8 - PREMIER BAISER - Ethan

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Ethan

Mardi 8h20 : je n'ai pas pu me résoudre à ne pas aller la voir. C'est devenu la lumière de ma journée... Cinq petites minutes mais vitales. Deux mois que cette habitude rythme mon quotidien, juste aujourd'hui, une dernière fois et après j'arrête...

J'entre dans le bar, elle est au comptoir, les yeux rouges, le teint pâle. A priori sa nuit a été aussi atroce que la mienne.
Elle ne me remarque pas immédiatement, ce qui me donne le loisir de la détailler, et de m'abreuver de son visage dix secondes. Malgré son teint blafard, elle reste d'une beauté naturelle et renversante, ses lèvres pulpeuses sont une véritable invitation à l'embrasser. Elles semblent hurler "venez me goûter, mordez moi, titiller moi vous verrez vous ne serez pas déçu."
Je m'autorise ces quelques instants pour graver son visage dans mon esprit mais surtout sous mes paupières. Je ne dois plus revenir, je me fais du mal pour rien, je me suis fait cette promesse de ne plus jamais m'attacher et depuis dix jours je me trahis moi même.
J'ai pourtant conscience que je ne devrais pas continuer à fréquenter cet endroit, mais c'est plus fort que moi...
Cette relation s'avère irrémédiablement  vouer à l'échec. Nous ne sommes pas capables d'avoir une discussions sans insultes, grossièretés, prises de becs, provocations, pleurs et depuis peu baffe... Lors de notre dernier échange on a passé un stade.

J'admets avoir ma part de responsabilité...

Mais putain, c'est comme si cette fille faisait ressortir  ce que j'ai de plus dur, de plus sombre, de plus noir en moi, comme si elle prenait un malin plaisir à mettre son doigt là où ça fait mal.

Avant même qu'elle s'aperçoive de ma présence je détourne les yeux et fixe le mur, je commande un cocktail différent à son collègue, paye et sors sans le moindre regard pour elle.

Une fois dehors, l'air s'insurge à nouveau dans mes poumons me faisant prendre conscience que j'avais arrêté de respirer. Comment peut elle me faire un effet pareil sans que je la connaisse ?

20h25 : Stan est a l'heure, il est déjà installé quand j'arrive. Il est accompagné de Rose, je l'ai convaincu de l'inviter car Hander père a décidé au dernier moment de venir avec son épouse. Rose pourra lui faire la conversation, elle excelle dans ce domaine, ce genre de rôle lui va a la perfection. Je l'embrasse sur la joue, comme à son habitude elle me sourit avec bienveillance, toute cette épreuve nous a rapprochés, l'abandon est devenu notre point commun.

- Ethan, comment vas tu ? Ça fait longtemps que tu n'es pas venu a la maison...

- C'est Stan qui accapare tout mon temps, il m'oblige à le rejoindre dans des bars branchés !

Rose fait mine d'être agacée mais il n'en ai rien, mon clin d'œil n'est pas passé inaperçu, elle ajoute tendrement a mon attention :

- Passe dîner un soir, ça me fera plaisir.

Comme à chaque fois que nous sommes tous les trois, j'ai l'impression qu'Ines va arriver, accourir, sortir de nul part en nous faisant des grands gestes... Mais non, nous ne sommes plus que trois.
J'oublie trop souvent que Rose a perdu son amie. Moi, j'ai trouvé mon réconfort dans les filles d'un soir mais elle ?
Après ce qui aurait du être mon mariage, le plus beau jour de notre vie, elle s'est forcée à aller bien et je crois que m'aider à garder la tête hors de l'eau lui a permis d'aller de l'avant, me sauver est devenu son salut. Peu importe ce qu'elle ressentait, juste en me regardant elle savait qu'il y avait pire qu'elle.
Je suis à bord de mon ascenseur émotionnel personnel, je monte et je descends et passe par tous les stades en quelques secondes, tristesse et regrets... Le pallier de la colère est toujours celui que j'atteins en dernier.

- Désolé M. Cole, elle ne veut pas vous voir.

Je me souviens de la stupeur ressentie la première fois.

Le secret de Sacha [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant