De retour à la boutique, je suis nerveux. J'appréhende d'avoir mis trop longtemps à revenir et à trouver la cabine d'essayage vide.
L'espoir renaît lorsque j'entends sa voix tremblante, derrière le rideau fermé.
— Bon sang, cette fois, c'est vraiment mort ! Je suis sûre qu'il ne reviendra pas...
— Croyez-moi, il ne vous laissera pas tomber, tente de la rassurer Diane. Ah, justement, le voilà ! s'exclame-t-elle en me découvrant.
Essoufflé, je lui souris avant de m'approcher de Léah, lui glisse la housse de son côté et m'éloigne de quelques pas.
— Désolé du retard, j'ai eu un léger contretemps.
— Quelque chose me dit que tu vas avoir du mal à la reconnaître, sourit mon amie, sans dévier son regard de la cabine.
Je m'installe à côté d'elle, sur une banquette rembourrée prévue pour les clients. Dans l'espace privé de Léah, à quelques mètres de nous, j'aperçois à nouveau ses pieds rougis, et même blessés par endroit. Ses petites chaussures sont visiblement tout sauf confortables ; je me demande bien pourquoi elle s'obstine à les porter. Je distingue ensuite un bruit de fermeture éclair. Le froissement d'un tissu synthétique et imperméable. Un silence. Un cri d'étonnement.
— Oh mon Dieu ! Mais qu'est-ce que... ?
— Un problème ? m'inquiété-je soudain, pris de remords de ne pas avoir vérifié le contenu de la housse.
— Un problème ? répéte-t-elle troublée. Cette robe est une pièce de musée ! Combien elle a coûté ? Je n'aurais jamais de quoi vous rembourser...
Rassuré, je retrouve une respiration plus ou moins normale et ne peux m'empêcher de rire. Ma sœur est influenceuse depuis de nombreuses années. Elle gagne très bien sa vie et n'a jamais caché son penchant pour les vêtements de luxe. J'ai des goûts moins exubérants en matière de fringues, mais j'avoue avoir un attrait particulier pour les belles voitures. Une me suffit, je ne cherche pas à faire collection ; contrairement à elle.
— Vous devriez vous dépêcher, me contenté-je de lui répondre. Et ne vous inquiétez pas pour ça, je ne l'ai pas payée.
— Comment ça ? cherche-t-elle à comprendre. Vous ne l'avez pas volée, au moins ? J'ai déjà bien assez de soucis comme ça !
— Détendez-vous, Léah. Je l'ai empruntée.
— La personne est au courant ? s'enquiert-elle de plus belle. Qui de censé prêterait ses fringues hors de prix à quelqu'un qu'elle ne connaît même pas ? Qui plus est, quelqu'un comme moi...
Diane et moi rions de bon cœur. Nous nous connaissons depuis presque dix ans. Elle est l'une des premières personnes à avoir su pour mon homosexualité, mais elle n'a jamais trahi mon secret. À l'époque, elle avait joué ma petite amie durant un temps, histoire de calmer les rumeurs de la presse. Depuis, son sourire et sa tendresse font partie intégrante de ma vie ; c'est la meilleure amie que l'on puisse rêver d'avoir.
— Elle est charmante, me confesse cette dernière à voix basse en s'appuyant contre mon épaule. Surprenante, mais très charmante.
Je lève les yeux au ciel pour toute réponse, pas certain qu'il soit l'adjectif le plus représentatif pour Léah. Le rideau remue tandis que la gérante s'éclipse pour répondre aux besoins d'autres clients qui viennent d'entrer dans la boutique. Les mains dans les poches, je l'observe un instant, repense à celle qu'elle était encore il y a trois ans, au chemin qu'elle a parcouru pour réaliser son rêve de créer sa propre ligne de vêtements, et à la force dont elle a fait preuve pour combattre sa maladie. Je suis tellement fière d'elle, de ce qu'elle est devenue ; de ce qu'elle a fait de moi. Diane m'a changé. Elle m'a montré mes meilleurs côtés, que jamais rien n'est acquis et qu'aucun combat n'est gagné d'avance. J'ai revu mes priorités, je suis descendu de ce piédestal sur lequel tout le monde me mettait sans vraiment me connaître. Je n'étais qu'un jeune garçon à l'avenir prometteur, à qui on a inculqué les mauvaises valeurs. Je me suis laissé entraîner parce que ça m'arrangeait. C'était plus simple de faire ce qu'on attendait de moi plutôt que réfléchir par moi-même.
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Summer Rain
Roman d'amour𝐈𝐥 𝐧'𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐨𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠 𝐨𝐮𝐭. 𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐪𝐮'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧. La malchance chronique de Léah n'a jama...