♦ Chapitre 7 ♦ La Barrière

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J'ai parcouru la distance entre la roseraie et le manoir en un clin d'œil. Une énergie nouvelle me fit oublier les douleurs dans mes jambes dues à la matinée, et je suis montée comme une flèche m'enfermer dans ma chambre.

Sur mon passage, j'ai croisé Sophie et Méline en plein travail dans le salon - elles nettoyaient la bibliothèque. C'est à peine si je leur ai adressé la parole. J'ai également bousculé malencontreusement quelques domestiques dans le couloir, qui eurent droit à quelques brèves excuses, avant que je ne reprenne ma course frénétique, sous leurs yeux écarquillés.

Ce ne fût qu'après avoir refermé la porte de ma chambre que je me suis autorisée à souffler bruyamment.

Je me suis laissée tomber le long du bois lisse de la porte. Portant la main à mon cœur, j'ai remarqué qu'il battait toujours aussi vite. J'ai mis quelques minutes à en calmer les battements, inspirant et expirant lentement.

- Ace... Quel garçon étrange... Pourquoi me fait-il un tel effet ? ai-je murmuré.

Une attraction étrange s'était dégagée de son être, à partir du moment où nos regards s'étaient croisés. Mais le plus bouleversant restait tout de même la manière dont il avait disparu. Il n'avait fait aucun bruit. Et... ce liquide rouge au sol... ça ne pouvait être que du sang, j'en étais certaine.

Mais était-ce bien son sang ? Ou celui de quelqu'un d'autre ? Peut-être s'était-il blessé pendant son travail, en supposant qu'il était peut-être valet-jardinier, puisqu'il se trouvait dans la roseraie.

J'ai frissonné et secoué la tête, me forçant à penser à autre chose. Toute envie de sortie s'était totalement évaporée de mon esprit, et je préférais maintenant rester sagement à l'intérieur du manoir.

L'envie de lire m'avait elle aussi quittée, bizarrement. Une fois sûre d'être calmée, je partis en exploration dans le manoir.

~~

Je souhaitais m'entretenir avec mon oncle, mais je ne l'ai trouvé nulle part. Je suis donc redescendue rejoindre Sophie et Méline, qui s'affairaient toujours au nettoyage dans la salon.  

-   Tiens, salut Elisa ! m'a lancé Sophie en me voyant approcher, le sourire aux lèvres.

Je lui ai rendu son sourire avant de me tourner vers Méline.

-  Je peux vous aider ? demandais-je gentiment en m'approchant.

Méline m'a fait les yeux ronds en donnant un coup de plumeau sur un livre.

-   Vous ne pouvez pas Mademoiselle.

-   Pourquoi ? J'ai le droit de faire ce dont j'ai envie !

J'ai rapidement parcouru la bibliothèque des yeux.

-   Et puis, ça va vous prendre des heures ! Une personne ne serait pas de trop, vous ne croyez pas ?

Elle a secoué la tête, avant de ranger le livre à sa place et d'en prendre un autre, pour renouveler son action.

-   C'est notre travail, ne vous en faites pas pour nous.

"  Quelle obstinée. "

J'ai soupiré et je les ai observé pendant quelques minutes.

Il fallait que je parle à Sophie du valet, mais seule à seule.

Je me suis rageusement dirigée vers les canapés. J'ai ainsi passé environ une heure devant la télé, pour essayer de chasser mon ennui, qui commençait à pointer le bout de son nez.

Au moins, les émissions débiles diffusées à cette heure-ci eurent le don de me faire oublier Ace.

~~

Il était aux alentours de 14h lorsque je me suis enfin décidée à éteindre la télé. Sophie et Méline terminaient juste leur nettoyage.

-  Voulez-vous votre repas ? a demandé Méline en s'essuyant les mains - qui paraissaient pourtant propres - dans un chiffon.

J'ai acquiescé, car mon ventre avait commencé à gargouiller depuis déjà quelques minutes. J'ai donc pris mon repas seule à la grande table, à mon grand étonnement. Oscarveld ne s'était toujours pas montré.

Lorsqu'un des servants fit son entrée pour débarrasser, - il s'agissait du même homme à la moustache grise de la matinée - je me suis décidée à poser la question.

-  Excusez-moi, où se trouve mon oncle ?  

-   Il est partit en ville Mademoiselle, pour régler quelques affaires.

-   Oh, je vois.

Il s'apprêtait à partir, mais je l'ai arrêté d'un geste.

-   Quel est votre nom ?

-    Cédric, Mademoiselle.

Puis, il s'en fût en direction de la cuisine, en souriant.

J'ai soupiré de nouveau en me levant de table. Je me suis lentement dirigée vers la bibliothèque, maintenant luisante de propreté.

J'ai commencé à parcourir des yeux les ouvrages entreposés sur les étagères.

"  Que lit donc ce cher Oscarveld ? "

A mon grand désespoir, la plupart des livres faisaient partis de la littérature classique - chose dont j'avais absolument horreur. Puis, j'ai remarqué quelques livres un peu à l'écart des autres, totalement à gauche, à l'endroit même ou la bibliothèque rencontrait le mur.

Curieuse, je me suis approchée de ceux-ci. Ils avaient l'air encore plus anciens que les autres, de part leurs couvertures. Je les ai pris à tour de rôle de leur emplacement pour consulter le titre, qui ne figurait pas sur la tranche.

"  Mythes et Légendes du Moyen Age ", " Les Buveurs de Sang ", " Le Comte Dracula ", " Communauté des vampires ", " Habitats et Nourritures des buveurs de sang "...

"  Un grand fan de vampires à ce que je vois !  On va peut-être bien s'entendre lui et moi, finalement."

L'un des livres attira mon attention, pour je ne sais quelles raisons. Il s'intitulait : " Protections et Barrières anti-vampires ".

Le titre me fit rire, et j'ai entrepris de le feuilleter rapidement.

Sur les pages, il y avait des notes, des mots ou des consignes entourées partout, si bien que cela en devenait presque illisible. J'ai tout de même réussi à lire un semblant de phrase :

* Pour consolider votre barrière, laissez un espace important entre votre terrain et la zone infestée, d'au minimum 4m50. Disposez ensuite une rangée de piques en argent pour empêcher les agresseurs de pénétrer dans votre domaine. A moins d'être extrêmement puissants, ce qui est très rares, les créatures de la nuit buveuses de sang ne pourront pas la traverser, ni vous atteindre. *

"  Une barrière pour se protéger des vampires hein ? Quel type parano ferait ce genre de truc ! "

Néanmoins, les mots " espace ",  et " piques en argent " avaient été entouré en rouge. La valeur " 4m50 ", quant à elle, avait était simplement soulignée.

Instinctivement, j'ai levé les yeux vers la fenêtre et j'ai observé le jardin qui s'étendait jusqu'à la forêt. La limite décrite dans le livre était bien présente, visiblement par le changement de l'herbe, qui devenait plus haute subitement. Un point lumineux brillait dans l'herbe de temps en temps.

Les piques.

Je ne les avaient pas remarqué ce matin, lorsque j'avais regardé par la fenêtre en faisant la visite. Comment cela avait-il pu m'échapper ? Ils étaient extrêmement visibles.

Je suis restée bouche bée, et le livre m'a échappé des mains.

-  C'est quoi ce délire ?







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