𝑁𝑜𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟𝑒 : 𝐽𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑐ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒𝑠, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑐𝑒𝑙𝑢𝑖-𝑐𝑖 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑖𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝟷𝟿 (𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝑒𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑙𝑒 𝑝𝑜𝑠𝑡𝑒 𝑚𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒𝑛𝑎𝑛𝑡). 𝐵𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑙𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 !
𝓛é𝓪𝓱.
Sans attendre son aval, je me mets à bouger des hanches au rythme des congas qui s'en donnent à cœur joie. J'adore cette ambiance, cette musique ; ce regard presque animal qu'il coule alors sur moi. Ses pieds sont bien ancrés au sol, son corps immobile, comme insensible à tout ce qui l'entoure. Ou presque. Ses doigts saisissent habilement la bière que le barman vient de déposer près de lui, mais son attention reste fixée sur moi. Ses prunelles s'accrochent aux miennes avant d'en prendre possession ; je perds la mesure. Celle du groupe, des battements de mon cœur, du temps et de l'espace. Je crois même avoir arrêté de danser, mais je n'en suis pas certaine. Je ne me sens plus du tout en phase avec mon propre corps. Il n'y a plus que lui, son aura lumineuse, pourtant ternie d'une ombre dont je ne connais que trop bien la cause.
J'aurais pu rester ainsi des heures. À le contempler. À tenter de lire en lui. À ressentir, jusqu'au plus profond de mon âme, cette connexion que j'ai de plus en plus de mal à ignorer. Mais le mouvement brusque d'un des nombreux danseurs me ramène à la réalité. Dans un déséquilibre total, je suis projetée en direction du bar. Basile me rattrape de justesse avant que je finisse ma course à ses pieds. Étrangement, j'ai la sensation qu'à l'intérieur, tout s'écroule sous la puissance de ses grandes mains chaudes qui s'accrochent à mes bras nus et frissonnants. Je fonds sous la douceur de son geste, qui devient peu à peu caresses furtives, presque imperceptibles. Je ne relève pas les yeux, c'est inutile. Bien trop risqué. Au contraire. Blottie contre son corps d'athlète, je me nourris des sensations qu'il éveille en moi, les paupières closes et le cœur battant à tout rompre.
— T'as vraiment l'art de te mettre en difficulté, Cookie.
Un rire m'échappe, son timbre rauque me rassure autant qu'il m'excite.
— Une chance que tu sois là pour me rattraper.
J'ai murmuré ces mots, incertaine qu'ils soient parvenus jusqu'aux oreilles de mon apollon. Peu importe, je n'attends aucune réponse de toute façon.
— Oh, regarde, une banquette vient de se libérer ! m'exclamé-je en le tirant par le bras jusqu'à l'autre bout de la pièce.
L'endroit est plus calme, loin de la scène et de la cohue générale. Ici, les gens peuvent discuter sans avoir besoin de hausser le ton, dans une ambiance beaucoup plus feutrée. Les coussins sont moelleux, les tables minuscules mais toutes séparées par des paravents aux multiples coloris. Ma foi, je dois avouer que c'est plutôt agréable.
Peut-être un chouïa trop intimiste.
— Alors... hésite Basile en se glissant à mes côtés, quand commences-tu ton nouveau boulot ?
— Début juillet, à mi-temps. C'est une bonne chose, je crois. Ça me permettra de me remettre doucement dans le bain.
Il acquiesce tandis que nos regards se croisent enfin. Je sens qu'il se retient de me demander quelque chose, il triture son verre, s'agite et soupire avant de jeter un œil aux alentours. Curieusement, j'ai envie de l'encourager. De consolider ce lien étrange que je veux voir perdurer entre nous.
— Vas-y. Pose-là, ta question.
— Je me demande juste pourquoi tu as si peur de reprendre le travail. Et pourquoi je lis autant de culpabilité quand tu mentionnes ton père.
— J'ai encore beaucoup de mal à en parler, me ravisé-je finalement, la gorge nouée. Je sais que ça me ferait du bien, mais revivre ce moment, ça me terrifie.
— Tu voudrais bien essayer de me raconter ce qui s'est passé ? Tu sais, parfois les mots ont juste besoin de sortir, peu importe comment.
— Je... c'est...
Prise de sanglots avant même d'avoir articulé une phrase, j'inspire un grand coup pour ne pas craquer. Je me rappelle l'existence de mon mojito, que Basile n'a pas oublié sur le comptoir – contrairement à moi, qui l'avait relayé au second plan. Un breuvage que je considère soudain au même titre que l'archange Saint-Michel, porteur de courage et de volonté. Les quelques gorgées que je m'autorise sont salvatrices. Si j'étais un peu plus honnête, j'avouerais que la façon si douce et bienveillante dont mon partenaire m'observe l'est tout autant.
— Je ne suis pas là pour te juger, me rassure-t-il en enveloppant ma main de ses doigts agiles et réconfortants.
Son geste est pudique, réservé, sans doute afin d'éviter toute mauvaise interprétation, mais j'apprécie grandement.
Parce que je le sais sincère.
— Mon père a toujours été un homme droit. Et honnête. Il prônait la vérité, qu'elle soit simple ou douloureuse. Mais ce jour-là... Ces dernières paroles... c'étaient des mensonges.
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Summer Rain
Lãng mạn𝐈𝐥 𝐧'𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐨𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠 𝐨𝐮𝐭. 𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐪𝐮'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧. La malchance chronique de Léah n'a jama...