Je n'en peux plus. C'en est trop pour moi et mon pauvre organisme. Je ne peux définitivement pas faire un pas de plus. J'ai l'impression que toute l'arène peut m'entendre respirer tellement mon rythme cardiaque est élevé. Rien ne va plus. J'ai les pieds douloureux, les mollets en feu et tout mon corps semble se révolter contre ce traitement abominable que je m'impose. Mais à quoi tout cela peut-il bien rimer ? Je ne saurais même pas estimer la durée de la marche... 30 minutes ? 45 ? Cela-fait-il plus d'une heure que je m'esquinte à fendre la forêt vierge ? Mais quelle merde !
Le paysage est toujours le même et ce, à perte de vue. J'en ai plus qu'assez de dépasser toujours les mêmes troncs mousseux, d'enjamber les mêmes talus et d'écarter les mêmes branches de mon chemin. Et tout cela pour quoi ? Pour rien. Absolument rien. Le néant. Personne en vue depuis le début de la traque, depuis autrement dit des lustres. Pour ne rien arranger j'ai les mains froides et quasi exsangues. Il fait des températures glaciaires par ici, ce qui dénote franchement avec le paysage de forêts verdoyantes. Encore une petite manipulation génétique du Capitole, je grogne tout bas, écœurée.
Je crève d'envie de faire une pause mais je n'ose pas avancer sérieusement l'idée alors je ravale ma fierté, me contente de soupirer audiblement et d'aligner mes pas les uns devant les autres, continuant ainsi ma douloureuse progression. Était-ce vraiment une bonne idée tous comptes faits ? Je me replonge doucement dans le paysage figé et glacé, regrettant amèrement les douches brûlantes et réconfortantes du Capitole.
Et tout ce que j'ai appris ce matin même... Tout je pensais sûr et acquis avait volé en éclats. Mes croyances, mes plans et mes espoirs. Tout. Le typhon à la peau verte qui avait ravagé ma vie n'avait laissé de mon passé qu'une terre aride et désolée. Ce ne pouvait être vrai. J'avais longtemps refusé d'admettre la vérité mais, finalement, j'avais ouvert les yeux. Tout se tenait. Tout s'expliquait. Et à mon envie de victoire s'était mélangée celle, mesquine et perfide, de mon envie de vengeance. Avez-vous déjà été tellement abusé, trahi, que vous auriez été prêts à tout donner pour pouvoir faire souffrir l'autre comme il vous a fait souffrir ? Eh bien voilà. Voilà à quel point j'étais dégoûtée ce matin. Écœurée. En colère et amère. Et, pire que tout, déterminée.
J'avais dû revoir mes plans, prendre en compte ces nouvelles données, ce nouveau rapport de force et agir en conséquence. Je m'étais lancée dans ce nouveau chapitre de ma vie avec un tout nouvel objectif : celui de faire triompher la vérité. Et ce triomphe-ci passe bien avant ma réussite personnelle.
La manche de mon blouson est tachée de sang, je remarque distraitement. Mon ongle racle le tissus et décolle quelques croûtes de liquide coagulé. J'aime rester propre. C'en est presque une obsession chez moi. Je ne regarde plus devant moi, je me contente de gratter avec une frénésie dégoûtée l'hémoglobine qui macule le tissus noir quand mon pied écrase une branche morte dans un craquement assourdissant. Je me fige, sachant très bien ce qui va arriver.
- LIESEL BON SANG FAIS MOINS DE BRUIT !
Elle a eu beau chuchoter, l'ordre de Gaïa a claqué dans l'air immobile de la forêt. Je lui jette un regard agacé, les poils hérissés.
- C'est bon j'ai pas fait exprès, je grogne tout bas sur le même ton.
Mais pourquoi lui ai-je répondu comme ça bon sang ? Je suppose que je suis encore sur les nerfs de mes précédentes découvertes. Sans oublier les rudes négociations aux nombreuses clauses pour que je puisse intégrer la meute. J'avais bien failli y rester mais, encore une fois, le jeu en vaut la chandelle.
La situation peut dégénérer à tout moment, c'est une évidence. Mes muscles se crispent, prêts à réagir. Sur ma gauche, les deux autres débiles se contentent de regarder, un rictus appréciateur sur les lèvres. Cela ne fait qu'alimenter ma colère et ma détermination. Il est hors de question que je sois la pauvre fille prise pour une cruche de la meute. Je m'affirmerai dans ce groupe. Du moins jusqu'à ce que je puisse faire ce que j'avais prévu initialement... J'esquisse un léger sourire en repensant à mon pan d'attaque. Si je m'en tiens à ce que j'ai dit, il est infaillible.
VOUS LISEZ
Les Hunger Games de Finnick Odair.
Fiksi PenggemarFinnick Odair, Tribut mâle du District 4 pour les 65èmes Hunger Games était loin de se douter du virage radical que prendrait sa vie lorsqu'il fut envoyé dans l'Arène. - Fiction du PDV de Finnick - Tous droits réservés.