Chapitre 1

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CHAPITRE 1 :

Je n'ai jamais aimé prendre le taxi. Que ce soit le chauffeur louche ou la voiture à travers laquelle nous sommes invisible.

L'homme qui nous conduisait à l'aéroport était chauve et portait de grosses lunettes noires. Il n'avait marmonné qu'un simple :  « Bjour » depuis le début du voyage.

Dana me pinça la cuisse, comme à son habitude. Je la regardai avec les gros yeux, mais elle commença à imiter notre chauffeur silencieusement... Évidemment je ne pus m’empêcher de rire, il n'est jamais possible de se retenir avec une folle comme elle.

Malgré nos dix-sept ans récents, notre vision de la vie reste trop unique pour paraître mature.

L'aéroport apparu à travers le pare-brise dégueulasse. J'attrapai la manche du pull de Dana et l'attirai afin de lui montrer naïvement le bâtiment.

Elle rit, puis sourit comme si elle regardait une petite fille s’enthousiasmer devant la nouvelle poupée Barbie... Sauf qu'ici c'est moi la gamine !

L'enregistrement de nos bagages, l'attente stressante de l’embarquement, puis enfin la montée dans l'avion.

Cela me rappelle quand j'étais plus petite, du temps où je devais prendre l'avion pour aller voir mon père qui habitait à l'autre bout de la France. Le bon vieux temps.

Je regardais patiemment le hublot, j'attendais de voir défiler le sol sous les roues de l'engin jusqu'à ne plus le voir du tout. J'attendais de ressentir la pression quand l'avion décolle.

En effet j'ai une étrange passion pour ça, pour ces sensations.

En tournant la tête, je découvris Dana, tremblante sur son siège. Je lui pris la main sur l'accoudoir que nous avions en commun. Elle tenta d'esquisser un sourire mais échoua dés que l'avion commença à rouler sur le tarmac. Elle s'agrippa à l'accoudoir et ferma les yeux. Je me dégoutte de l'avoir amenée ici, je me dégoutte de lui obliger vingt heures d'avion.

Je tachai de la rassurer du mieux que je peux en lui parlant et en lui prenant la main.

«-Je suis désolée... Ça va bien se passer t'inquiète pas Dana... ça va bien se passer... 

Je me découvre sans arrêt des facettes de ma personnalité que je ne connaissais qu'avec elle. En général, je laisse toujours les autres s'occuper des gens. J'aime pas faire ça. Je m'occupe de moi-même et ils n'ont qu'à faire comme moi et le monde ira bien. Mais pour Dana c'est différent, ce bout de femme, c'est une partie de moi. Alors regarder le hublot ou les stewards faire leur consignes de sécurité que je connais par cœur me paraît impossible.

Il décolle enfin, et je sentis les ongles de mon amie s'enfoncer dans la paume de ma main. Une larme se formait au coin de son œil. Une larme que je m'empressai de faire disparaître.

Au fur et à mesure du vol, elle se détendit.

D'un côté, je peux comprendre que ce qui lui faire peur c'est le changement, c'est la première qu'elle prend l'avion. La première fois qu'elle quitte notre petite capital parisienne tranquille. Tandis que moi, dés mon plus jeune âge, j'ai été trimballée un peu partout.

C'est comme ça, c'est tout.

Au bout d'une heure, elle s'autorisa de mettre un film sur les écrans de nos sièges. J'allumai mon iPhone pour écouter la playlist que j'avais préparé à l'avance.

De temps en temps, je regardais par le hublot. Parfois les nuages, parfois des paysages. Au dessus de quels pays sommes-nous ? Je garde mes questions pour moi. Juste le temps de fermer les yeux...

AmnesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant