Chapitre 4 : béluga

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Chapitre 4 : béluga

Paris,

L'homme prenait du bon temps en charmante compagnie. La mannequin qui partageait son lit à ce moment précis était une immense blonde, avec de magnifique yeux verts, mais elle n'avait visiblement aucune personnalité. C'était une fille rencontrée en boîte de nuit la veille au soir et qu'il ne reverrait plus après les quelques heures qu'ils avaient passé ensemble à tester le maximum de positions du Kamasutra. Il alla ensuite se doucher pour enchaîner avec une journée de travail. Il paya l'hôtel et laissa de l'argent à la jeune femme pour s'acheter de nouveaux habits car ceux de la veille était tâchés de leurs excès.

Il aimait cette possibilité que lui offrait son argent. Toutes les femmes se battaient pour être dans son lit. Lui, n'ayant aucune attache, ne se privait pas d'en profiter. Il était insouscient dans sa vie privée, ce qui ne l'empêchait pas de faire très attention aux femmes avec qui il couchait. Il ne voulait pas se voir accuser à tort de quoi que ce soit alors qu'il ne faisait que prendre du bon temps avec des personnes consentantes.

Charles Leroy s'engouffra à l'arrière de sa voiture située en bas de l'hôtel. Il salua son chauffeur et alluma son smartphone. Il avait déjà plus d'une centaine de mails de collaborateurs qui cherchaient à se faire remarquer, tous plus insipides les uns que les autres. A son goût, il n'était pas entouré d'assez d'esprits brillants. Il se demandait parfois si le succès ne l'avait pas rendu blasé. Mais il se ressaisit aussitôt de cette pensée. Il était juste exigeant : il attendait de ses interlocuteurs la même chose que ce qu'il attendait de lui-même : juste un minimum de rigueur intellectuelle.

Sur le chemin de son bureau, il répondit à une petite dizaine de mails seulement. Un pour son directeur du bureau de Pékin, un brillant chinois d'une cinquantaine d'année, plusieurs à ses directeurs financiers qui n'avaient décidément rien compris aux récents investissements et un dernier à ses parents pour leur répondre qu'il allait bien et qu'il était très content de savoir que leur tour de l'Islande se passait bien.

Charles Leroy enchaîna cinq réunions entre sept heures trente et midi, toutes aussi inintéressantes les unes que les autres. Il n'attendait qu'une chose : la pause déjeuner. Il irait alors passer du temps dans le laboratoire pour travailler sur ses dernières idées. La seule chose qui lui permettait d'être vraiment lui : le petit garçon curieux qu'il était à six ans. Pendant deux heures, il oublierait qu'il était le plus jeune PDG du CAC40. Pendant deux heures, il ferait la seule chose suffisamment satisfaisante pour égayer sa vie.

A quatorze heures, il s'installa à son bureau, parfaitement relaxé et heureux de ses avancées. Durant les trente minutes qui suivirent, il répondit aux mails qui lui semblait nécessiter une réponse. Il enchaîna avec une visite de politiciens locaux qui venait se faire voir pour montrer qu'ils avaient favorisé l'implantation d'entreprises innovantes sur leur territoire. Le jeune PDG les laissa faire leurs discours devant la presse, se laissa prendre en photo puis rejoignit son bureau deux heures plus tard. Son secrétaire passa le voir pour lui dire que quelqu'un insistait pour l'avoir au téléphone depuis plusieurs heures. Il lui demanda alors si la personne avait dit quelque chose de spécifique.

"Oui, elle m'a dit de vous dire le mot suivant : béluga.

- Passez la moi immédiatement !" s'emporta Charles.

Il attendit de longues minutes, mi-agacé, mi-inquiet, le temps que son assistant joigne la personne.

"Elle a disparu. Je ne sais pas où elle est." Déclara la voix au bout du fil.

Il poussa un énorme juron.


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