La vérité sur le mariage
EP 14 - « un mot final »On est arrivé à un stade où notre seul lien est le bébé que je porte. Chaque conversation se résume à des questions logistiques : le suivi médical, les achats restants, les rendez-vous chez la sage-femme.
Carrément la honte les filles même la sage femme a remarqué que ça allait pas entre nous deux mais ce n'était pas ça le pire.
Le pire c'était nos familles.
D'ailleurs Salah-Eddine, le grand-frère de Sofiane a demandé à ce qu'on vienne chez lui ce soir, je suis sur que c'est pour parler de notre couple, la honte sérieux.
J'avais la boule au ventre. J'voulais grave pas y aller mais bon nous n'avions clairement pas le choix, Salah-Eddine c'est l'ainé de leur famille, celui que tout le monde respecte, c'était notre témoin de mariage civil et religieux donc autant vous dire qu'il se sent pleinement dans son droit de nous « convoquer ».
- tu crois qu'il veut parler de quoi ?
Sofiane n'a même pas levé les yeux de son téléphone.
Sofiane - t'sais très bien.
- tu lui a raconté...
Sofiane - j'ai rien raconté du tout j'ai un minimum de fierté et d'honneur, j'vais pas m'amuser à aller dire à ma famille que ma femme parle à son ex t'inquiète pas.
- je m'inquiète pas je veux juste savoir..
Sofiane a soufflé, exaspéré, mais il n'a rien répondu. Son silence m'agaçait, mais je savais que ça ne servait à rien de continuer.
Je suis partis m'habiller, j'me suis dis que j'allais faire un petit effort pour paraitre « normal » donc j'ai enfilé une robe chemise noire, mes petites samba et quelques bijoux puis j'ai fais une petit make up no make up histoire de ne pas avoir l'air trop fatiguée.
Quand je suis sortie de la chambre, il m'a à peine regardée. J'ai attrapé mon sac et j'ai balancé un :
- on y va ?
Il a simplement hoché la tête et s'est levé sans un mot.
Dans la voiture, le silence était pesant. J'essayais de me concentrer sur mon téléphone mais même ça ne suffisait pas à apaiser mes nerfs. Sofiane avait une main sur le volant et l'autre sur son téléphone posé à côté, vérifiant ses notifications à chaque feu rouge. J'ai fini par briser le silence.
- t'as quoi à vérifier ton tèl toute les deux minutes ? tu parles avec qui ?
Sofiane - j'parle pas avec mon ex moi t'inquiète.
Il avait réussi à me piquer et me rendre silencieuse pour tout le reste du trajet.Je me concentrais sur la route, sur les voitures qui défilaient, mais je sentais cette tension qui nous entourait.
Arrivés chez Salah-Eddine, c'est lui même qui n'ouvre avec un grand sourire en voyant ma main agripper le bras de Sofiane.
Salah Eddine - salam aleykum, entrez, marbabikoum
On a échangé un regard rapide, puis on est rentrés. Le salon était vide et silencieux, ça sonnait vraiment comme un interrogatoire.
Salah Eddine - faites comme chez vous, j'arrive.
On s'est installé sur le canapé silencieusement et
il est revenu avec des verres et du jus avant de s'asseoir en face de nous, les bras croisés, son regard observateur scrutant nos visages. Il ne semblait pas vouloir perdre une miette de notre réaction.