les vérités qui dérange

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Le lendemain matin, Momo se sentait lourd. La nuit avait été longue, entre les remords de sa dispute avec Babacar et la voix d’Adama résonnant dans sa tête. Ses mots étaient clairs, précis, et surtout douloureusement vrais.

À l’école, il tenta de passer inaperçu. Mais la tension était palpable. Quand il croisa Babacar dans la cour, ce dernier détourna le regard sans un mot. Ce silence pesant était pire qu’une confrontation.

Momo soupira en s’asseyant sur un banc isolé, près du terrain de sport. Il avait besoin de réfléchir, de comprendre ce qu’il ressentait vraiment.

Mais ses pensées furent interrompues lorsqu’une silhouette familière apparut devant lui. C’était Adama.

— On peut parler ? demanda-t-elle, le regard sérieux.

Il hocha la tête. Elle s’assit à côté de lui, laissant quelques secondes de silence avant de parler.

— Tu sais, Momo, je ne voulais pas te juger hier. Mais il fallait que je dise les choses. Vous êtes en train de détruire une amitié pour quelque chose qui, au fond, n’en vaut peut-être pas la peine.

Momo baissa la tête.
— Je sais... Tu as raison. Mais je ne sais pas quoi faire, Adama. Fatou mérite une réponse, Babacar mérite ma loyauté... et moi, je suis coincé au milieu.

Adama le fixa, ses yeux brillants d’une lueur déterminée.
— Tu n’es pas coincé, Momo. Tu es juste effrayé.

Ces mots frappèrent Momo plus fort qu’il ne l’aurait imaginé.
— Effrayé ? répéta-t-il.

— Oui, répondit Adama calmement. Effrayé de blesser quelqu’un, effrayé de faire un choix qui pourrait tout changer. Mais tu dois comprendre une chose : l’indécision est aussi un choix. Et en restant dans cet état, tu fais du mal à tout le monde, y compris toi-même.

Momo passa une main dans ses cheveux, frustré.
— Mais si je choisis, je perds quelque chose. Fatou, Babacar, peut-être même toi...

Adama sourit légèrement.
— C’est ça la vie, Momo. Faire des choix, c’est accepter de perdre pour avancer. Mais tant que tu resteras paralysé, tu ne feras que stagner.

Ils restèrent silencieux un moment. Puis Adama posa une main sur son épaule.
— Écoute, je ne peux pas te dire quoi faire. Mais je peux te donner un conseil : sois honnête. Avec Fatou, avec Babacar, et surtout avec toi-même.

Elle se leva, prête à partir, mais se retourna une dernière fois.
— Et souviens-toi, Momo : peu importe ta décision, ceux qui tiennent vraiment à toi trouveront un moyen de rester.

Momo la regarda s’éloigner, ses paroles résonnant dans son esprit. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que le problème n’était pas ce qu’il ressentait, mais le fait qu’il n’avait jamais eu le courage de l’affronter.

Alors qu’il retournait en classe, il sentit une étrange résolution monter en lui. Peut-être était-il temps de mettre fin à ce chaos... en commençant par dire la vérité.

L'orage éclate

La tension entre Momo et Babacar semblait s’étirer comme une corde prête à céder. Momo avait passé la matinée à éviter le regard de Fatou et à chercher un moment pour parler à Babacar, mais rien ne semblait se passer comme il le souhaitait.

Alors qu’il se dirigeait vers le terrain de basket pendant la pause, il aperçut un petit attroupement d’élèves sous le grand arbre derrière le bâtiment principal. Le murmure croissant des voix l’alerta immédiatement.

Curieux, il s’approcha. Au centre de ce cercle, Fatou se tenait face à Babacar. Ses traits étaient tendus, et elle semblait prête à dire quelque chose de lourd de sens.

— Tu crois que je suis un prix à gagner ? lança Fatou, les bras croisés.

Babacar sembla pris au dépourvu par l’attaque directe.
— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, Fatou... Je voulais juste...

— Tu voulais quoi ? interrompit-elle, sa voix ferme. Me faire culpabiliser parce que je n’ai pas les mêmes sentiments que toi ?

Un silence pesant s’abattit sur la foule d’élèves, qui observaient la scène avec une attention avide.

Fatou continua, sa voix tremblant légèrement d’émotion :
— J’ai beaucoup de respect pour toi, Babacar. Mais tu dois comprendre que mes sentiments ne se forcent pas. Ce n’est pas parce que tu es gentil ou attentionné que je suis obligée de t’aimer en retour.

Babacar ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en sortit. Fatou tourna alors son regard vers Momo, qui se figea instantanément.

— Et toi, Momo...

L’air sembla se figer autour de lui.
— Depuis quand sais-tu ce que je ressens pour toi ? demanda Fatou, son regard perçant.

Momo hésita, conscient que toutes les attentions étaient désormais braquées sur lui.
— Depuis... récemment, murmura-t-il, la gorge sèche.

— Et tu n’as rien dit ? Pas un mot ? demanda-t-elle, sa voix oscillant entre douleur et colère.

Momo sentit une boule se former dans son estomac.
— Je ne voulais blesser personne, Fatou...

— Mais tu l’as fait, répondit-elle en haussant la voix. En ne disant rien, tu m’as laissée espérer. Tu as laissé Babacar croire que tu étais loyal. Et maintenant, c’est le chaos.

Momo cherchait ses mots, mais ce fut une autre voix, calme mais pleine d’autorité, qui coupa court à l’échange.

— Ça suffit.

Adama venait d’apparaître à la périphérie du cercle, ses yeux brûlant d’une détermination silencieuse.

— Vous êtes tous en train de vous déchirer pour des choses que vous ne maîtrisez même pas. Est-ce que vous réalisez à quel point c’est ridicule ? demanda-t-elle en regardant tour à tour Fatou, Babacar et Momo.

Fatou tenta de répondre, mais Adama leva une main pour l’interrompre.
— Non, Fatou. Tu as raison de défendre tes choix, mais ce n’est pas la peine de les transformer en spectacle.

Puis, elle se tourna vers Babacar.
— Et toi, Babacar, arrête de jouer la victime. L’amour, ce n’est pas une transaction. Fatou n’a pas à te rendre tes sentiments, peu importe combien tu tiens à elle.

Enfin, Adama fixa Momo, son regard se radoucissant légèrement.
— Et toi, Momo... il est temps que tu assumes. Personne ne peut te dire quoi ressentir ou qui choisir, mais ton silence fait plus de dégâts que tu ne le crois.

Un long silence s’installa, pesant. Les spectateurs commencèrent à se disperser, réalisant que la tension s’était désamorcée.

Fatou baissa les yeux, visiblement émue, et murmura doucement :
— Je ne voulais blesser personne non plus...

Babacar détourna le regard, les poings serrés, puis s’éloigna sans un mot.

Momo resta immobile, partagé entre gratitude et malaise envers Adama.
— Merci, murmura-t-il, une fois seuls.

— Ne me remercie pas, répondit-elle, un sourire triste aux lèvres. Ce n’est pas moi qui vais régler tes problèmes. Tu sais ce que tu as à faire, Momo.

Elle tourna les talons, le laissant seul avec ses pensées, et cette fois, il comprit qu’il n’avait plus le choix.

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