∞ Chapitre 6 ∞

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Durant de longues heures, deux pour être exact, Tini resta dans le parc, prostrée là où Peter l'avait laissée. Elle avait réellement du mal à réaliser qu'elle se retrouvait seule maintenant. Le vent soufflait vraiment plus fort, ce qui la fit sortir de ses pensées, eut un autre frisson et décida de rentrer à l'hôtel.
Elle souhaitait surtout ne pas croiser Jorge dans le hall et encore moins dans le couloir de leur étage. Elle regarda partout si elle le voyait. Par chance, il n'était pas là. Il était sept heures du soir, elle n'avait pas du tout faim donc préféra rentrer dans sa chambre pour ne plus en ressortir.
Jorge attendit huit heures pour aller frapper à la porte de la chambre de Tini mais n'eut pas de réponse. Il refrappa à trois reprises et n'eut pas le résultat escompté. Il pensa qu'elle avait besoin de se retrouver seule pour examiner la situation. Lui n'avait qu'un seul but, c'était d'être avec elle pour parcourir un long chemin ensemble. Qui sait ?

26 mars.

Le lendemain matin, Tini se réveilla avec les yeux rouges et boursouflés tellement elle avait pleuré. Les glandes lacrymales (glandes se trouvant dans les yeux qui fabriquent les larmes) étaient sèches car plus aucune larme ne coulait sur ses joues. Elle resta au lit une partie de la journée. Jorge frappa à plusieurs reprises dans la journée mais elle ne voulait pas lui ouvrir. Elle ne souhaitait plus le voir car en le voyant, elle se remémorait qu'elle avait trompé son petit ami avec ce garçon et elle était honteuse de l'avoir fait. Elle ne pourrait plus se regarder dans une glace et encore moins le croiser dans la rue, un couloir ou un autre lieu dans lequel ils pourraient aller tous les deux chacun de leur côté. Elle resta cloîtrée dans sa chambre, sans en sortir de la journée. Elle ne se doucha même pas tellement elle n'avait plus cette joie de vivre. Elle était complètement anéantie, elle broyait du noir.
Il réessaya le vendredi matin de frapper à sa porte et elle ne lui ouvrit toujours pas. Il commençait à s'inquiéter. Il se demanda si elle était partie donc pour en avoir le cœur net, il se rendit à la réception pour savoir. Ils l'informèrent qu'elle n'avait pas bougé de sa chambre depuis deux jours maintenant et qu'elle refusait qu'une femme de ménage vienne dans sa chambre pour la nettoyer. Jorge eut une idée et remonta au deuxième étage. Il frappa encore une fois à la porte et dit en levant la voix :
- Tini ? Je sais que tu es là. C'est la réception qui me l'a dit, je me fais du souci pour toi, tu ne veux plus m'ouvrir ta porte, tu refuses tous mes appels... Qu'est-ce que je t'ai fait ?
- Laisse-moi tranquille, Jorge ! Je ne veux plus jamais te voir ! lui annonça-t-elle.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu me reproches ?
- Tout ! Nos chemins n'auraient jamais dû se croiser. Tu serais encore avec ta copine et moi avec Peter ! Je me sens honteuse d'avoir trompé l'homme que j'aimais !
- Mais Tini... Nos destins sont liés et ça, nous ne pouvons rien y changer ! Tu le sais que ce que je dis est vrai... S'il te plaît, ouvre-moi la porte et on en discutera.
- Non ! Laisse-moi seule ! Je veux rester seule, ce n'est pas difficile à comprendre !
- Très bien, Tini ! Je te laisse tranquille mais si tu veux parler ou quoi que ce soit, tu sais où est ma porte.
Elle ne lui répondit rien. Il s'en alla, extrêmement déçu de ne pas pouvoir la voir, la toucher ni même l'embrasser.
Jorge alla se promener en ville pour se changer les idées. Tini réussit à prendre une douche, s'habilla, enfila ses chaussures, prit son sac et sortit tout de même de sa chambre après deux jours d'enfermement. Quand elle arriva à l'accueil, elle constata que la clé de Jorge se trouvait sur le panneau derrière le réceptionniste et supposa qu'il était certainement parti. Elle souffla un peu, sortit du bâtiment, et prit la direction du parc. Elle s'assit sur un banc, éloigné des autres et resta un long moment à cet endroit. Dès qu'elle vit Jorge arriver vers elle, elle se leva d'un bond et partit à l'opposé. Il la vit et lui courut après. Elle se mit à courir, il la suivit et la rattrapa très vite car il avait une bonne voire une excellente foulée. Il lui attrapa le bras, la retourna pour qu'elle soit face à lui.
- Tini ? Qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi tu m'évites ? demanda-t-il, incompréhensif.
- Tu devrais le savoir ! Je te l'ai dit il y a quelques heures, tu as déjà oublié ?
- Mais pourquoi me fuis-tu ? Maintenant que nous sommes libres tous les deux, nous pouvons vivre notre amour au grand jour ! annonça-t-il avec un grand sourire.
- Je ne peux pas ! lui dit-elle avec des larmes dans les yeux.
- Mais pourquoi ? Tu m'aimes ! Je t'aime ! La vie est belle ! Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
- Je t'aime, oui ! Mais notre amour est impossible, Jorge !
- Pour quelle raison ? demanda-t-il, interrogatif.
- Tu me demandes pourquoi ? Je vais te le dire une bonne fois pour toutes ! Je me sens honteuse, je suis mal dans ma peau maintenant pour la toute bonne raison est que j'ai trompé Peter qui était mon petit ami.
- Oui ! Mais tu m'as moi, maintenant ! Et je te jure que je ne veux que ton bonheur !
- Alors, si tu veux que mon bonheur, laisse-moi tranquille et ne cherche pas à me revoir ! Adieu, Jorge !
Elle ne le laissa pas parler qu'elle s'en alla en courant à toute jambe.
- Ah ça non ! Je ne pourrais pas vivre sans toi, Tini ! Je t'aime trop pour te laisser partir. Je vais tout faire pour te persuader du contraire. Ça mettra le temps qu'il faut, mais j'arriverai à te faire changer d'avis, dit-il en se parlant à lui tout seul.
Tout d'un coup, des paroles lui vinrent brusquement en tête et commença à les chanter à cappella :

TE ESPERARE
JE T'ATTENDRAI

Por tu amor yo renací,
Ton amour m'a fait renaître
Eres todo para mí
Tu es tout pour moi
Hace frio y no te tengo
J'ai froid et tu n'es pas là
Y el cielo se ha vuelto gris
Et le ciel s'est assombri

Puedo pasar mil años
Je pourrais passer mille ans
Soñando que vienes a mí
A rêver que tu me reviennes
Porque esta vida no es vida sin ti
Car cette vie n'en vaut pas la peine sans toi
Te esperaré porque a vivir tú me enseñaste
Je t'attendrai parce que tu m'as appris à vivre
Te seguiré
Je te suivrai
Porque mi mundo quiero darte
Mon monde je veux faire le tien
Hasta que vuelvas, te esperaré
Jusqu'à ce que tu reviennes, je t'attendrai
Y haré lo que sea por volverte a ver
Je ferai tout pour te revoir

Mmmmm

Quiero entrar en tu silencio
Je veux entrer dans ton silence
Y el tiempo detener
Et avoir le temps
Navegar entre tus besos
De naviguer entre tes baisers
Y junto a ti crecer...
Et grandir avec toi

Puedo pasar mil años
Je pourrais passer mille ans
Soñando que vienes a mí
A rêver que tu me reviennes
Porque esta vida no es vida sin ti
Car cette vie n'en vaut pas la peine sans toi
Te esperaré porque a vivir tú me enseñaste
Je t'attendrai parce que tu m'as appris à vivre
Te seguiré
Je te suivrai
Porque mi mundo quiero darte
Mon monde je veux faire le tien
Hasta que vuelvas, te esperaré
Jusqu'à ce que tu reviennes, je t'attendrai
Y haré lo que sea por volverte a ver
Je ferai tout pour te revoir

Te esperaré aunqué la espera sea un invierno
Je vais encore t'attendre un hiver
Te seguiré aunqué el camino sea eterno
Je te suivrai même si la route est éternelle
Mi corazón no te puede olvidar
Mon coeur ne peut pas t'oublier
Y haré lo que sea
Je ferais n'importe quoi
Por volverte amar
Pour te retrouver mon amour
Y haré lo que sea
Je ferais n'importe quoi
Por volverte amar
Pour te retrouver mon amour

Quand il eut fini de chanter, il rentra urgemment à l'hôtel, se précipita dans sa chambre afin d'écrire toutes les paroles avant qu'il ne les oublie. Quand il eut terminé de les écrire, il prit sa guitare et essaya de trouver l'air. Il mit en tout et pour une bonne heure pour trouver la musique. Lorsque tout fut trouvé, il se mit à jouer à la guitare. Tini rentrait à ce moment-là et trouva la chanson magnifique. Dans le couloir qui menait aux nombreuses chambres, elle écouta les paroles et comprit que la chanson lui était destinée.
"Non, Tini ! Tu ne dois pas craquer, tu lui as certifié que votre amour était impossible donc ne change pas d'avis deux heures plus tard," se dit-elle en son for intérieur.
Elle pénétra dans sa chambre puis c'est deux heures plus tard, que quelqu'un frappa à la porte.
- Jorge ! Qu'est-ce que je t'ai dit ? Nous deux, c'est impossible donc fiche-moi la paix !
- Mademoiselle ! C'est le service d'étage, un colis est arrivé pour vous et j'ai eu l'ordre de vous le remettre en mains propres.
- Ah ! Très bien, j'arrive !
Elle ouvrit et constata un gigantesque bouquet de fleurs toutes aussi belles les unes que les autres. Elle eut des difficultés pour voir le garçon d'étage.
Elle le prit, paya le garçon et s'enferma dans sa chambre. Elle chercha s'il y avait un petit mot et le trouva bien caché.
"A la plus belle femme du monde pour qui mon cœur bat la chamade dès que je pense à elle..."
Signé : Jorge


Elle était à la foi touchée par ce geste romantique mais de l'autre, elle était exaspérée qu'il ne comprenne pas ce qu'elle lui avait dit. Elle prit son courage à deux mains et frappa à sa porte. Il ouvrit très rapidement.
- Tini ? Salut ! Comment vas-tu ?
- Bien il y a encore cinq minutes mais mal quand le garçon d'étage m'a livré cet énorme bouquet de fleurs. Tu peux te les garder, je n'en veux pas !
- Mais Tini ? Tu ne peux pas faire une croix sur notre amour, sur ce que l'on ressent l'un pour l'autre.
- Si je le peux ! Et toi aussi !
- Ah ça non ! hurla-t-il. Je ne LE PEUX pas ! dit-il en insistant bien sur certains mots.
- Et pourquoi ça ?
- Pourquoi ça ? répéta-t-il. Eh ben ! Tout simplement parce que je t'aime et que tu es la femme de ma vie ! lui annonça-t-il en espérant que ça la touche.
Malheureusement, ce fut tout le contraire qui se produisit.
- Comment ça, la femme de ta vie ? demanda-t-elle, curieuse et surprise. Ça ne fait que cinq jours que l'on se connaît et pour toi, ça te suffit ? Tu penses que je suis la femme de ta vie ?
- Oui, car avec la nuit de folie qu'on a passée, jamais, tu m'entends, jamais je ne l'oublierai ! J'ai eu l'impression de revivre, de renaître de mes cendres comme un Phœnix renaît au soleil.
Tini fut légèrement troublée par ce que venait de lui avouer Jorge mais reprit ses esprits et lui lança :
- Jorge ! Je te demande de m'oublier, c'est même un ordre ! Et de toute façon, j'ai décidé que demain serait mon dernier jour à Genève. Je rentre à Buenos Aires après-demain ! Et je ne veux plus que tu me cherches ou quoi que ce soit, c'est bien compris ?
Il ne répondit pas, ne faisait que la regarder. Même en colère, les yeux boursouflés par les larmes, il la trouvait belle... non pas belle... divine !
Elle fit demi-tour et retourna dans sa chambre. Il referma la porte puis réfléchit encore à quelque chose.
Chacun s'endormit tard car tous deux pensaient de trop. Tini fut émue par les paroles que Jorge lui avait dites mais se ressaisit et évita d'y penser.
Le lendemain matin, Jorge se leva à l'aube pour faire ce qu'il avait prévu. Au lever du jour, il prit sa douche, s'habilla et alla déjeuner au restaurant de l'hôtel. Il ne mit que trente minutes pour manger quelques tartines, boire son café et un verre de jus de fruit. Il remonta dans sa chambre, prépara ses affaires dont sa guitare et partit.
Tini, quant à elle, se leva très tard, prit sa douche puis s'habilla. Elle rangea un peu ses affaires car ces deux derniers jours ont été assez éprouvants et comme elle avait refusé qu'une femme de ménage vienne le faire dans sa chambre, elle leur devait bien ça. Quand elle était en plein rangement, on frappa à la porte. Elle alla ouvrir et si c'était Jorge, elle le recevrait comme il le mérite.
- J'arrive ! Un instant, s'il vous plaît !
Elle finissait de ranger un peu et alla ouvrir la porte.
- Mademoiselle Stoessel ?
- Oui, c'est moi ! dit-elle, surprise.
- Tenez, c'est pour vous !
Il lui tendit à nouveau, le plus gigantesque bouquet de fleurs qui existe. Elle trouva rapidement la petite carte et lut :
"Tini, la plus belle perle qui hante mes jours et mes nuits.
Je viens vers toi, par le biais de ce modeste bouquet de fleurs pour te dire tout l'amour que j'ai pour toi. Je veux entrer dans ton silence, Et avoir le temps, De naviguer entre tes baisers, Et grandir avec toi, Je pourrais passer mille ans, A rêver que tu me reviennes, Car cette vie n'en vaut pas la peine sans toi, Je t'attendrai parce que tu m'as appris à vivre, Je te suivrai, De mon monde je veux faire le tien, Jusqu'à ce que tu reviennes, je t'attendrai, Je ferai tout pour te revoir, et que mon cœur ne peut pas t'oublier, Je ferais n'importe quoi, Pour te retrouver mon amour, Je ferais n'importe quoi, Pour te retrouver mon amour."
Signé : Jorge


- Mais... Ces phrases ? Je les ai déjà entendues quelque part ! Mais où ça ? se demanda-t-elle.
Elle alla frapper à la chambre 20 mais personne ne lui répondit. Elle décida de mettre malgré tout, ce somptueux bouquet dans un grand vase que la réception de l'hôtel lui avait procuré au moment de la livraison des fleurs.
Pendant ce temps-là, Jorge s'était rendu dans le parc car c'était une très belle journée ensoleillée, avec aucune brise, rien que les rayons du soleil qui réchauffait l'air. Il faisait déjà presque vingt-neuf degrés à l'ombre. Il se mit sous d'immenses marronniers, sous lesquels un banc était libre. C'était bien rare en cette merveilleuse journée car les bancs du parc étaient tous pris d'assaut. Il vérifia qu'il avait tout et resta un moment à observer les adultes, les enfants, les chiens et même les oiseaux qui gazouillaient à tue-tête, d'autres s'envolaient car ils prirent peur par des enfants qui criaient, qui jouaient et qui couraient.

A suivre...


Un anniversaire inoubliable ♥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant