Adoptée et maltraitée [Terminé]

Chapitre XIV

    Lorsque je reviens, la tête de Chris est adossée sur le matelas à côté de lui. Il semble évanoui.

- Chris ? Il faut rester éveillé, c'est important.

    Je tapote sa joue pour qu'il se réveille. Puis je lui donne son pain, qu'il mange avec un faible appétit. En regardant l'heure, je constate qu'il sera bientôt 14 heures. Le temps va commencer à presser parce que Ben rentre souvent vers 14 heures 30 pour surveiller la maison. J'attends quand même qu'il finisse de manger - en lui faisant signe d'un peu accélérer - avant de le soumettre à mon interrogatoire.

-  Alors ?

    Je lui demande lorsqu'il a fini. Je le brusque peut-être un peu, mais c'est nécessaire. Il faut être rapide. Et je crois qu'il a compris ça.

- Le jour où tu es arrivée, je n'étais pas dans chambre comme j'étais censé l'être. Commence-t-il. Il parle avec difficulté, mais je l'encourage à continuer: J'ai vu un petit garçon avec toi, il avait à peu près mon âge.

-  Yann. Il s'appelle Yann. C'est mon petit frère.

- Eh bien je l'ai vu sortir de la maison avec Ben au moment où toi tu montais à l'étage. Je ne sais pas si ça a un rapport, mais il y avait un chien ici avant, mais sa niche n'était pas dans la cour, elle était hors de la maison. Je ne dis pas que c'est là que Ben l'a emmené, je ne fais que dire ce dont je me souviens.

    Mon corps tremble au fur et à mesure que l'histoire avance. Il ne peut pas avoir mis mon frère dans une niche non ? Une maison pour chien !

- Et... Est-ce que tu sais où se trouve cette niche ?

    Je fais de mon mieux pour contrôler ma voix. Il me faut donner le maximum de courage à Chris. Il est quand même en train de risquer sa vie. Je suis sûre que Ben pourrait le tuer sans remords. Rien que le fait d'y penser me fait parcourir le corps de mille frissons d'horreurs.

Il hoche la tête.

- Je l'ai vu une seule fois, mais c'était il y a longtemps. Je sais pas si je serais capable de me retrouver.

    Je me demande depuis combien de temps il est ici. Et quel rôle il joue dans cette maison. Et pourquoi est-ce que Ben le garde depuis ci longtemps. Mais pour l'instant je préfère me concentrer sur ce qui me concerne.

- Il est loin, cet endroit ?

- Pas trop. À environ 10 minutes d'ici en marchant.

    Donc en courant on peut faire la moitié du temps.

- OK merci. Maintenant je vais partir, et je vais devoir te rattacher. Mais je reviendrai te chercher. Il faut juste que j'organise mes idées. D'accord ?

- Tu... Tu ne lui diras rien hein ?

Le pauvre. Il est terrifié.

- Bien sûr que je ne lui dirai rien. Tu peux me faire confiance. Je ne le laisserai plus te faire du mal.

    Je caresse ses cheveux tout en lui parlant. Il faut vraiment qu'on sorte d'ici. Je lui dit encore des paroles rassurantes et attache ses liens. Je vérifie que tout est comme quand je suis entrée avant de m'en aller.

    Nous sommes déjà le soir et Ben n'est toujours pas passé. Je regrette de n'être pas restée plus longtemps avec Chris, j'aurais pu avoir plus d'informations. J'ai passé toute la journée à réfléchir à si je devais y retourner ou non. Finalement j'aurais dû. Maintenant il est trop tard, Ben sera bientôt là. Mais je me pose des questions: si Chris doit me montrer cette niche il faut d'abord que je puisse le rejoindre encore une fois. Si tout à l'heure sa chambre n'était pas verrouillée ça doit être que Ben avait oublié de le faire. Parce que je suis déjà passée devant cette porte plusieurs fois, mais elle était toujours fermée à clé. J'ose espérer que Ben l'oubliera toujours, comme ça je pourrais y aller quand bon me semble. Cette journée a été longue et fatiguante. Je vais m'assoupir un peu, le temps pour la maison de reprendre vie avec l'arrivée de ses habitants.

    Je suis brutalement arrachée à mon sommeil par un manque d'air. Un manque fulgurant et étouffant. Mon souffle devient de plus en plus court. Je n'arrive plus à respirer, des mains dominatrices ont pris possession de mon cou. J'ai beau essayer de crier, de bouger mon corps, de réagir hysteriquement, je n'arrive pas à me défaire de cette emprise. Malgré tous mes efforts mes faibles doigts n'y peuvent rien, quelqu'un est en train de m'étrangler.

Suspense...
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