Partie 21-22

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Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?

PARTIE 21 :

Deux semaines plus tard : Terrasse d'un café.

J'étais posée avec Samira et ma sœur Amel au soleil, à prendre un frappé au chocolat. Elles avaient bien évidemment entendu le déménagement que j'avais effectué et Amel était présente pour que je lui dise d'aller prendre le reste de mes affaires. Samira m'avait demandé de revenir à l'appartement, mais c'était trop demandé, j'avais trop de fierté, il me manquait mais je ne voulais pas l'admettre. Je ne voulais pas qu'après que je revienne à l'appartement il reprenne ses mauvaises habitudes, laissant notre couple en dernière priorité. J'étais lasse de toutes ces gamineries, de tous ces jeux, de toutes ces soirées gâchées à regarder la télévision préparer à manger prier et dormir. Ce n'était pas ça la vie, au moins là j'étais plus heureuse à sortir et à ne me soucier de rien car bien que je ressentais un vide au fond de moi qui avait besoin d'être combler par une certaine personne, j'en faisais abstraction et je vivais au jour le jour.

« Bon alors, si je récapitule bien : ce soir, je rentre chez toi, je prends tes affaires, je dis pas à Adam où tu es et je ressors comme ça tranquille ? », demanda Amel.

« Oui c'est ça »

« Et pourquoi c'est pas toi qui y va s'il te plait ? C'est ton histoire, sois une femme ! Confronte toi à lui et montre que tu t'en fous »

« Ouais elle a raison si tu veux vraiment y mettre fin sois une battante et va lui parler, faut pas faire la lâche », renchérit Samira.

Je levais les yeux en l'air en soupirant, mais c'était trop frais pour le revoir. Je voulais vraiment prendre mes distances, d'ailleurs en deux semaines il ne s'est même pas daigné à m'écrire ou m'appeler, preuve que de moi il en a cure.

« S'il te plaît Amel, vas-y et ne cherche pas. J'assume ma lâcheté. J'suis pas encore prête de revoir sa tête. »

Elle se leva et me dit :

« Ok, alors donne tes clés j'y vais maintenant , j'ai d'autres choses à faire plus tard »

Je la regardais sceptique :

« Ah ouais et quoi ? »

Elle rougit à vu d'oeil. J'en été sure !

« T'as un mec c'est ça ? »

« N...Non ... Enfin pas vraiment un mec officiel mais ... », dit-elle en balbutiant.

« T'es sérieuse toi ? On avait dit quoi ? Rien avant le bac, et c'est qui ce mec s'il te plaît ? »

« Foued »

« Quel Foued ? »

« Ben, le fils à Soraya du huitième étage. »

J'ai écarquillé les yeux et frappa ma main contre la table
:

« QUOI ? Mais il bicrave ! C'est un fou dans sa tête ! T'as cru qu'il allait faire quoi à 19 ans ? Te demander ta main ? »

Elle fronça les sourcils et dit les lèvres serrés :

« Et quoi ? Tu vas me dire qu'il peut pas changer ? Ca va faire quelque temps que je lui parle et je vois qu'il change quand même. Tu parles de mariage mais ... »

Samira s'interposa voyant que ça pouvait aller loin :

« C'est bon les filles vous allez pas vous tapper la hechma (honte) devant tous ces gens. Aliya donne lui les clés »

Je me suis levée, j'étais en colère, elle avait quel âge pour me parler comme ça ? :

« Continue. Vas-y je parle de mariage mais quoi ? Le mien il est un échec c'est ça ? T'as cru que c'était de ma faute ? Va avec ton bicraveur qui passe sa journée à tenir les murs. On verra si t'iras loin avec ce genre de gars. Mets-toi juste dans la tête que des gars comme lui à son âge et même plus tard c'est : argent sale et salir les meufs. T'es qu'une proie pour lui. »

Elle ne me regardait pas, ne répondait pas et croisait les bras. Une lourde atmosphère s'était installée puis Samira se leva brusquement avec une voix qui se voulait enthousiaste :

« Vous êtes des sœurs et vous allez pas vous prendre la tête pour rien. Aliya donne lui les clés. »

« Non c'est bon j'ai pas besoin de son aide. »

Amel reporta son regard sur moi puis après quelques minutes me tendit sa main pour prendre les clés.

« Aller donne lui Aliya »

J'ai regardé sa main puis je me suis mise à chercher dans mon sac mon porte-clés et lorsque je les trouvais je les lui donnais. Sans un mot elle les prit et partit en direction de l'arrêt de bus.

« Mais attends Amel je te dépose », proposa Samira.

Amel s'arrêta puis revint vers nous. Je me suis levée à mon tour et je me dirigeais vers ma voiture avec Samira. Amel était entrée dans celle de Samira, puis, celle-ci se dirigea vers moi :

« Aliya je reste dans la voiture pendant que Amel monte chercher tes affaires. J'te tiendrais au courant de tout. »

Je replaçais une mèche derrière mon oreille, et hocha la tête en signe de consentement. Samira me connaissant trop elle me demanda :

« Hey, arrête d'être nerveuse ! »

J'ai esquissé un sourire, enfin j'ai essayé :

« Ca va aller ma belle. Merci pour tout wallah. »

« Arrête c'est rien ! Folle ! »

Elle me prit dans ses bras puis me chuchota :

« Je lui laisse encore deux semaines. Dans deux semaines, tu seras de nouveau dans ton appartement, pendant que je serais en Egypte ».

Je n'avais même pas eu le temps de répondre qu'elle s'éloigna et j'entendais son rire résonner ...

*******
19h00 : Appartement de Ceylan et Sevda.

« Hey giiirl ! J'ai ramené des pâtes de chez Badir ! Viens manger ! »

C'était Sevda qui m'appelait de la cuisine alors que j'étais allongée au lit à me morfondre sur mon sort comme une grosse dépressive de la vie. J'avais les yeux gonflés par les pleurs, on aurait dit que j'avais perdu je ne sais quelle personne. Je n'avais pas le droit de pleurer mais je le faisais. Je n'avais pas le droit de penser à lui mais je le faisais. Je n'avais pas le droit de regretter, mais je regrettais...

Avec un effort surhumain je me relevais et passa ma main sur mes joues encore mouillées. Puis je suis allée arranger avec un peu de maquillage mon visage de déterrer on aurait dit la possédée dans exorciste. C'est une hyperbole mais c'était une image pour décrire mon était de laideur du moment. Donc, un peu de fond de teint, de la poudre pour jouer avec les ombres, du mascara et un chignon relevé puis le tour était joué. Au moins nous les filles, c'était facile, je plaignais surtout les hommes qui déprimaient : aucune alternative pour camoufler leur visage ... Quoique ... Certains se mettent au fond de teint ...

« Aliya, on t'attend Askim ».

C'était Ceylan qui était venue me chercher de la chambre. Elle me coupa dans mes réflexions et je l'ai donc suivie jusqu'à la cuisine.

« Tiens, sauce saumon, ton préféré »

« Merci Sevda, ça me fait vraiment plaisir. »

« Stop, tu sais très bien que c'est normal, arrête de dire merci à tout va même pour une fourchette que je te passe. »

Ceylan éclata de rire et moi aussi.

« Ecoute c'est mon éducation qui veut. »

« Ne l'écoute pas, t'as raison, tu es bien élevée Aliya », dit Ceylan.

« C'est gentille »

« Mais c'est n... »

Sevda s'asseya sur une chaise puis nous coupa :

« Bon mangez ça va refroidir »

Nous mangeâmes en silence, c'est vrai que j'avais très faim et à voir leur visage concentré sur le plat la faim était partagée. Il faut dire également que Badir était le Champion des pâtes. Un tunisien qui fait fortune dans les pâtes c'était insolite tout de même.

« Tu sais Aly, si tu pars quelque part d'autre que dans ton appartement avec Adam, tu laisserais un grand vide ici. Et même si tu retournes chez ton mari, tu laisserais un grand vide. Mais ça ne serait pas la même chose ... », dit Sevda en brisant le silence.

Ceylan avala ce qu'elle avait en bouche et poursuivit :

« Oui c'est vrai. Ca fait deux semaines que je te connais et t'es une personne formidable. Vraiment. »

J'étais émue et mes yeux s''embuèrent encore de larmes :

« Les filles ça me touche. »

« Mais c'est la verité vraiment t'es sympa et facile à vivre comparée à certaine. », retorqua Ceylan en regardant Sevda avec amusement.

Sevda fit un "O" avec sa bouche et allait répondre quand une sonnerie de téléphone se fit entendre au salon et coupa notre conversation, elle se leva pour prendre le téléphone. Je reconnaissais ma sonnerie et je me suis levée pour le prendre des mains de Sevda :

« Allô ? »

« Ouais c'est moi ... »

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant