Partie 27-28

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Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?

PARTIE 27 :

« Aly c'est quoi ça ? »

À ces mots, mon corps se pétrifia. Trop de mauvais souvenirs, trop douloureux pour en parler, et cette soirée se terminait tellement bien que je n'avais pas envie de remettre en surface ce passage de ma vie que j'avais en vint essayé de l'oublier. Mais, quoique l'on fasse, le passé ne s'oublie pas et nous rattrapera alors pour vaincre les démons qui nous colonisent on doit se confier, sortir ce que l'on a sur le cœur pour espérer un nouveau départ, et quel meilleur confident que l'homme qui nous aime et que l'on aime ?

Adam scrutait mon visage et il y voyait tout le combat que je menais à l'intérieur de moi. Les craintes, les doutes, les peurs, les inquiétudes ... Alors comme pour m'apaiser, il me ramena vers lui, prit ma tête et la posa sur son torse. Je ressentais sa chaleur, une chaleur de confiance et de rassurance. J'étais bien avec lui, il savait s'y prendre pour me mettre à l'aise et même si mon amour pour lui était naissant, je n'arrivais déjà pas à me projeter dans l'avenir sans le savoir à mes côtés ...

Il me caressa les cheveux tout doucement et il brisa le silence :

« Si tu veux ne me dit pas »

Je fermais les yeux et me laissais aller vers mes souvenirs, mon cœur se meurtrissais aux images qui défilaient comme une bande cinématographique dans mes yeux. Je revoyais cette scène, elle était nette, comme si elle datait d'hier, alors que non, cela faisait quelques années ... Avec l'encouragement d'Adam je me suis mise à lui conter non sans douleur ...

** C'était par une nuit d'automne, je revenais avec mon frère à la maison car nous avions fait les courses. Une voiture s'était arrêtée à notre hauteur à toute vitesse et par la sombre nuit, la silhouette du conducteur ne m'était pas reconnaissable. Samir et moi avons précipités nos pas mais le conducteur était sorti et avec l'aide d'une autre personne ils nous avaient placé un bandeau au niveau de notre nez et nous avions perdu connaissance.
Quelques instants plus tard, c'était dans un taudis délabrés que nous avons repris connaissance. Petit à petit, je commençais à comprendre... Le visage de Redouane se dessina devant moi et je fermais les yeux pour ne pas à revoir la personne de mes cauchemars. Comment aurais-je pu une seule seconde croire que c'était l'homme de ma vie ? Une larme s'échappa de mon œil et j'essayais de ne pas le regarder. Il me leva du sol et réveilla Samir qui était encore dans les vapes. Lorsque Samir reprit ses esprits il vit Redouane debout m'attrapant par les cheveux, et du regard je suppliais mon petit frère de se taire. Celui-ci pleurait d'incapacité et serrais les poings de rage :

« Mais pourquoi tu pleures zemel ? C'est ce que je fais aux p'tits boloss comme toi qui croient qu'ils sont plus forts que moi. T'as osé me balancer ? C'est ta sœur qui payera »

« Lache la b***** ! »

Redouane à ces mots posa son couteau et s'approcha dangereusement de Samir. Inconscient persiflais-je au fond de moi, il était tellement sous l'effet de la drogue qu'il n'avait pas mesuré son geste. Alors qu'il s'approchait de Samir j'avais pris le couteau et je m'étais précipitée vers Redouane quand celui-ci par un réflexe surhumain s'était retourné à toute vitesse et m'avait attrapé par le cou. Il prit le couteau de mes mains et avec un sourire démoniaque avait dit :

« Regarde ... »

Il prit mes cheveux et les coupa avec les couteaux. Je ne bronchais pas et fermais les yeux. Cet homme était fou. Samir voulait crier mais aucun son ne s'était échappé de sa bouche. Le pauvre était en état de choc. Puis, Redouane me retourna et passa le revers de sa main sur ma nuque. Il y déposa un baiser, j'avais honte, tellement honte que j'aurais préféré que la terre s'ouvrit à mes pieds afin de m'y engouffrer. Avec la lame de couteau il traça une ligne allant de ma tête à ma nuque. J'ai frémis et je serrais mes dents afin de ne rien laisser voir de ma souffrance. Samir gémissait et se tenait la tête entre les mains. Le sang coula le long de ma nuque jusqu'à mon dos, la plaie était profonde et une brulure lancinante me traversa.

** A ce souvenir je m'agrippai au t-shirt d'Adam et pleurait toutes les larmes de mon corps. C'était trop difficile. Trop dur. Et mes blessures psychologiques n'étaient pas tout à fait guéries ...

J'avais perdu beaucoup de sang et je commençais à faiblir. Samir gémissait comme un bébé et mon cœur se déchira à cette image. Redouane après s'être prit à moi il s'était diriger vers Samir. Une colère et une haine sans nom s'empara de tout mon être et c'est grâce à ça que j'ai trouvé la force. La force de chercher une échappatoire à cette tragédie. Je voyais flou, et je sentais que mon corps me lâchait mais je ne voulais pas laisser Redouane s'en prendre à mon protégé. Alors, je me suis mise à chercher du regard un objet qui pourrait m'aider. Mais il n'y avait rien. Rien qui pourrait m'aider si ce n'est des cageots, des caisses et quelques pièces de voitures rouillées ... Je commençais à désespérer surtout quand je vis que Redouane avait relevé Samir avec brutalité. Je me suis retournée, et je vis des pièces éparpillées un peu partout. Profitant du moment d'inattention de notre persécuteur, je me suis dirigée à toute vitesse vers ces pièces et je vis un morceau de bois rempli de clous. Je le pris et avec rage je poussais un cri et l'administra à Redouane.

Sans attendre, je pris Samir et nous nous dirigeâmes vers la sortie. Mais, j'avais perdu trop de sang et mes jambes commençaient à fléchir. Samir remarqua ma faiblesse et enleva son pull, il le pressa dans ma nuque et je pris appuie sur ses frêles épaules...

***

A la fin de mon récit, il me serra plus fort contre lui et je séchais mes larmes du revers de la main. Je relevais ma tête pour voir Adam et à la lueur de la lampe de chevet je vis qu'il avait les yeux brillants. Il regardait le cadre qui était accroché en face de notre lit et son esprit était ailleurs. Puis, il me caressa encore les cheveux mais son geste était laconique, machinal, il était comme somnambule. Lui en avoir parlé me fit du bien et ça m'avait permis un nouveau pas dans ma vie. Mais l'attitude d'Adam me déconcertais, je l'appelais par son prénom mais il ne m'écoutait pas, alors je me pris appuie sur mon coude et lui fit un petit baiser sur ses lèvres. A ce geste, il eut comme un choc et me regarda, perdu.

« Adam tu m'inquiètes c'est du passé maintenant hamdoullah ... »

Il me regarda encore avec ce même regard.

« Adam ? », répétais-je en passant ma main sur sa barbe. Il prit ma main et fit un baiser sur ma paume. Puis, il m'attira vers lui et me pressa encore plus fort.

« S'il s'était pas repenti, je l'aurais tué de mes propres mains. »

*****
Le lendemain j'émergeais tout doucement de mon sommeil en m'étirant et lorsque je passai mon bras sur la place d'Adam : il n'était pas là. Inquiète je me suis précipitée vers la cuisine mais il n'y était pas. Une boule se forma à ma gorge, jamais il ne m'avait fait ça depuis que j'étais revenue de chez Sevda. Je pris mon téléphone et je l'appelais, il ne décrocha qu'à la cinquième tentative affolée je criais :

« Mais t'es où ?! ». J'entendais qu'il était dehors par les voitures qui passaient.

« Juste en bas à la boulangerie avec le voisin gogole va »

« Ah et tu pars comme ça ? Tu pouvais pas me laisser un mot ? »

« Aly, c'est à deux pas de l'appartement j'arrive t'inquiète pas ... »

« OK », et je lui raccrochais au nez.

Il me rappela mais je décrochais pas. Au lieu de rester avec moi après la soirée il sort sans prévenir. Pas grave il verra quand il rentrera.

J'ai pris une petite douche et je suis allée prier puis j'ai aéré l'appartement. Je m'affairais ensuite à faire le café quand Adam rentra. Il croisa mon regard mais je me suis retournée en faisant une feinte de laver une tasse (qui au passage était déjà propre). Je nettoyais le lavabo en attendant qu'il aille sur le canapé ou qu'il fasse un autre truc du genre mais il se rapprocha de moi et me prit par les hanches. Mon souffle s'était coupé et je ne bougeais plus laissant le robinet ouvert. Il passa mes cheveux de l'autre côté et me fit une bise sur le côté du cou, à ce geste je frissonnais. Mais j'étais censée le bouder, alors je me suis détachée de lui et alla vers le canapé quand je vis qu'il avait posé une rose sur le bar de la cuisine avec les croissants.

« C'est pour ça j'ai mis du temps », me dit-il en voyant que je regardais la rose.

J'ai relevé mes yeux vers lui, heureuse et sans un mot je pris la rose en me précipitant dans ses bras.

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant