Chapitre 11

4 1 0
                                    

Cela faisait donc deux de moins ! Tout en espérant qu'on me confierait le rôle de Yapi si ce dernier venait à disparaître. Chaque sorcier recherche le pouvoir, c'est indéniable ! Chacun souhaite avoir une place de choix dans la hiérarchie du mal, et moi, je m'imposais progressivement. Après la mort de Yapi, un décès dont personne ne m'avait soupçonné, deux semaines passèrent avant qu'on ne doive le remplacer. J'étais certain de devoir prendre sa place en tant qu'homme.

Nous sommes arrivés comme convenu, et le principal a décidé que celui qui devait désormais initier à la place de feu Yapi serait Ama. Une nouvelle déception. Cette fois, je n'ai pas supporté et j'ai exprimé mon mécontentement en pleine réunion. Le principal m'a rétorqué :
• Tu oses contester ma décision ? Tu oses contester ma décision ? Moi, ton supérieur ?

Je regrettais déjà. Ce que je venais de faire allait certainement avoir de lourdes conséquences, et je le savais bien. Le principal ne cessait de gronder, et même si je commençais à me faire tout petit, c'était trop tard, j'avais tout gâché !
• Tu seras banni !
• Non, non ! Je ne veux pas être banni !
• Tes pouvoirs te seront ôtés !
C'est ainsi que j'ai perdu tous mes pouvoirs, je dis bien tout. La seule chose qui me restait étaient les souvenirs. Que serais-je sans mes pouvoirs ?! Les voyages de nuit me manquaient terriblement ! On m'avait interdit de voir Ama, et elle me manquait énormément. En arrivant au collège, je ne reconnaissais plus rien de ce que j'avais l'habitude de voir. J'étais devenu vulnérable, une âme sans direction, un homme normal. Je n'étais pas habitué à vivre ainsi. Je devais rencontrer le principal et lui présenter mes excuses.

Malgré l'interdiction de voir Ama, j'ai réussi à la convaincre de me rencontrer et de parler au principal pour lui faire savoir que j'étais prêt à tout pour qu'il me pardonne et me restitue mes pouvoirs. Je ne sais pas si c'était un test, mais le principal n'a même pas montré de crainte à l'idée que je puisse tout révéler, comme je le fais aujourd'hui. Mais sans mentir, je n'avais pas cette intention. Je ne pouvais rien dire, car cette vie me manquait, et je pensais avoir encore une chance de redevenir celui que j'étais.
• Je ne te promets rien, mais j'essaierai de lui parler.
• Merci, Ama ! Tu me manques beaucoup.
J'avais voulu la toucher, mais elle avait refusé. J'avais vraiment touché le fond.

À la maison, rien n'allait. Entre mes humeurs et celles de mes parents, les tensions étaient montées depuis la classe de seconde, et avec mon père, le courant ne passait presque plus. Je n'étais plus un enfant, j'avais presque dix-huit ans. Il m'arrivait alors de rentrer à la maison et de passer mes soirées et mes nuits dans ma chambre, sans parler à personne.

Je ne savais pas, mais si l'on avait ôté en moi la soif du sang et de la chair, j'aurais probablement accepté ma nouvelle vie. Cependant, je pense que le principal savait exactement ce qu'il faisait. J'ai passé toute l'année sans m'approcher de la fraternité, sans y mettre les pieds. J'étais conscient de n'avoir rien écrit, et je savais que je ne devais pas réussir ! Depuis mon arrivée dans ce collège, je n'avais jamais évolué grâce à mes propres connaissances. Je n'étais pas habitué à cela !

Après les cours, alors que nous attendions les résultats, une nuit, je reçus la visite d'Ama par ma fenêtre. Elle était toute souriante lorsque je lui demandai ce qu'elle faisait, et elle répondit :
• Le principal veut te voir !

L'avion de nuit m'attendait dehors. Je suis sorti et nous nous sommes envolés vers la confrérie. À notre arrivée, le principal était là, sérieux. Il me dit :
• J'ai longtemps écouté Ama et si je t'ai rappelé, c'est grâce à elle, mais ton retour ne sera pas gratuit dans cette confrérie. Tu as outré un peuple qui existe depuis des siècles.

Je lui répondis :
• Tout ce que vous voudrez, seigneur !

J'étais prêt à tout, mais pas à ce qu'il allait me demander ! Il me tendit deux poignards et me demanda d'avancer. Je les pris et avançai. Il me dit :
• Regarde au sol, et qu'est-ce que tu vois ?

Je baissai la tête et ce que je vis étaient...
• Mes parents !
• Oui, ce sont tes parents ! Est-ce que tu les aimes, Terence ?

Je pouvais être en colère contre mes parents, mais au fond, je ressentais de l'amour pour eux.
• Oui, je les aime !
• Veux-tu retrouver tes pouvoirs ?
• Bien sûr que oui !
• Alors utilise chaque poignard et enfonce-les sur chaque image. Tes parents mourront, et tu retrouveras tes pouvoirs !

Voilà donc ce que le fameux principal m'avait demandé : mes pouvoirs au prix de la vie de mes parents. C'était atroce, l'un des choix les plus difficiles de ma vie ! Et en même temps, je n'avais pas de choix...
• Oui, maman.
• Je veux qu'on parle !

Terence : Je t'écoute maman !
• Je ne suis pas content du climat qui sévit dans cette maison depuis un moment ! C'est pourquoi je t'ai appelé !
J'ai parlé à ton père hier et je pense que ce soir on devrait s'asseoir pour discuter de tout ça.

Terence : D'accord maman.
• Je vais à l'hôpital et je vais chercher ton père ! À ce soir !

Terence : D'accord.
Trois semaines s'étaient écoulées depuis ma dernière nuit à la réunion où je devais faire un choix, et ce choix, je l'avais fait.
Mes parents étaient sortis, chacun pour aller vaquer à ses occupations, et moi, ce soir-là, je les attendais pour qu'on ait une discussion. C'était un samedi.
Cette situation avait déjà été assez difficile et j'étais d'accord pour la paix pour tout le monde, donc je les attendais.
L'heure passait, il était déjà 19h passées, et ma mère, à cette heure, n'était jamais hors de la maison.
Puis, il était déjà 20h quand mon téléphone sonne et je vois un numéro inconnu.
Je décroche et j'entends des agitations, des bruits... on dirait que des gens sont en route !
• Allô !

Terence : Oui, allô ?
• Nous avons pris votre numéro dans le téléphone d'une dame qui vient d'avoir un accident avec un homme ici ! Vous êtes le dernier numéro qu'elle a appelé !
J'avais compris ce qui venait de se passer ! J'avais fait le choix de retrouver mes pouvoirs, mais jamais on ne m'avait dit quand le mal devait arriver.
Et ce jour fut le fameux jour où je devins orphelin.
J'aurais aimé leur parler une dernière fois, mais certains choix sont parfois cruels, et on n'y peut rien !

Terence : D'accord, j'ai compris ! J'arrive !!

Je suis arrivé sur les lieux de l'accident, et mes parents avaient déjà été transportés dans un hôpital assez proche pour être pris en charge.
Cette sensation de savoir que c'était à cause de moi qu'ils étaient là m'avait un peu attristé, mais dès que j'ai senti mes pouvoirs revenir, j'ai tout de suite oublié ce qui venait de se passer.
Je me souviens que j'avais commencé à voir des personnes marcher autour de moi, des personnes que seul moi pouvais voir. C'est à ce moment que j'ai su que j'avais retrouvé mes pouvoirs de sorcier.
Ça m'avait manqué, je me sentais beaucoup mieux, mais je ne devais plus jamais voir mes parents.
D'un côté, j'avais la consolation de retrouver le monde des esprits de la nuit.
Je vais épargner les détails du deuil, mais lorsque certains de mes oncles ont décidé que je devais vivre avec eux, j'ai refusé.
J'aurais pu accepter si au moins ils avaient une valeur dans l'échelle de la sorcellerie, mais ceux-là ? Ils avaient déjà été dévorés par les sorciers du village où ils vivaient.
Il y en avait même un dont la femme était une terrible sorcière, on s'était rencontrés pendant le deuil et on s'était reconnus, mais sinon, rien de plus, car on n'appartenait pas à la même confrérie.
J'ai donc décidé de revenir en ville, prétextant que mes parents avaient toujours voulu que je poursuive mes études, quoi qu'il arrive.
À la question de savoir comment je devais vivre, je leur disais que je savais ce que je ferais.
Je suis donc revenu dans la maison où mes parents vivaient, mais ça n'a pas été facile de vivre là.
Mes parents avaient construit cette maison avec amour et avec le cœur, je les voyais dans chaque pièce où je mettais les pieds.
Ils pleuraient et me demandaient pourquoi je leur avais causé autant de mal. Je voyais les larmes de ma mère, et quand elles touchaient le sol, elles en ressortaient sous forme de fumée.
Ils n'arrivaient pas à me faire de mal, mais les voir là ne me plaisait pas !
J'en ai parlé au principal, qui m'a fait comprendre que mes parents m'avaient beaucoup aimé, et bannir leur esprit de cette maison aussi facilement était extrêmement difficile.
• Tout ce que tu as à faire, c'est de déménager !

L'envieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant