Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?
PARTIE 7 :
Je balayai donc le couloir en faisant mine d'être concentrée dans mon ménage. Voyant que j'avais l'air d'une innocente Adam referma aussitôt la porte et parla à voix basse. C'était louche, il me cachait quelque chose j'en étais persuadée et je découvrirais de quoi il s'agissait. Je reposai le balai au couloir, et repris ma lecture. Quelques minutes plus tard le gratin était près, et je mangeai à ma faim hamdoullah. Je pris une deuxième assiette et je mis un morceau généreux sur l'assiette pour Adam, puis, je me suis replongée dans ma lecture (oui j'aime la lecture). Adam sortit de sa chambre une heure plus tard, le gratin était froid, il le réchauffa au micro-onde.
Je voulais qu'il me parle, qu'il arrête d'être indifférent et de me traiter comme si je n'existais pas. J'avais besoin d'un peu de reconnaissance, j'étais tout de même sa « femme » même s'il n'y avait pas d'amour, même s'il ne m'appréciait pas, j'avais un besoin, je ressentais au fond de moi un manque. Un vide. Un gouffre. Peut-être en aimait-il une autre ? Peut-être que je n'étais qu'une marionnette et qu'il se servait de moi pour couverture afin d'être libre de vivre sa vie de libertin à côté. Peut-être était-il toujours aussi attiré par la chair fraîche et qu'il menait une double vie ? Peut-être que Stéphanie ne travaillait pas en collaboration avec lui mais qu'elle n'était qu'une conquête de plus dans son tableau de chasse ? Et moi ? Je suis quoi moi ? Ou plutôt, je suis qui pour lui ? Pourquoi m'embrassa-t-il, pour me repousser comme si le contact de mes lèvres l'avait électrocuté ? Je suis une femme. Toutes les femmes sont sensibles, vivre avec un homme que je trouvais de plus en plus charmant me faisait ressentir des sentiments indescriptibles au fond de moi. Je sais que je m'aventurais dans un sentier dangereux. J'avais peur d'être déçue, je ne voulais pas vivre une déception. Il ne m'aimera jamais. Peut-être que moi aussi ? Mais je suis faible, je faiblis de plus en plus et il fallait absolument qu'il ne s'en rende pas compte, au risque d'une humiliation. Alors je forgerai une carapace, je ne montrerai rien, j'essayerai de refouler ce que je ressentais de jour en jour. Son odeur m'enivre, sa présence me rassurait, son indifférence me blessait ...
Ça faisait trente minutes que j'étais sur la même page, mon esprit vagabondait de pensée en pensée, puis je fermai sèchement le livre, me dirigea vers ma chambre, mis mes vêtements une petite touche de mascara et me dirigeai vers la porte de sortie. Adam me vit habillé et s'arrêta de manger :
« Tu vas où ? »
« J't'en pose des questions ? »
« J't'en donne des réponses ? J't'ai dis tu vas où ? »
J'ai ouvert la porte et avec nonchalance je lui répondis :
« Ça se voit pas ? Je sors, je vais dans un endroit où t'y seras pas »
Il se leva et s'approcha de moi en quelques enjambées :
« Écoute-moi bien ! T'es mariée OK ? Tu sors pas quand tu veux, avant de sortir tu me dis, je suis pas un zemel pour te laisser faire ce que tu veux »
J'ai ris sur son visage et sans une réponse je sortis. Il me rattrapa par le poignet et me poussa avec violence dans l'appartement, puis, il claqua la porte de son pied.
« Tu vas nulle part ! », il avait crié, ses yeux lançaient des éclairs, sa mâchoire était contractée sous la colère, ses traits étaient durs, les sourcils froncés, les lèvres serrées, une veine sortie de son cou. Il me faisait peur.
« Mais t'es sérieux ? Tu m'as dit je fais ma vie et toi la tienne, et pourquoi subitement tu me laisses pas sortir, c'est une urgence. Laisse moi je t'ai dit ! »
Il m'attrapa par les cheveux et serra fort, tellement fort que j'avais cru perdre ma tignasse. J'avais mal, horriblement mal, je pinçais mes lèvres pour m'empêcher de pleurer. Voyant que j'étais à deux doigts de craquer, un sourire ironique et cruel se dessina sur les lèvres d'Adam.
« Ah, tu fais moins la maligne maintenant »
Avec rage je lui rétorquai :
« T'es pas un homme, si tu t'es cru supérieur parce que tu uses de ta force sur une femme qui a dix fois moins que ta force, alors oui Adam : T'ES PAS UN HOMME ! »
Lorsque j'ai dit ça il relâcha son emprise, me fixa quelques secondes, il allait dire quelque chose mais se retenais et il se retourna. J'en conclus qu'il allait me laisser partir, mais il dit le dos tourné :
« Une heure, si dans une heure t'es pas là, t'auras affaire à moi, et je te montrerai c'est qui l'homme dans : le couple ». Il avait mis en évidence « le couple », et le cracha comme si ça le dégoûtait de le dire. Il était horrible.
Avant de claquer la porte je lui répondis :
« C'est ça pauvre mec ! », et je couru jusqu'à ma voiture.
Une fois dans la voiture je roulais, roulais, roulais sans savoir où me diriger. J'étais comme une automate, loin d'Adam je laissai mes larmes couler le long de mes joues. J'en avais marre, il avait osé me tirer par les cheveux, et après ça serait quoi ? Une claque, une droite, des coups de poings dans le ventre ? Je ne me laisserai pas faire. Je suis désolée, mais un musulman n'a pas le droit de faire ça à sa femme, seulement si sa femme l'a trompé, et même si elle l'a trompé il doit lui mettre trois petits coups de siwak, un mini bâtonnet qui ne ferait même pas de mal à une mouche. Je mis la radio, et écoutait les informations sans saisir les paroles. J'avais mal au cœur, mon cœur était serré et meurtri. J'en avais marre de ma docilité, de toujours dire oui, d'être un pantin sans caractère. Ma vue était brouillée par les larmes, je n'avais pas pleuré depuis bien longtemps.
Machinalement, je m'arrêtai dans un endroit et sorti. Mes pas me dirigeaient vers une entrée, il commençait à se faire tard, et jamais, au plus grand jamais, si j'étais consciente je me serais dirigé vers cet endroit à cette heure tardive. Je marchais donc tel un zombie et traversa des tombes, et des tombes ... Puis je me suis stoppée dans une tombe que je reconnus, c'était une tombe du côté des musulmans. La tombe de mon grand-père.
VOUS LISEZ
Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?
General FictionCe n'est pas moi qui l'ai écris cette chronique histoire mi-réelle et mi-fictive CHRONIQUE DE MARIAGE FORCE CLIQUEZ SUR L'ETOILE SI VOUS AVEZ AIMEZ A CHAQUE PARTIE