Chapitre 17

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L'aéroport est trop immense, je nesaurais jamais m'y repérer. Je cherchais sur tous les panneaux unvol en direction de Londres.

Je courrai à travers les valises etles gens heureux. Pourquoi vous êtes heureux ? Pourquoi vous etpas moi ? Qu'ais-je moins de vous ?

Enfin, j'aperçus un panneau quiaffichait ce que je recherchais, mais juste à côté clignotait unpetit signal : ''EMBARQUEMENT''.


Non. Non. Non. Je me ruais à la porteindiquée, espérant qu'il était encore là. Qu'il n'était pas déjàparti. La porte 16, porte 16... Elle est là !!

Je distinguais des gens qui passaientla barrière, et d'autre qui faisaient la queue pour embarquer. Jecontinuait à courir de plus belle, jusqu'à ce que je me stoppesoudainement. Calum en face de moi, tendait son passeport à unehôtesse de l'air.

A partir de ce moment précis, cen'était plus moi qui choisissais, ni qui me dirigeais.

Mon corps, guidé par un instinctanimal que je ne me connaissais pas, couru de toute ses forces, pourattraper sa proie avant qu'il ne puisse plus l'atteindre. C'étaitplus moi, enfin si, mais pas là.

Mais il était trop tard, il avaitdépassé la limite. Non. Je ne pouvais pas passer, je ne pouvaisplus l'atteindre.


« CALUM !!!! »hurlais-je désespérée en me prenant la tête.


Grâce à je ne sais quelle bonneétoile là-haut, il tourna la tête rapidement. Il ne s'attendaitpas à me voir ici, la face défaite et les joues trempées. Labouche grande ouverte, tout comme ses yeux, il ne bougeait plus.Après avoir jeté un rapide coup d'œil aux trois autres quil'attendaient derrière une vitre, il paru hésiter un quart deseconde. J'ai l'impression que ce regard a duré une éternité. Uneéternité durant laquelle j'attendais juste que Calum vienne merejoindre. Durant laquelle j'aurais rêvé qu'il vienne se jeter dansmes bras. Durant laquelle j'aurais aimé sentir ses lèvres sur lesmiennes.


Son visage prit soudainement une autreapparence que celle du garçon choqué, pour laisser place à unvisage fermé, sans aucune émotion. Il baissai les yeux et me tournale dos.

Puis tout d'un coup, il quitta monchamp de vision. J'étais comme mise sur pause, comme changée enpierre suite à un malencontreux regard avec Méduse. Non, c'étaitseulement Calum. Qui est parti. A Londres. A l'autre bout de monde.Pendant trois mois.

Non.

Toujours paralysée, les larmescommencèrent à couler sur mes joues figées.


Une semaine plus tard.


« -Andy, je vais faire lescourses, viens avec moi ! » criait Dana de la salle debain.


Je me retournai encore dans mon lit,j'avais tellement chaud. Elle venait de me réveiller d'un demisommeil, putain. Pour une fois que je parvenais à fermer les yeux.Je reniflai bruyamment pour lui faire entendre mon dérangement.J'attrapai mon oreiller et l'écrasai maladroitement sur mon visage.


« -Andy, tu fais chier ! Çafait une semaine que tu restes enfermée dans ta chambre, à rienfoutre ! Viens au moins avec moi faire les courses !Rends-toi utile putain de merde Andy !

-Casse-toi. »


Après m'avoir jeté un dernier regardhaineux, elle déguerpis rapidement de la chambre en claquant laporte. Le choc fit trembler un des murs sur lequel un cadre étaitaccroché. Instinctivement, je me précipitai pour empêcher lachute. Ma tête se mis à tourner, c'est compréhensible. Je suisrestée allongée trop longtemps.

Je m'appuyai contre le mur, les yeuxrivés sur les photos dans le cadre. Ma famille quand j'étais gamineautour d'un énorme gâteau. Nos six ans à ma sœur et moi. C'estdrôle comme pendant ces années là, la vie était facile. Vous medirez que c'est normal pour une gosse de six piges d'avoir une viefacile. Mais non, ce qui est fascinant, c'est que seulement quelquesannées plus tard, lorsque les problèmes sont devenus importants,les gens présents sur cette photo ont disparu.

Les oncles et tantes, cousins etcousines, grands parents...


Je me demande finalement pourquoi jegarde cette photo qui me torture dés que je la regarde. Peut-êtreparce qu'elle me rappelle le peu d'équilibre que j'ai pu avoir dansma vie. Ma vie en une photo. Aller Andy, retourne dans ton lit, tu nesers à rien debout.

Mon corps pris la route du lit quant àmon regard, il se stoppai sur une image, choquante peut-être, maisréelle. Face à un miroir accroché au mur, j'eus d'abord du mal àreconnaître ce corps qui est le mien. Des cernes, ou plutôt desvalises se créaient sous mes yeux rougis et gonflés. J'avaisl'impression d'avoir perdu du poids.


Allez ça suffit. Je détournai monregard et saisi quelques fringues sur le sol. Un vieux shirt et undébardeur noir. Je filai dans la salle de bain. Mes dents, ilfallait que je les lave. Non, pas maintenant en fait, il faut que jemange avant.

Quelle heure est-il ? Dix-septheures ?

Je commençai à manger tout ce qu'ilme passait sous la main, j'avais faim en fait, très faim. Pourquoiavais-je arrêté tout ça, pourquoi avais-je arrêté de vivre ?

Je le sais bien au fond, mais nesouhaite pas y penser.


Une semaine plus tôt.


De ANDY envoyé à 21:32

« Tu n'as le contrôle de rienAshton. Ce n'est pas parce que tu es privé d'une relation que tu aspréféré gâcher que tu dois en faire de même avec tes amis. »


De SMASH envoyé à 21:33

« Ne parle pas comme si tu meconnaissais Andy, tu ne connais aucun d'entre nous. Ne crois pasdevenir comme toutes ces filles qui commencent à parler avec nous,qui ne se sente plus pisser car elles obtiennent le peu d'attentionqu'elle n'ont jamais eu avant. »


De ANDY envoyé à 21:35

« Il t'arrive quoi Ashton ?Je t'ai fais quoi de si affreux pour que tu t'adresses à moi commeça sérieux ? »


De SMASH envoyé à 21:35

« Allez, ça suffit. Oublie-moi,et oublie-nous tiens. Tu n'as pas besoin de ça. Et nous non plus. »


De ANDY envoyé à 21:36

« Ash, je ne comprends pas. »


De SMASH envoyé à 21:36

« Ça tombe bien, il n'a rien àcomprendre. Je te souhaite une bonne continuation. Ah non, en fait jem'en bas les couilles. »


Aujourd'hui.


Cela faisait en effet une semaine quej'avais rejoins Calum à l'aéroport, tel un film romantique qui setermine en drame et qui en ferait pleurer plus d'une. Il m'a faitpleurer aussi. Pas le film, Calum. Calum et Ashton. Et le nouveauAshton.

Après m'être empiffrée du paquet decéréales, j'effectuai mon ravalement de façade dans la salle debain, précédé d'une bonne et longue douche.

Non, je n'étais pas triste, j'étaisplus bas que terre. Mais je n'allais pas laisser Calum et Ashtoncontrôler mes émotions à distance, je devais me ressaisir.


J'allais rejoindre Dana dans sa chambrepour m'excuser de mon comportement quand je surpris une conversationau téléphone...

AmnesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant