Le secret de Sacha [ en pause ]

13- Une nouvelle chance - Sacha

C'est étrange de retourner au travail ce lundi matin. J'ai l'impression qu'il s'est écoulé une éternité depuis vendredi et surtout un million de choses.

Tous les évènements tournent en boucle dans ma tête, le quiproquo, la soirée, le baiser, sa fuite, notre rencontre inopinée de dimanche et son départ précipité.

J'ai du lui faire peur...

« Moi, la vie m'a bousillée »

Qu'est ce qu'il m'a pris de dire un truc pareil ? Tu m'étonnes qu'il se soit barré... Il a du sentir les embrouilles à plein nez ! Je ne peux décemment pas lui en vouloir.

Depuis un an, c'est la première fois que j'avouais à haute voix ce que je ressentais.

Ethan, fait partie de ces personnes qu'on peut aimer d'un amour inconditionnel, mais il fait aussi partie de ces gens brisés qui ont perdu la foi en l'être humain, ceux qui ne croient plus en rien. Je sais qu'il pourrait en une fraction de seconde me détruire.

Suis je prête à prendre ce risque ?

Avec du recul, je crois que malgré son état alcoolisé d'hier, j'aurai aimé qu'il m'embrasse.

Il m'a embrassé deux fois et à chaque fois c'était bien trop court. Lorsqu'il me touche mon corps s'embrase et je me sens vivante. Il m'embrasse avec une telle fougue, une telle passion que ça en est renversant. Ses baisers sont emplis de fureur, c'est comme si c'était notre façon de communiquer.

Déroutant.

Je suis intimement convaincu qu'il a vécu une terrible épreuve, mais comme moi il n'est pas prêt à en parler ou à tourner la page.

Trop tôt peut être... Pourtant je dois avouer que j'ai finalement passé le cap des un an sans me morfondre. Dire que je n'ai pas pensé à Julien serait mentir, mais le poids de la culpabilité ne m'a pas écrasé.

Je dois me relever et avancer, j'ai le droit d'approcher et de côtoyer le bonheur.

Peut être qu'Ethan est celui qui m'aidera à m'en sortir... J'ai envie d'y croire, je veux y croire.

Il est à peine 8h lorsqu'il entre dans le bar. Je le regarde surprise, je ne pensais pas qu'il reviendrait et puis je me souviens que sa mère n'est autre que la propriétaire, ici finalement c'est un peu chez lui. Il est beau comme un dieu, costume gris foncé, chemise blanche, cravate, barbe de deux jours, tout droit sorti d'un magasine... Il est tellement viril que je comprends mieux avec quelle facilité il doit draguer toutes ces filles. Ca doit être tellement simple et enfantin de les mettre dans son lit, un sourire, un clin d'œil, une moue boudeuse ou un levé de sourcil et le tour est joué.

Ces pensée éveillent un nouveau sentiment, il enfle tranquillement en moi mais je le sens : la jalousie.

Imaginer ces filles toutes plus belles les unes que les autres m'hérissent.

Finalement, ses fuites, ses silences sont très parlants. Il a dû tout simplement me regarder minutieusement et prendre conscience de ma banalité.

Pourtant dans cet espace clos, son regard est perçant, je me sens défaillir mais remets rapidement ma carapace.

Hier, je me suis ouverte et ça ne m'a pas réussi. Il doit préférer la Sacha avec du répondant, la Sacha hargneuse.

De toute façon, en sa compagnie, je suis plus à l'aise dans le rôle de la Sacha forte et indépendante.

Plus qu'une personne et c'est à lui, j'expédie rapidement mon client pour être sure d'avoir le privilège de servir Ethan. C'est marrant comment notre vision des choses peut changer, il y a quelques semaines j'aurai fait des pieds et des mains pour ne pas le servir.