Chapitre 8

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J'avais donc commencé à vivre dans l'incertitude, sachant que le principal pouvait décider à tout moment de nous faire du mal. Cependant, je savais où je les menais pour atteindre mes objectifs. L'année étant terminée, j'avais réussi à passer dans la classe supérieure, et ce fut le cas pour tous mes amis. Pendant les vacances, eux étant partis, nous ne nous étions pas vus. Quant à moi, je me retrouvais parfois seul avec le principal, ce qui me permettait de mieux le connaître.

Je visais un poste plus élevé que celui de principal. Dans quelques années, je devais être ministre. Je n'avais pas l'intention de rester là, derrière des élèves, je voulais diriger des hommes importants !

Yapi m'avait demandé si c'était possible.

Oui, c'était possible ! Ce jour-là, il m'avait répondu en me tapotant l'épaule, comme pour me dire qu'il existait des choses que je ne pourrais certainement pas comprendre encore. En début d'année suivante, on m'avait finalement annoncé que j'étais devenu pilote et qu'on m'avait montré l'art de la transformation. Ce n'était pas du tout quelque chose de simple. Mystiquement, je devais capturer l'animal dans lequel je devais me transformer, et c'était le principal qui me fournissait l'animal en question.

Le jour où il avait révélé que je pouvais désormais me transformer en scorpion, c'était cette nuit-là. Dans une grande forêt située dans un autre pays, je devais capturer un scorpion doré. Il n'en existait qu'un seul dans cette forêt, et j'avais deux nuits pour le trouver, sinon tout était terminé. J'aurais peut-être jamais retrouvé ce scorpion, mais j'ai accepté le défi et j'ai fait le voyage seul, je pilotais.

Arrivé sur ce territoire étranger, je me suis mis à chercher. Je rencontrais des collègues qui luttaient avec des lions pour les capturer et en devenir, d'autres cherchaient des aigles et bien d'autres animaux. Ce qui était bien, c'est que cette grande forêt était réputée pour abriter des sorciers venant se transformer.

Je me suis donc lancé à la recherche du scorpion doré. Pendant deux nuits, mon esprit était agité ! Mes parents, à la maison, me voyaient très calme et posé pendant ces jours, mais en réalité, c'était juste mon enveloppe corporelle qu'ils voyaient. Mon esprit était dans cette jungle ! Là-bas, on ne craint pas la mort, mais l'échec, et moi, je ne voulais pas rester le petit Yapi que tout le monde avait connu.

Je devais retrouver ce scorpion. J'ai marché partout dans la forêt et, à un moment donné, j'ai trouvé un tas de scorpions. Je leur ai demandé s'ils savaient où se trouvait le scorpion doré, que je voulais rencontrer. Leur chef m'a dit qu'il était perché en haut d'un arbre, seul depuis des années, et qu'il n'était jamais descendu.

J'ai pris mon avion et je suis monté dans l'arbre. Là, j'ai trouvé le vieux scorpion doré, et j'ai voulu l'attraper. Il m'a dit :
• Pas de brutalité ! Je t'attendais ! J'étais un homme comme toi, et j'ai décidé de venir ici pour attendre celui qui viendrait me faire sortir. Prends-moi, et je te servirai pour toujours !

Surpris, je l'ai pris et nous sommes retournés à la fraternité. Lorsque je suis revenu, brandissant la bête dans ma main, j'ai été acclamé comme un roi. Ce jour-là, le principal m'a nommé nouveau pilote de la fraternité et m'a donné le pouvoir du scorpion.
• Scorpion, parce que tu as du caractère, que tu sais t'affirmer, et parce que tu sais obtenir ce que tu veux, quand tu veux. Enfin, parce que tu es énigmatique et aussi dangereux.

J'ai souri en le regardant. Au moins, je l'avais fait !

La nouvelle année pouvait donc commencer. J'avais un nouveau statut et j'étais heureux non seulement de l'expérimenter, mais aussi de continuer dans cet établissement. Nouveau statut rimait automatiquement avec nouveau pouvoir ! J'étais prêt à faire des expériences. J'avais retrouvé Ama et Yapi, les tensions s'étant apaisées, nous étions à nouveau réunis avec pour objectif de continuer notre sorcellerie. Le collège accueillait de nouveaux élèves, et le nombre total d'élèves était désormais deux fois plus élevé que l'année précédente, lorsque j'étais arrivé. On apercevait les plus jeunes, ceux qui venaient d'entrer en sixième, qui étaient surtout de belles proies pour nous. Au début de l'année, il fallait bien que l'on fasse connaissance avec les autres ! Le recrutement n'était jamais interdit, sauf que je n'avais pas reçu le pouvoir d'initiation, car après la mort d'Adam, c'était désormais Yapi qui en était chargé.

Notre conversation se déroula tranquillement, la routine de chaque début d'année avec les présentations et tout ça. Même si nous étions en classe supérieure, il y avait toujours des nouveaux parmi nous. Tout se passa donc bien durant les premières semaines. Nous étions tous calmes, puis un jour, je décidai de commencer à faire des expériences. Tous les enfants ayant un esprit vide, j'avais envie de les posséder un moment et de les faire entrer en transe. Pour nous, c'était juste un jeu que nous aimions faire ! Je me transformai en scorpion et me rendis à la cantine, où j'injectai mon poison dans la nourriture de toutes les femmes présentes. Elles ne pouvaient pas me voir ! Ce n'était pas un scorpion qu'on voyait. C'était quelque chose de mystique, et j'étais invisible.

Comment je faisais cela ? En classe, on avait l'impression que je dormais, mais moi, mon esprit était déjà sorti sous la forme d'un scorpion. Je me rendais à la cantine pour accomplir ce que j'avais à faire. Après avoir terminé, je revenais en classe, je reprenais entièrement possession de mon corps et j'attendais le résultat. Le lendemain, lorsque midi arriva, l'agitation envahit tout le lycée. Tout le monde cherchait à savoir ce qui se passait quand on apprit qu'une fille s'était évanouie en cours. Je ne les tuais pas, mais j'aspirais leur énergie ! Lorsqu'elles tombaient et étaient inconscientes, je me transformais en scorpion et partais les aspirer. C'était à l'hôpital qu'elles se réveillaient, et après, tout allait beaucoup mieux. En un mois, j'avais fait tomber plus d'une cinquantaine d'élèves. Le collège fut remis en question, mais la faute fut rejetée sur les parents qui, soi-disant, ne signalaient pas les maladies de leurs enfants. Nous, par contre, mes amis et moi, cela nous faisait bien rigoler, au point où un jour, Ama me dit : « Tu veux aussi voir de quoi je suis capable ? » Vous savez, jusqu'ici, je n'avais jamais connu le véritable pouvoir d'Ama, ou encore sa particularité, et ce jour-là, elle me donna l'occasion de voir.

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