je vois le corps de mon amie s'effondrer, feignant une légère migraine. Elle est transportée par d'autres camarades vers l'infirmerie, mais je sais que c'est juste pour créer une diversion. Je reste en classe et j'attends la suite, qui ne tarde pas. Un enfant crie dans la cour :
• Le serpent !! Le serpent !!
Elle est terrorisée. Même sa peau, marquée par la chair de poule, devient soudainement blanche ! Les surveillants lui demandent où elle a vu le serpent. Elle répond dans les toilettes.
Quelque chose me dit que Ama est derrière tout cela, et je me rends compte que j'avais raison, car après cela, Ama rentre chez elle et ne revient pas à l'école pendant près d'une semaine.
C'est ainsi que, pendant une semaine, Ama, le serpent, apparaissait régulièrement à un ou deux élèves. C'était un énorme serpent, un boa, que l'on voyait pendant que l'on faisait ses besoins. Il ne faisait pas de mal physique, mais la peur qu'il inspirait était phénoménale. Voilà donc nos petits jeux !
Le serpent disparut lorsque Ama reprit les cours. Le principal, conscient de ce qui se passait, laissa faire leur jeu et autorisa l'arrivée d'un marabout, complice de leur manège, qui leur fit croire qu'il avait réussi à bloquer le serpent.
L'école était notre temple, on faisait ce qu'on voulait, quand on voulait. Mais au bout du second trimestre, je voulais plus !
Je voyais Yapi initier des nouveaux dans la fraternité... De nouveaux que moi, en tant que pilote, j'allais chercher en avion.
Je me suis dit que si je présentais de nouvelles énergies au principal, il me donnerait alors plus de responsabilités.
Dans la nuit de la sorcellerie, à la fin du troisième trimestre scolaire, étant déjà proche d'Ama, car elle était la dernière que j'avais pour habitude de déposer en avion de nuit, elle tomba amoureuse de moi.
Pas physiquement, mais mystiquement.
Ama m'aimait, nous nous sommes donc mis ensemble.
Oui, je me suis fiancée à Ama ! J'étais fiancée dans le monde de la nuit avec une femme serpent.
Mais jusque-là, j'avais mes objectifs à atteindre.
Un week-end à la maison, alors que je mangeais avec mes parents, maman m'annonce qu'elle attendait un bébé et que je serai bientôt grand frère.
Elle pensait sûrement que cette nouvelle me réjouirait, mais elle se trompait.
Mon cœur était tellement noir que je n'avais pas besoin de ça, je voulais rester le seul fils de mes parents.
Maman étant enceinte de quelques mois, j'en ai parlé à ma fiancée et, bien évidemment, je lui ai fait part de mon mécontentement.
Ama me demanda :
• Et que veux-tu qu'on fasse ?
Je lui répondis :
• Qu'on extraie ce bébé de son ventre !
Elle éclata de rire, me tendit une jolie petite chaîne et me dit :
• Mets ça dans les toilettes de tes parents cette nuit. Je viendrai aspirer le bébé lorsque ta maman ira faire ses besoins.
Je fus entièrement d'accord avec cette idée, donc je pris la chaîne et, le soir venu, je fis ce qu'elle m'avait demandé.
Maman, après ses travaux, entra dans les toilettes, je m'assurai qu'elle était bien assise sur le bidet. Au bout de quelques minutes, je pouvais entendre ce qu'aucun autre être humain ordinaire ne pouvait entendre. C'était le bruit d'une paille qui aspirait un liquide ! Ama accomplissait son travail jusqu'à ce que le bruit cesse.
Deux jours après, maman fit une fausse couche.
• Terence, je suis désolée, mais tu ne seras plus grand frère ! J'ai perdu le bébé !

J'avais fait semblant d'être triste pour mes parents et pour moi, mais en réalité, j'étais très content que cette opération ait réussi aussi facilement.
C'était la première fois qu'Ama et moi réussissions un coup pareil ! Le soir, quand je suis allé la chercher en avion de nuit chez elle, sur sa toiture, elle m'a remis le bébé qui était encore dans son placenta, et moi je l'ai amené au principal.
— C'est pour moi ?
Terence : Oui, c'est pour vous !
- Oh, quel beau cadeau ! Je vais me régaler ! Mais que me vaut l'honneur d'un présent aussi délicieux ?
Terence : Vous m'avez accueilli ici comme un fils, et j'ai voulu être reconnaissant en vous offrant mon petit frère.
- Ton petit frère ?
Terence : Oui ! Sorti tout droit des entrailles de maman! Je vous l'offre.

Ce genre de geste dans cette partie du monde invisible était considéré comme noble et respectable. La plupart des gens attendaient peut-être qu'on leur demande de donner, mais moi j'avais donné sans qu'on ne me demande. En même temps, je savais que le principal n'était pas idiot, il savait que je voulais quelque chose. Ce n'est pas pour rien qu'il m'avait permis de me transformer en scorpion, il savait ce que le scorpion signifiait dans la lignée de ces bêtes. Il s'était régalé, puis un jour ou une nuit, il m'a appelé et m'a demandé ce que je voulais.