♦ Chapitre 37 ♦ Sauvetage et Course Poursuite

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J'ai instinctivement fermé les yeux au son de l'arme.

Les crocs d'Ace furent immédiatement arrachés de ma chaire avec violence, accompagnés d'un gerbe de sang, et ses bras se dérobèrent sous moi. Ma tête ne tarda d'ailleurs pas à rencontrer le sol, dans une collision assez douloureuse. Je fus presque certaine de sentir du sang glissait dans mes cheveux. 

J'avais dépassé le stade de fatigue imaginable, mais mon corps s'activait pour me garder éveillée, comme pour me permettre d'assister à cette scène de sauvetage, tournant un peu à la barbarie.

De l'inquiétude s'immisça dans mes pensées; la question à se poser était évidente : qui avait été touché ?

Des bruits de pas s'activèrent autour de moi et des éclats de voix bourdonnèrent à mes oreilles, alors que je restais étendue sur la terre, flasque et sans énergie, restant simplement consciente.

De nouveaux bras, plus délicats et moi musclés que ceux d'Ace, m'ont soulevé une nouvelle fois du sol. Mon "porteur" a à peine prit le temps de m'installer dans ses bras, et s'est immédiatement mit à courir. J'ai ouvert les yeux en levant la tête, les bras pendant. 

Le menton parsemé de poils ras d'Oscarveld me surplombait.  Son visage était calme, bien qu'une once d'empressement était visible dans son regard.

 Une voix grave et enrouée ne cessait de hurler derrière nous. J'ai réussis à tourner la tête vers l'arrière pour tenter d'apercevoir quelque-chose de ce que j'avais raté. Un vampire aux longs cheveux blancs et aux yeux rouges, que j'identifiais immédiatement en tant que Sven, avait la main portée au côté droit - et non au côté gauche comme j'aurai pu l'espérer -, à l'endroit même ou une énorme brûlure était en train de se propager, à une vitesse phénoménale; c'était donc lui, la "victime".

A ces côtés se tenait Ace, qui tentait de le calmer et de le faire asseoir, non sans recevoir de bons coups d'ongles au passage.

" Il est sain et sauf... "

Je m'en suis voulu d'avoir eue une telle pensée, après ce qu'il m'avait fait.

Une petite troupe de vampires de sa colonie s'était également attroupée autour de lui. 

Lorsque je dirigeais mon regard vers le tronc où était censé reposer le corps meurtri d'Orion, celui-ci avait disparu; à son ancien emplacement, de longues traînées rouges décoraient le bois. Je ne tardais pas à le remarquer, perché très en hauteur dans les branches de ce même arbre, à l'abri de ses ennemis.

Il semblait encore mal en point, et son torse se soulevait avec difficulté. Son regard émeraude était plongé dans le mien, et je vis ses lèvres murmurer mon prénom.

J'avais apparemment déjà récupéré une partie de ma vue vampirique, étant donné que nous étions maintenant assez éloignés. Mon oncle ne perdait pas de temps, et continuait sa course sans un mot. Un puissant cri de Sven parvint jusqu'à nous, des plus menaçants :

- Tu me le paieras Oscarveld, je te le garantis !

Suite à son annonce, certains vampires entreprirent soudain de se lancer à notre poursuite.

- Ils... arrivent..., ai-je chuchoté, la gorge sèche, incapable de parler plus fort.

J'avais perdue beaucoup trop de sang d'un coup, et je savais que je n'allais pas tenir encore très longtemps éveillée.

- On y est presque ! a répondu mon oncle en serrant les dents, contractant ainsi les muscles de sa mâchoire.

J'ai tournée la tête dans la direction opposée, pour guetter l'apparition du manoir, qui pour le moment restait invisible. Jamais je n'avais été aussi pressée d'y retourner, et de retrouver ma chambre rose.

Au bout de quelques minutes de course acharnée, je finis par entrevoir le depuis de la barrière tout d'abord naturelle, séparant le jardin du manoir de la forêt. Les vampires derrière nous avaient gagné pas mal de terrain, et ne tarderaient pas à nous rattraper. Oscarveld faisait de son mieux pour garder une allure rapide et assurée, mais il n'avait plus l'âge de pratiquer de telles activités et sa respiration haletante témoignait de sa fatigue. D'autant qu'il avait un poids supplémentaire - soit moi, qui n'étais pas aussi légère qu'une plume.

Les branches craquaient sous ses pieds, et de grosses gouttes de sueur perlaient à ses tempes. Les créatures à notre poursuite poussaient de petits cris de victoire, persuadées de pouvoir nous rattraper avant que nous nous mettions à l'abri.

Pourtant, Oscarveld redoubla d'effort pour franchir les derniers mètres qui nous séparaient de la propriété en accélérant le rythme. Le manoir se découpait maintenant nettement dans le ciel ombragé. Nous avons fini par quitter les derniers grands arbres et émerger de la forêt : ce fut comme une libération pour moi. L'air devint vite moins suffocant, et tout mon être se détendit.

Mais nous n'étions pas encore tirés d'affaire.

La barrière de protection contre les vampires nous tendaient ses piques argentés, prête à nous accueillir. Les vampires n'avaient toujours pas renoncés, et doublèrent leur vitesse dans un ultime espoir de nous rattraper. Peine perdu : au moment ou l'un d'eux allait finalement se jeter sur mon oncle, celui-ci franchit la barrière au même instant. La créature se heurta avec violence à un champs de force invincible, et reçu une énorme décharge qui l'acheva sur le coup. Il s'écroula dans l'herbe, totalement calciné.

Ces camarades ne se tentèrent pas à l'expérience et restèrent en retrait, se contentant de nous lancer des regards mauvais accompagnés de menaces et d'insultes, avant de retourner au pas de course dans leur forêt - laissant derrière eux leur défunt compagnon.

Une petite secousse me secoua, lorsque je passais moi-même la barrière, comme en écho à ma moitié vampirique.

Oscarveld s'est enfin arrêté pour souffler.

Ni tenant plus, j'ai profité de cet instant parfait pour m'évanouir, l'esprit et l'âme en paix.





La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant